par RFI
Article publié le 03/11/2007 Dernière mise à jour le 03/11/2007 à 15:07 TU
Le président pakistanais Pervez Musharraf devait s'adresser à la nation samedi après avoir proclamé l'état d'urgence dans le pays. La police et les troupes paramilitaires ont encerclé le siège de la Cour suprême à Islamabad. Les autorités pakistanaises ont procédé à l'arrestation du principal avocat qui contestait la validité de la réélection du président le 6 octobre, selon une télévision privée. Toutes les communications téléphoniques mobiles et terrestres ont été coupées.
L'ancien Premier ministre pakistanais Benazir Bhutto, en voyage à Dubaï, est rentrée samedi soir à Karachi, au Pakistan, a déclaré à l'AFP son porte-parole à Londres.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a qualifié samedi sur la chaine CNN de « très regrettable » la décision du président pakistanais de déclarer l'état d'urgence.
Quittant le Pakistan deux semaines après son retour mouvementé pour visiter sa famille restée à Dubaï, l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto n'avait pas été la dernière à dire ses craintes de l'instauration d'un état de siège ou d'urgence au Pakistan.
L'une des raisons avancée pour expliquer cette décision, c'est que la Cour suprême pakistanaise pourrait invalider la candidature du président Musharraf à l'élection présidentielle qui a eu lieu le 6 octobre dernier.
Fin de mandat
Celui-ci avait alors remporté la quasi totalité des voix du collège électoral chargé de désigner le président.
Le mandat présidentiel arrivant à son terme le 15 novembre prochain, c'est-à-dire dans moins de deux semaines, le président Musharraf serait en fin de mandat.
Pourtant, la décision n'est pas encore prise. La réunion de la Cour suprême ne doit avoir lieu que lundi prochain, avec une semaine d'avance sur le calendrier initial.
A l'origine, c'est en effet le 12 novembre que la Cour devait se réunir. Mais la réunion a été avancée, précisément en raison des rumeurs d'état d'urgence.
Coup d'Etat juridique
La police et les troupes paramilitaires ont encerclé, samedi, le siège de la Cour suprême à Islamabad.
«Comme une machine bien rodée, les forces de l'ordre ont investi les bâtiments officiels d'Islamabad. (...) L'état d'urgence, tout le monde y pensait, mais personne n'y croyait. C'était selon un diplomate, la pire des solutions...»
Et avec la police autour de leurs locaux, ils n'auraient pas moyen de se dérober. Ce qui serait en train de se passer au Pakistan serait donc un coup d'Etat juridique.
Le seul objectif de Musharraf est donc d'empêcher la Cour suprême d'invalider son élection. Mais avec la suspension de la Cour suprême, c'est tout l'équilibre juridique du pays qui s'effondre.
D'ailleurs, à peine l'état d'urgence imposé, on a appris l'arrestation d'un juriste qui fait partie des principaux opposants au général Musharraf et qui avait précisément pris la défense du président de la Cour suprême, au début de l'année, alors que Musharraf voulait déjà l'éliminer du paysage politique.