par RFI
Article publié le 20/10/2007 Dernière mise à jour le 20/10/2007 à 04:20 TU
Un mois après l'arrestation de Moussa kaka, Maître Moussa Coulibaly a déposé une deuxième requête auprès du juge.
Au tout début de l'incarcération de Moussa, il avait déposé une demande de non-lieu, fondée sur l'absence d'éléments matériels de l'infraction, les prétendues preuves n'étant pas dans le dossier de la procédure.
Il lui a été répondu sur un autre sujet, sur une demande de remise en liberté provisoire qu'il n'avait pas faite.
Maître Coulibaly a donc déposé une deuxième requête beaucoup plus explicite, demandant la production des bandes magnétiques qui incriminent Moussa Kaka. A défaut, il demande à la juridiction d'instruction de tirer la conséquence de droit, qui est « en l'absence d'éléments matériels de l'infraction », de prononcer un non-lieu.
«Les bandes magnétiques (qui seraient la preuve matérielle d’une infraction de Moussa Kaka) ne sont toujours pas produites. »
Un autre journaliste est aussi actuellement dans les geôles nigériennes : Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Info a lui été arrêté il y a 11 jours.
Ces deux cas suscitent l'inquiétude des organisations de défense de la presse et des droits de l'homme. L'organisation non gouvernementale Reporters sans frontières, parmi beaucoup d'autres (voir toutes les contributions : http://www.rfi.fr/actufr/articles/093/article_56975.asp), appelle aujourd'hui le président Tandja à cesser de traiter les journalistes en ennemis.
«Le président Tanja devrait comprendre que mettre des journalistes en prison, les accabler ne fait que radicaliser les positions des uns et des autres. Le lien de confiance est rompu… »
Le Comité pour la Protection des Journalistes s'indigne aussi de l'attitude des autorités nigériennes, et exige de savoir quelles preuves il a contre Moussa Kaka. Il estime aussi qu'on ne peut pas reprocher à Ibrahim Manzo Diallo ses éventuelles collaborations avec des médias internationaux.
«Le CPJ voudrait voir avec les gouvernements comment garantir la liberté des journalistes, pour qu’ils n’aient plus peur de faire leur travail. »
Qu'est-ce qui peut aider ces journalistes emprisonnés, quand les intérèts politiques l'emportent sur le droit ? En novembre 2005, suite à des élections qui tournèrent à l'émeute à l'annonce des résultats, une centaine de personnes furent arrêtées en Ethiopie, dont de nombreux membres de l'opposition et d'ONG, et de journalistes. L'un d'eux était Dawit Kebede, libéré en juillet dernier après avoir été gracié par le gouvernement. Il a passé 21 mois en prison.
«Nous avons passé 1an et 9 mois en prison pour la liberté d’expression... Les démonstrations de soutien, les manifestations nous ont bien aidés, comme vos reportages. Plus que tout, cette mobilisation est nécessaire. »
Le terriblement dangereux métier de journaliste en Somalie.
Vendredi soir, Bashir Nour Gedi, le directeur du groupe de presse Shabelle a été assassiné à Mogadiscio par des inconnus, abattu de plusieurs balles à son domicile d'Hamar Jadid, un quartier du sud de Mogadiscio.
Selon son épouse, dont les propos sont rapportés par le site internet de Shabelle, il est encore impossible de se prononcer sur les raisons de cet assassinat ou sur l'identité des tueurs mais il apparait clair que ce meurtre a été planifié.
Il est vrai que depuis plusieurs mois, les journalistes somaliens en général et ceux de Shabelle en particulier vivent sous la menace constante des différents groupes armés. Le 18 septembre dernier, les bâtiments de Shabelle avaient été encerclés puis mitraillés par des membres des services de sécurité du gouvernement de transition. Une semaine plus tard, c'est le directeur adjoint de la section radio de ce groupe de presse qui avait été victime d'une tentative de meurtre.
Après les assassinats en août de 2 journalistes d'Horn Afrik, un autre groupe de presse basé à Mogadiscio, ce nouveau crime devrait inciter encore un peu plus les journalistes somaliens à fuir le pays.
Aussitôt connue la mort de Bashir Nour Gedi, Radio Shabelle s'est mise en deuil et a suspendu ses programmes pour diffuser des versets du coran afin d'accompagner son directeur vers sa dernière demeure.
Shabelle, c'est un site internet mais aussi une radio partenaire de RFI très écoutée en Somalie. Depuis le début de l'année, 8 journalistes ont été tués dans ce pays.