Article publié le 24/10/2007 Dernière mise à jour le 24/10/2007 à 10:55 TU
Agenda 21
L’Agenda 21 est un programme global d’action pour le XXIe siècle qui a été adopté lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (Rio de Janeiro, 1992). En pratique, ce volumineux document, divisé en 21 chapitres, comporte 2500 « recommandations pour le XXIe siècle ». Ce programme embrasse tous les domaines de l’activité humaine ayant un impact sur l’environnement. Il s’adresse aux institutions du développement, aux gouvernements, aux collectivités territoriales et à la société civile.
Afin d’assurer sa mise en œuvre, les Nations unies ont mis en place une Commission du développement durable, qui s’est réunie à New York pour la quatorzième fois début mai 2006. Ne disposant d’aucun pouvoir de contrainte, elle formule des recommandations sur la base des rapports remis par les Etats. En France, plus de 200 démarches « Agenda 21 » locales et régionales sont recensées.
Agriculture intensive/extensive
Est intensive une agriculture qui cherche à maximiser les rendements par hectare cultivé ou les chargements en bétail par hectare exploité, tout en utilisant le moins d’espace possible. Symbole de la « révolution verte » censée assurer une sécurité alimentaire mondiale, elle a abouti au remplacement des techniques traditionnelles par des agro-systèmes mécanisés grands consommateurs d’eau et d’intrants chimiques. Cette agriculture qui s’est particulièrement développée en Europe à partir des années soixante a commencé à faire l’objet d’une remise en cause au début des années quatre-vingt-dix. Elle a en effet de graves répercussions sur l’environnement, l’utilisation massive d’engrais entraînant une pollution des eaux et des sols.
Est extensive une agriculture caractérisée par de faibles rendements par hectare cultivé ou de faibles charges en bétail par hectare pâturé tout en utilisant beaucoup d’espace.
La distinction agriculture intensive/extensive a perdu une part de sa pertinence en Europe et en France, au profit d’une réflexion sur l’agriculture raisonnée. En revanche, elle reste pertinente pour les exploitations en milieu tropical. Pour surmonter les crises agraires majeures, l’intensification de la production reste nécessaire mais il doit s’agir d’une « intensification écologique ». Autrement dit, soutenir la productivité du milieu sans tomber dans les travers du productivisme.
Agro-écologie
Souhaitant mettre l’écosystème au service des cultures, l’agro-écologie fait appel à des techniques qui visent simultanément à protéger le sol en limitant l’érosion, à améliorer la fertilité des terres pour accroître les rendements et leur régularité tout en économisant les coûts d’intrants chimiques.
Les premiers travaux sur l’agro-écologie apparaissent en Amérique du Nord et en Australie dans les années quatre-vingt. Elle se développe et acquiert ensuite une dimension plus environnementale au Brésil. Les pratiques agro-écologiques privilégient : une fertilisation organique (engrais vert et compostage), des traitements phytosanitaires aussi naturels que possible, le choix des variétés végétales les mieux adaptées, une irrigation raisonnable, des travaux anti-érosifs de surface avec le maintien d’un couvert végétal, la constitution de haies vives, le reboisement et la réhabilitation des savoir-faire traditionnels.
Il existe pourtant certains inconvénients : d’une part les techniques agro-écologiques ne sont pas praticables sans herbicides et amènent parfois à l’utilisation d’espèces végétales génétiquement modifiées (résistante aux herbicides), d’autre part certaines plantes introduites se sont parfois révélées invasives. Plus généralement, une certaine indétermination demeure notamment quant au bilan carbone, c’est-à-dire à la réelle capacité des parcelles cultivées par des techniques agro-écologiques de fixer davantage de carbone. Au total, l’agro-écologie ne saurait être présentée comme « une solution miracle » mais comme un outil prometteur.
Appauvrissement des sols
Le sol est une matière vivante complexe qui abrite 80 % de la biomasse vivante de la planète. La terre abrite un monde microbien qui permet, au terme d’une relation chimico-physique complexe, de nourrir les plantes. Lorsque le sol est mal géré, sa structure est bouleversée et il a tendance à se compacter et se refermer. L’eau de pluie ne peut pénétrer un sol fermé, et ruisselle alors en provoquant de l’érosion et des inondations.
Les travaux de l’agronome Claude Bourguignon, spécialiste de la microbiologie des sols, montrent que l’appauvrissement des sols se traduit par leur mort biologique, c’est-à-dire par une baisse de la matière organique, par une disparition de la microflore et de la microfaune. L’agriculture intensive en est la principale responsable. L’utilisation massive d’intrants chimiques (pesticides, produits phytosanitaires, fongiques d’engrais) contribue à détruire la vie microbienne. Ne trouvant plus suffisamment d’éléments pour se nourrir, les plantes sont carencées et tombent malades.
Bassin versant ou hydrographique
C’est un espace géographique drainé par un cours d’eau et ses affluents, et délimité par une ligne de crête le séparant des bassins adjacents. Il constitue une surface réceptrice des précipitations qui seront évacuées vers l’océan (fleuves) ou vers un lieu de concentration du drainage intérieur (bassins fermés, lacs ou cours d’eau supérieurs). Des zones tropicales aux zones froides en passant par les zones arides ou tempérées, les bassins versants présentent des situations contrastées et des caractéristiques particulières. Chacun constitue néanmoins une ressource hydrique capitale pour les habitants qui vivent à proximité et représentent un enjeu fondamental pour l’équilibre écologique de la planète.
Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCDD)
C’est la moins médiatique des conventions internationales conclues dans le sillage du Sommet de la terre de Rio. Signée à Paris le 14 octobre 1994, elle est entrée en vigueur en janvier 1997 et concerne à présent 191 Etats parties. Cette Convention institue le premier cadre juridique global et cohérent pour lutter contre l’avancée des déserts sur tous les continents. Son long préambule rappelle notamment les liens entre désertification et sous-développement. La Convention précise que la lutte contre la désertification passe par la mise en œuvre d’une coopération multiforme entre tous les Etats ainsi qu’à l’échelon intérieur entre les pouvoirs publics et la société civile.
Malgré un solide ancrage dans le droit international de l’environnement (références aux principes de prévention, de précaution et d’équité inter-générations notamment), ses rédacteurs ont insuffisamment insisté sur les liens l’unissant aux autres conventions conclues lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Pourtant les phénomènes de changement climatique, de perte de la biodiversité et de désertification sont étroitement liés. L’application de la Convention est très lente et les résultats décevants, tant peu d’effets sont visibles sur le terrain.
Le financement des activités demeure un problème épineux. Les pays développés et le groupe des 77 (pays pauvres) s’étaient opposés dès l’origine sur la question de la mise en place d’un fonds global de lutte contre la désertification, les premiers y étant hostiles et les seconds favorables. Il n’a pas été créé. C’est encore sur cette question de l’augmentation du budget que les négociations ont achoppé lors de la 8e Conférence des parties de Madrid, du 3 au 14 septembre 2007. En dépit de leur volonté manifeste d’adopter une démarche plus pragmatique, notamment par l’élaboration d’un plan stratégique, les Etats ne sont pas parvenus à relancer cette Convention.
Désertification
La désertification correspond à une perte substantielle de terres arables et des espèces végétales dans les écosystèmes arides, semi-arides et subhumides secs. Elle ne doit pas être assimilée aux phénomènes naturels comme l’avancée des déserts de sable ou la sécheresse d’origine climatique. Il s’agit d’un processus complexe que l’homme accélère en exerçant une forte pression sur les ressources en eau (irrigation incontrôlée aboutissant à l’assèchement de cours d’eau ou de lacs) mais surtout en utilisant des techniques agraires inadaptées (cultures intensives, surpâturage, culture sur brûlis, déforestation) qui favorisent l’érosion. A terme, cette détérioration des terres engendre la disparition d’écosystèmes et une perte de la biodiversité qui menace l’humanité toute entière.
Les premières recommandations ont été publiées à l’occasion de la conférence de Nairobi en 1977. Elle a été l’un des principaux points à l’ordre du jour du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Les Nations unies ont même consacré « 2006, année internationale des déserts et de la désertification ». Pourtant, la situation n’a pas évolué et le constat reste alarmant : près de 40 % des terres de la planète et près de 70 % de toutes les terres arides sont menacées par ce fléau. L’Europe, l’Inde, le Proche-Orient, la Mongolie, la Chine sont touchés, mais elle affecte encore plus durement le continent africain. Selon le Programme des nations unies pour l’environnement, le phénomène frappe environ 40 % du continent et atteint près de 485 millions d’Africains. Plus de 2 millions d’hectares des hautes terres éthiopiennes sont irrémédiablement dégradés. Les trois quarts du Kenya sont arides ou semi-arides, et la Mauritanie est à plus de 90 % hyper aride. Mais les pays les plus touchés restent sans doute, sur la frange soudano-sahélienne, le Mali, le Niger et le Soudan.
La désertification est à la fois cause et conséquence de la pauvreté. En s’intensifiant, elle fait peser de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire mondiale et génère des flux migratoires importants.
Gestion participative
Il s’agit d’un partenariat dans lequel les institutions gouvernementales, les communautés locales, les utilisateurs des ressources, les ONG et autres parties prenantes se mettent d’accord sur la responsabilité, l’autorité, les droits et devoirs attribués à chacun pour la gestion d’une zone spécifique ou de certaines ressources. Ce concept de participation s’est développé à partir des années quatre-vingt-dix dans le domaine du développement et surtout de l’environnement. Il a été consacré par le Principe 10 de la Déclaration de Rio.
Le degré de participation varie de la simple information en passant par la consultation, la recherche d’un consensus ou l’association à la prise de décision. De même, les procédures sont diverses : négociations, développement d’accords spécifiques, partage du pouvoir et des responsabilités de façon formelle, transfert des pouvoirs et des responsabilités. Cette gestion participative apparaît comme un facteur primordial de la bonne mise en œuvre d’un projet et s’inscrit donc dans le cadre du développement durable.
Son principe figure aussi dans la Convention d’Aarhus du 25 juin 1998, qui stipule notamment que « le public doit avoir connaissance des procédures de participation au processus décisionnel en matière d’environnement, y avoir librement accès et savoir comment les utiliser ».
Insécurité foncière
L’insécurité foncière est la situation de précarité dans laquelle se trouve le cultivateur quand il exploite des terres sans détenir de titres fonciers sur celles-ci. C’est souvent le cas en Afrique ou à Madagascar. L’insécurité foncière est une source de troubles intérieurs puisque des revendications concurrentes sur une même terre engendrent des conflits. Mais l’insécurité foncière bloque aussi le processus d’intensification de l’agriculture. Sans l’assurance de pouvoir conserver sa terre, aucun paysan n’investira son temps et son argent pour la cultiver. A terme, l’insécurité foncière augmente donc l’insécurité alimentaire.
Pollution
La pollution consiste en une dégradation du milieu naturel, à court ou à long terme, réversible ou non. La pollution affecte l’air, l’eau et la terre. Les causes sont multiples : les rejets des activités industrielles, l’agriculture intensive, le phénomène de concentration urbaine allié à de mauvais systèmes d’assainissement urbain ou d’épuration.
Au niveau agricole, l’utilisation de pesticides a des conséquences graves sur la faune et la flore. Les pesticides éliminent non seulement les parasites qui menacent la plante mais aussi les microbes du sol qui jouent un rôle fondamental dans la fertilité de la terre. La pollution de la terre entraîne également une pollution des eaux du littoral, de la nappe phréatique ou des cours d’eau.
En France, notamment, l’élevage (épandage massif de lisier) comme l’agriculture intensifs ont contribué à diffuser dans les nappes sous-terraines les substances chimiques contenues dans les engrais (nitrates/phosphates). A terme, la pollution de l’eau par l’azote et les phosphates engendre une eutrophisation des cours d’eau, c’est-à-dire leur colonisation par des algues vertes proliférantes qui étouffent l’écosystème.
Sécurité alimentaire
Situation dans laquelle toutes les personnes ont, à tout moment, accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive pour couvrir les besoins alimentaires et les préférences alimentaires leur permettant de mener une vie saine et active, selon la Déclaration de Rome adoptée lors du Sommet mondial sur l’alimentation, en 1996. Elle possède donc une double dimension : quantitative et qualitative. D’une part, les aliments peuvent manquer (problème de famine, approvisionnement minimum) et d’autre part, ils peuvent contenir des substances nocives pour l’homme (intégrité sanitaire).
Il faut bien distinguer le concept du droit à l’alimentation de celui de la souveraineté alimentaire. Le premier garanti par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels reconnaît que toute personne a le droit fondamental d’être à l’abri de la faim et impose des obligations aux Etats. Le deuxième, lancé au début des années quatre-vingt-dix par des organisations paysannes, correspond au droit de produire des aliments pour le marché local, et au droit pour les pays de définir leurs politiques alimentaires sans ingérence extérieure.
Le droit à l’alimentation est encore peu effectif en dépit des mobilisations de la société civile et des propositions formulées par Jean Ziegler, rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme de l’Onu sur le droit à l’alimentation. De plus, malgré les actions des Nations unies (par exemple le Plan Spécial pour la sécurité alimentaire visant à soutenir les pays et communautés dans leur combat contre la faim), l’objectif consistant à réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées dans le monde d’ici à 2015, qui fait partie des Objectifs du Millénaire pour le développement, est loin d’être atteint. Plus de 800 millions de personnes souffrent encore de faim et de malnutrition dans le monde.
par Olivier Rabaey