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Soudan

Darfour : ouverture des négociations de paix à Syrte

Article publié le 27/10/2007 Dernière mise à jour le 27/10/2007 à 07:46 TU

 Adam Bakhit, la tête entourée en permanence d'un chèche aux couleurs de camouflage.( Photo : Laurent Correau/ RFI )
Adam Bakhit, la tête entourée en permanence d'un chèche aux couleurs de camouflage.
( Photo : Laurent Correau/ RFI )

Après avoir accueilli la cérémonie de signature de l’accord inter-tchadien, la ville de Syrte, en Libye, se prépare à l’ouverture de nouvelles négociations de paix sur le Darfour aujourd'hui. Certains leaders rebelles, comme le chef historique Abdulwahid Mohammed al-Nur, ont indiqué depuis longtemps qu’ils ne seraient pas à Syrte. Notre envoyé spécial a en revanche déjà pu rencontrer plusieurs représentants de mouvements qui assisteront aux négociations. Certaines factions ont d’ores et déjà indiqué qu’elles souhaitaient demander que les pourparlers soient suspendus après la cérémonie pour laisser à d’autres chefs le temps de se rendre à Syrte et de trouver une position commune.

 

Un combattant du «MLS-Freewill», l’une des factions du Mouvement de Libération du Soudan, 2006. Le MLS est né de l'alliance de groupes d'autodéfense avant tout préoccupés par le sort de leurs populations. C'est donc surtout ce MLS qui s’est décomposé au fil du temps.( Photo : Laurent Correau/ RFI )
Un combattant du «MLS-Freewill», l’une des factions du Mouvement de Libération du Soudan, 2006. Le MLS est né de l'alliance de groupes d'autodéfense avant tout préoccupés par le sort de leurs populations. C'est donc surtout ce MLS qui s’est décomposé au fil du temps.
( Photo : Laurent Correau/ RFI )

 

De notre envoyé spécial à Syrte, Laurent Correau

Derniers préparatifs pour l’équipe de médiateurs installée au complexe Ouagadougou de Syrte. Dans un couloir, entre deux réunions, Salim Ahmed Salim, l’envoyé spécial de l’Union africaine pour le Darfour fait comprendre que jusqu’au dernier moment on ne pourra pas savoir précisément quels mouvements viendront et lesquels ne viendront pas. Jan Eliasson, l’envoyé spécial de l’ONU, précise que de toute façon la société civile, elle, sera représentée. « N’oublions pas que cette conférence concerne la population du Darfour. Et nous entendrons sa voix », dit-il.

Des rebelles, il y en a déjà qui sont arrivés à Syrte. Ils attendent dans leur chambres d’hôtels ou participent à des réunions dont ils ne parlent guère. La voix assourdie par le grand chèche aux couleurs de camouflage qui lui entoure la tête, Adam Bakhit explique comment il s’est séparé d’un autre chef de faction pour créer son propre groupe. L’éclatement des rebelles du Darfour fait de ces pourparlers de paix un véritable casse-tête. Le potentiel militaire de certains des nouveaux venus est parfois à démontrer.

Dans une autre aile du même hôtel, le ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères du Soudan, El Samani Ouassilah, explique pourquoi selon lui l’application du précédent accord, celui d’Abuja, a été un échec. Et il appelle l’ensemble des mouvements rebelles à se joindre aux négociations : « L’accord d’Abuja a échoué, parce qu’au moment de sa mise en œuvre il y a eu des interventions. A ce moment là, nous n’avions pas de bonnes relations avec certaines puissances régionales. Il y a également ces différences politiques avec certains des pays influents de la communauté internationale. Mais la chose la plus importante, c’est le fait qu’à ce moment les mouvements ont commencé à se diviser.» Et de préciser : « Si nous en revenons au texte lui-même, à l’accord de paix sur le Darfour, toutes les réponses y figurent. Si on peut encore y ajouter quelque chose qui aidera à ramener la paix, voyons ce que les mouvements auront à dire. C’est pour cela que je les appelle tous à venir en tant que citoyens, à s’asseoir et à discuter. Je leur dis : nous ne mettons aucune restriction à vos revendications, pour peu qu’elles restent raisonnables.»

Pour Bahar Idriss Abo Garda, le chef d'une des factions issues du MJE, le Mouvement pour la Justice et l'Egalité, il faudrait suspendre les pourparlers après la cérémonie d'ouverture.(Photo : L. Correau/RFI)
Pour Bahar Idriss Abo Garda, le chef d'une des factions issues du MJE, le Mouvement pour la Justice et l'Egalité, il faudrait suspendre les pourparlers après la cérémonie d'ouverture.
(Photo : L. Correau/RFI)

Assis sur un banc dans la verdure, Bahar Idriss Abo Garda, le principal challenger du chef historique du MJE, Khalil Ibrahim, attend un rendez-vous. Comme d’autres mouvements rebelles présents à Syrte, il souhaiterait qu’on suspende les pourparlers après la cérémonie d’ouverture, le temps que les autres factions puissent venir, et que les rebelles puissent définir une position commune. « Ce n’est pas le bon moment pour négocier. Nous avons besoin de plus de temps pour réorganiser un processus de paix convenable. Peut-être que la cérémonie d’ouverture peut avoir lieu, mais je ne pense pas que les pourparlers de paix puissent commencer pour l’instant. Il faut qu’ils soient retardés avant d’être  relancés. » 

Salahedin Mohamad Fadul Rijad, le sultan des Fur, appelle les groupes armés qui ne sont pas présents à venir négocier, notamment le groupe d'Abdulwahid, principale figure Fur de la rébellion.(Photo : L. Correau/RFI)
Salahedin Mohamad Fadul Rijad, le sultan des Fur, appelle les groupes armés qui ne sont pas présents à venir négocier, notamment le groupe d'Abdulwahid, principale figure Fur de la rébellion.
(Photo : L. Correau/RFI)

Vêtu d’un grand turban, le sultan des Fur raconte, lui, la misère de son peuple et il appelle les mouvements armés qui ne sont pas encore là à venir s’asseoir à la table des négociations. Notamment Abdulwahid Mohammed al-Nour, une autre figure historique de la rébellion. Nour, qui est à Paris, refuse de venir tant que la sécurité n’aura pas été restaurée sur le terrain.