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Afrique du Sud

La Chine entre en force dans le secteur bancaire

par Myriam Berber

Article publié le 26/10/2007 Dernière mise à jour le 26/10/2007 à 18:04 TU

La première banque chinoise, l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), a annoncé, jeudi 25 octobre 2007, qu’elle entrait dans le capital de la plus grande banque sud-africaine, la Standard Bank. ICBC débourse 5,6 milliards de dollars pour acquérir 20% de la plus importante banque d’Afrique par ses actifs. Cette opération représente un double record. Il s’agit de l’investissement le plus considérable réalisé par un groupe étranger en Afrique et également du plus gros investissement d’une banque commerciale chinoise hors de Chine.

Le siège social de la plus grande banque sud-africaine, la Standard Bank,  à Johannesburg.(Photo : AFP)
Le siège social de la plus grande banque sud-africaine, la Standard Bank,  à Johannesburg.
(Photo : AFP)

L’impérialisme économique chinois part à l’assaut de l’Afrique. La première banque chinoise, l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) va acquérir 20% du capital de la plus grande banque sud-africaine, Standard Bank, pour un montant de 5,6 milliards de dollars cash. Cette alliance devrait apporter les perspectives de développement les plus prometteuses pour les deux partenaires. La Standard Bank, cotée à la Bourse de Johannesburg, est la plus grande banque d’Afrique du Sud et même du continent par ses actifs : 156 milliards de dollars. Pour sa part, ICBC, première banque chinoise, déclare 1 100 milliards de dollars d’avoirs. Elle se place au septième rang des banques mondiales.

Techniquement, ICBC va acheter dans une proportion égale un mélange d’actions nouvellement émises par Standard Bank et des actions déjà existantes, avec une prime de 15% sur le cours moyen de la banque pendant les 30 jours précédant le 23 octobre 2007. ICBC deviendra le premier actionnaire de la Standard Bank et devrait disposer de deux sièges au conseil de la banque sud-africaine, dont celui de vice-président. Cette opération devra attendre l’aval des autorités monétaires des deux pays et des actionnaires des deux groupes.

Les premières réserves de change au monde

Il s’agit d’une des plus importantes acquisitions chinoises à l’étranger. L’achat par la compagnie d’investissement chinoise (CIC), fin mai 2007, pour 3 milliards de dollars d’un peu moins de 10% des parts du fonds d’investissement américain Blackstone avait marqué les esprits. L'opération d'ICBC représente près du double de la prise de participation de la Chine dans Blackstone. Elle dépasse aussi les 2,2 milliards d'euros que la China Development Bank (CDB), l'une des trois grandes banques publiques du pays, a investi en juillet dans la Barclays Bank.

Blackstone a été le point de départ d’une vague d’investissements à l’étranger. Cette opération a marqué un tournant pour la Chine qui doit gérer d'énormes réserves de change, les premières au monde. Celles-ci se montaient à près de 1 400 milliards de dollars fin juin. Jusqu’ici, le géant chinois en consacrait la quasi-totalité à l’achat de bons du Trésor américain. Mais ces derniers mois, les autorités chinoises ont décidé de placer ces réserves dans des actifs plus rémunérateurs, mais aussi plus risqués.  

Un fonds pour investir dans les matières premières

Après les Etats-Unis et la France, la Chine est le troisième partenaire commercial de l’Afrique. Ce rapprochement avec Standard Bank pourrait constituer une opportunité stratégique pour la première banque chinoise qui veut partir à l’assaut du continent africain. La Standard Bank, présente dans 18 pays d’Afrique, est en effet une porte ouverte sur les ressources de l’Afrique. Selon le journal économique Les Echos, « les deux banques devraient créer un fonds d’investissement d’un milliard de dollars pour investir dans les ressources en Afrique ».  Après les infrastructures, les transports et les télécommunications, l’objectif du géant serait donc d’investir encore plus dans le secteur stratégique des matières premières énergétiques et minières.

Les 700 sociétés publiques chinoises implantées sur le continent africain placent leurs fonds dans les minerais, le pétrole ou bien encore l’exploitation du bois précieux. Reste que les pays africains, où les investissements chinois sont les plus importants, sont souvent des régimes dénoncés sur la scène internationale, du fait de conflits internes ou de mauvaise gouvernance. Pékin est, en effet, un partenaire commercial idéal qui n’impose pas de conditions politiques particulières à ses fournisseurs.