par Jan Kristiansen
Article publié le 01/11/2007 Dernière mise à jour le 01/11/2007 à 12:18 TU
Dominique Strauss-Kahn prend ce 1er novembre ses fonctions de Directeur général du FMI.
(Photo : AFP)
Le Français Dominique Strauss-Kahn prend ses nouvelles fonctions de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ce 1er novembre, alors que le dollar franchit de nouveaux records à la baisse face à l’euro et au yen et alors que les prix du pétrole ont pour la première fois dépassé 96 dollars le baril. Ces nouveaux défis s’ajoutent à la longue liste de problèmes soulevés à la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale qui vient de se tenir à Washington, où les pays africains et d’autres pays en développement réclament plus de poids au sein du Fonds.
Lors des récentes réunions de Washington, les pays en développement ont accusé les pays riches, surtout les Etats-Unis, de laxisme dans la gestion de leurs marchés financiers, puisque c’est l’effondrement du marché américain des hypothèques qui a déclenché les récents désordres sur les marchés internationaux. Les économistes du FMI sont néanmoins relativement optimistes quant aux perspectives à court terme de l’économie mondiale.
Le resserrement des conditions de crédit entraîné par la crise du système bancaire aura certainement un impact sur la croissance mondiale au cours des prochains trimestres. Mais grâce à l’expansion « robuste » des grandes économies émergentes, la croissance globale devrait encore dépasser les 5 % en 2007, alors que les prévisions pour 2008 ont dû être réduites de près d’un demi-point, à 4,8 %, selon le dernier rapport sur les Perspectives économiques mondiales, publié juste avant les réunions de Washington. « Les facteurs fondamentaux restent sains, et la croissance globale devrait rester forte », a affirmé Simon Johnson, l’économiste en chef du FMI, tout en ajoutant : « Je me dois toutefois de souligner qu’il existe à présent des risques sérieux devant nous. »
Le Fonds a ainsi abaissé sa prévision pour les Etats-Unis pour 2008 de près d’un point, à 1,9 %, et celles pour la zone euro et le Japon à 2,1 % et 1,7 % respectivement. La performance des marchés émergents et des pays en développement devrait rester forte, mais relativement modérée par rapport aux deux dernières années. La Chine et l’Inde devraient enregistrer des taux de croissance de 11 % et 9 % respectivement pour l’année en cours, mais verront sans doute un certain ralentissement en 2008 puisque la crise pourrait entraîner une expansion moins rapide des exportations.
Le FMI considère les perspectives de l’Afrique sub-saharienne à court terme comme « positives » : la croissance devrait atteindre 6 % cette année contre 5,5 % en 2006, suivi d’un taux de 6,75 % pour 2008. Et l’inflation devrait tomber à 6,75 % contre 7,5 % cette année. Ce qui confirme que la performance de la région ces dernières années est la meilleure depuis trois décennies, souligne le rapport.
Augmenter les quotes-parts des pays sous-représentés
La turbulence sur les marchés a sans doute eu, comme le laissent entendre les experts du FMI, un impact plutôt limité sur les pays africains, d’autant plus que la Chine et l’Inde sont maintenant là pour prendre leurs principales exportations. Ce groupe de pays, traditionnellement plutôt discret dans les débats du FMI, élève maintenant la voix pour mieux se faire entendre.
Shamsuddeen Usman, le ministre nigérian des Finances qui représente le groupe africain dans le Comité monétaire et financier international (CMFI), a affirmé devant la presse que « les pays en développement ont besoin d’une meilleure représentation et une plus grande voix » au sein du FMI et de la Banque mondiale, et « cela sera réalisé par un accord sur les quotes-parts » – ou souscriptions de chaque pays membre. Les quotes-parts reflètent le poids économique de chaque membre et déterminent ses droits de vote au sein du FMI. Son collègue malien, Abou-Bakar Traore, a de son côté souligné, en ce qui concerne les Africains, que « nous voulons que nos intérêts soient mieux pris en compte ». La question est d’ordre politique. Pour augmenter les quotes-parts des pays sous-représentés, il faudra peut-être réduire celles de certains pays européens, qui auront du mal à l’accepter.
Réduire les dépenses de l’institution
Dominique Strauss Kahn, qui succède à l’Espagnol Rodrigo Rato au fauteuil de directeur général, aura fort à faire pour aboutir à un accord sur tous les éléments des réformes prévues dans ce domaine dans les délais impartis par le CMFI – d’ici les réunions de printemps du FMI en avril prochain. Mais il a réaffirmé à Washington sa détermination à réussir cette tâche d’ici un an. « C’est pour cela que nous sommes là », a-t-il commenté devant quelques journalistes. « J’ai dit à plusieurs occasions que cette institution sera réformée, et elle le sera. »
Le paquet de réformes proposées il y a un an à Singapour comprend aussi la question importante de la stabilisation des ressources du FMI, en assurant des revenus stables tout en réduisant les dépenses de l’institution. Le budget devrait ainsi être réduit de 6 % au cours des trois prochaines années. Le FMI et la Banque mondiale se sont déjà accordés pour mieux coordonner leurs activités dans les pays membres. Un plan d’action dans ce domaine doit être mis en œuvre dès maintenant.