par Myriam Berber
Article publié le 05/11/2007 Dernière mise à jour le 05/11/2007 à 17:09 TU
Le premier groupe énergétique chinois, PetroChina, filiale du groupe public CNPC coté à Hong Kong et New York, a établi un nouveau record mondial en matière d'envolée boursière. Lundi 5 novembre, lors de sa première séance de cotation à la Bourse de Shanghaï, le titre PetroChina a fait un bond de 191%. L'action a pratiquement multiplié par quatre son prix de souscription, s’échangeant à 48,6 yuans contre un prix d’introduction de 16,7 yuans par action. La souscription de 4 milliards d'actions a permis à Petrochina de lever 66, 8 milliards de yuans (quelque 8,9 milliards de dollars). Le quart de ces titres est réservé aux investisseurs institutionnels. La firme, qui reste aux mains de l’Etat à hauteur de 86%, doit se servir des fonds levés pour financer la construction, l’extension ou la modernisation de trois installations pétrolières et la rénovation d’une raffinerie ou d’une unité de production d’éthylène.
Cette entrée tonitruante à la Bourse de Shanghaï permet à PetroChina de devenir la première entreprise au monde de part sa valeur boursière. Sa capitalisation atteint désormais les 1 000 milliards de dollars, soit davantage que la capitalisation cumulée des géants américains Exxon Mobil (valorisé à 490 milliards de dollars) et Microsoft (346 milliards). En termes de revenus, PetroChina ne réussit toutefois pas à intégrer encore le Top 50 des entreprises les plus riches au monde.
Records d’introductions dans l’énergie
Dans leur ensemble, les analystes s’attendaient à ce que cette opération boursière ait du succès, comme de façon générale les introductions à Shanghaï, et en particulier celles du secteur énergétique. Le précédent record pour une levée de fonds avait été établi par le premier producteur de charbon de Chine, Shenhua Energy, qui a recueilli 66,58 milliards de yuans pour son introduction à Shanghaï début octobre. Les banques China Construction Bank et Citic ont, elles aussi, levé des montants spectaculaires de capitaux.
Mais cette arrivée sur le marché boursier de PetroChina n’est pas sans susciter des craintes. Certains experts ont mis en garde, lundi, les investisseurs, jugeant le niveau de l’action de PetroChina trop élevé. Selon eux, la spéculation observée à la Bourse de Shanghaï ces derniers mois pourrait pénaliser le titre, jouant une hausse à court terme au détriment d’un placement dans la durée. Depuis plusieurs semaines également, les autorités chinoises lancent des mises en garde à l’adresse des marchés financiers. Le Premier ministre Wen Jiabio a rappelé, lundi, le souci du gouvernement d’éviter un dérapage incontrôlé de la Bourse : « Nous allons prendre des mesures pour empêcher les bulles d’actifs et les trop grandes fluctuations du marché. Le gouvernement chinois a la responsabilité de veiller à ce que le marché boursier soit raisonnable, sain et transparent ».
Frénésie boursière en Chine
La flambée de PetroChina est une nouvelle illustration de la surchauffe en général des bourses chinoises. Depuis fin 2005, la bourse de Shanghaï a, en effet, grimpé de plus de 400%. On assiste à une frénésie boursière en Chine qui pourrait de se transformer en krach avec, alors, des conséquences désastreuses pour les Chinois. L’envolée de la Bourse est essentiellement due aux investisseurs locaux. «Les ménages ont tendance à acheter massivement des actions. Cela signifie qu’ils ont confiance dans la croissance économique de leur pays mais c’est aussi la traduction d’une grande incertitude en matière de protection sociale qui les poussent à aller chercher de l’argent facile comme les investissements en bourse, » explique Thibault Voïta, chercheur au Asia centre. Et d’ajouter : « C’est une situation inquiétante, car cette bulle risque d’éclater à tout instant. Bon nombre de ménages à faibles revenus préfèrent la bourse à un livret d’épargne pour assurer leurs dépenses de santé ou l’éducation de leur enfant. Résultat, si le marché s’écroule, c’est tout un pan de l’économie du pays qui tombe ».