par Thierry Parisot
Article publié le 02/11/2007 Dernière mise à jour le 02/11/2007 à 16:31 TU
La campagne officielle pour les élections législatives commence ce samedi 3 novembre. Les onze partis en lice disposent d'un mois pour convaincre, d'ici au scrutin fixé au 2 décembre prochain. Russie Unie, mené par le président Vladimir Poutine en personne portera le numéro 10 sur les bulletins de vote. Il fait la course en tête, très nettement. Son avance est telle qu'il pourrait dominer presque à lui seul la future Assemblée.
En septembre dernier, un ambassadeur russe zélé, en poste à Astana (Kazakhstan), faisait l'éloge du modèle kazakh de démocratie. Dans cette ancienne république soviétique, le parti pro-présidentiel a obtenu 88% des voix aux dernières législatives et l'ensemble des sièges au Parlement. La mission internationale d'observation effectuée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) notait dans son rapport : « Les normes internationales n'ont pas toutes été respectées, notamment en ce qui concerne le décompte des voix (...) principalement en raison de problèmes de procédure et du manque de transparence ».
A un mois des élections législatives en Russie, les jeux sont faits : le parti pro-Kremlin Russie Unie est crédité de 67 % des voix devant les communistes (17%), le parti ultra nationaliste de Vladimir Jirinovski (6%) et Russie Juste (4%), un autre parti qui se présente à la fois comme de gauche et pro-Poutine. Russie Unie écrase tous ses adversaires. « Le plan Poutine, c'est la victoire de la Russie », dit le slogan du parti dont le président assume lui-même la campagne. Vladimir Poutine est la tête de liste de Russie Unie. Il l'a annoncé lors du dernier congrès du parti, le 1er octobre. Depuis, le parti présidentiel a gagné une douzaine de points dans les intentions de vote et le scrutin du 2 décembre s'est transformé en plébiscite en faveur du chef du Kremlin.
La « verticale du pouvoir »
Les manifestations se succèdent dans tout le pays. A Moscou, deux organisations de jeunesse pro-Poutine, Nachi (les Nôtres) et la Jeune Garde, ont lancé les hostilités deux jours seulement après l'annonce de l'entrée en campagne du président russe comme tête de liste. T-shirts, briquets, vodkas à l'effigie de Vladimir Poutine sont distribués lors des rassemblements. La chaîne de télévision publique Rossia a diffusé la semaine suivante un documentaire, portrait de Vladimir Poutine en sauveur de la nation, réalisé par le cinéaste Nikita Mikhalkov : « Je suis persuadé, dit le réalisateur, qu'une immense part de nos compatriotes, ayant confié leurs vies au président Poutine, peuvent aujourd'hui dire qu'il a influencé le cours de leur existence ».
Les medias, très largement contrôlés par le Kremlin, transforment ainsi le président russe en tsar irremplaçable. Ses partisans alimentent quotidiennement la chronique des éloges. « Une Russie sans Poutine, c'est une Russie sans direction, sans volonté, affirme le chef de Russie Unie et président du parlement, Boris Gryzlov. Vladimir Poutine est, doit être et sera le leader de la Russie ». Car les élections législatives du 2 décembre ne sont que le prélude au scrutin présidentiel de mars prochain, qui désignera un successeur à Vladimir Poutine. La Constitution lui interdit de se présenter pour un troisième mandat consécutif.
Quel sera le pouvoir de Poutine après mars 2008 ? Premier ministre d'un président qu'il choisira lui-même ? L'hypothèse n'est pas « irréaliste ». S'il dépasse les 60 % aux législatives, il jouirait d'une légitimité difficilement contestable. Déjà, le porte-parole du Kremlin prévient que le prochain président ne pourra pas ignorer « l'existence de quelqu'un de plus populaire que lui ». Tout l'enjeu des élections de décembre est là. Tout le suspense tient en une question : Vladimir Poutine pourra-t-il de facto continuer à diriger la Russie à l'issue de son deuxième mandat présidentiel ? L'opposition est hors-jeu. Elle ne pèse d'aucun poids dans la vaste recomposition de la « verticale du pouvoir ». Dans le prochain Parlement, elle pourrait même se réduire aux seuls communistes.