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Tunisie

Vingt ans de pouvoir absolu pour Ben Ali

par  RFI

Article publié le 07/11/2007 Dernière mise à jour le 07/11/2007 à 05:24 TU

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. En réponse à la conférence de presse d'associations tunisiennes de droits de l'homme hier à Paris (voir plus bas), la présidence a affirmé que la torture n'existait pas en Tunisie, et que le respect des droits de l'homme était garanti par la loi.( Photo : AFP )

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali. En réponse à la conférence de presse d'associations tunisiennes de droits de l'homme hier à Paris (voir plus bas), la présidence a affirmé que la torture n'existait pas en Tunisie, et que le respect des droits de l'homme était garanti par la loi.
( Photo : AFP )

Le 7 novembre 1987, Zine El Abidine Ben Ali, fraîchement nommé Premier ministre, écartait du pouvoir pour « sénilité » le père de l'indépendance tunisienne, Habib Bourguiba, pour prendre sa place. Vingt ans après, la situation économique des Tunisiens est plutôt meilleure que celle de leurs voisins du Maghreb, mais le verrouillage politique, l'absence de liberté et la répression des droits de l'homme suscitent de plus en plus de critiques.

Voir aussi : Zine el-Abidine Ben Ali, chronologie d'une prise de pouvoir

« Ni présidence à vie, ni succession automatique »... Ces paroles sont signées Zine El Abidine Ben Ali, et ont été prononcées le 7 novembre 1987.

Mais vingt ans après, Ben Ali est toujours là. En 1994, 1999 et 2004, il a été réélu avec des scores à la soviétique.

En 2002, la Constitution a été amendée par référendum, pour lui permettre de briguer de nouveaux mandats. Et à 71 ans, ils se prépare effectivement à un cinquième mandat, en 2009.

En 20 ans, Ben Ali a installé un système policier tentaculaire, au nom de la lutte contre l'intégrisme et du terrorisme. Après les islamistes, l'appareil répressif s'est retourné contre les opposants, la société civile, et les intellectuels indépendants.

Sur le plan économique, en revanche, et là, même ses plus farouches adversaires le reconnaissent : le pays se porte plutôt bien. Ben Ali a misé sur la classe moyenne, la colonne vertébrale de son régime. Près de 80 % des Tunisiens, sont propriétaires de leur logement, ils possèdent une voiture, leurs enfants sont scolarisés.

Mais depuis quelque temps, face à la montée des prix, beaucoup d'entre eux ont du mal à boucler leurs fins de mois. Le chômage est en hausse. La pauvreté, terreau des islamistes, touche près d'un demi-million de personnes.

Relativement épargné jusque là, le pays a été le théâtre fin 2006 de violents affrontements au sud de Tunis entre les forces de sécurité et un groupe d'islamistes salafistes. Le bilan avait été de 14 morts, suivies de dizaines d'arrestation.

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Hier à Paris, à l'occasion du 20e anniversaire de l'accession au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali, des associations tunisiennes se sont réunies au siège de la FIDH à Paris pour dénoncer la systématisation de la torture :

Me Radia Nasraoui, avocate et présidente de l'association tunisienne de lutte contre la torture

«Je peux dire que le tableau est noir. En Tunisie, la torture est devenue une pratique courante et quotidienne, aussi bien dans les prisons que dans les locaux de la police.»

Me Radia Nasraoui, avocate et présidente de l'association tunisienne de lutte contre la torture

«J'ai deux messages pour l'Europe et particulièrement pour la France, je leur demande de ne pas soutenir ce régime qui ne respecte pas l'intégrité physique des gens et qui est capable de torturer quelqu'un pour une opinion.»

Un bilan économique en demi-teintes

                   Les statistiques font de la Tunisie un pays en pointe en Afrique du Nord : le taux de scolarisation est un record pour le Maghreb, trois-quart des Tunisiens sont propriétaires de leur logement, et 87 % de la population bénéficient d'une couverture sociale.  

                   A cela, s'ajoute un taux de croissance constant de 4,5% pour 2006, un produit intérieur brut en hausse de 6% et un déficit budgétaire contenu... La plupart des indicateurs économiques tunisiens sont au vert. Ce sont les fruits, 20 ans après, du plan d'ajustement structurel imposé par la Banque mondiale et le FMI pour sortir le pays de l'ornière où l'avait amené la fin du « règne Bourguiba ».

                   Et pourtant, aujourd'hui le modèle tunisien donne des signes d'essoufflement.

Le taux de chômage touche au moins 14 % de la population et semble incompressible. 300 000 personnes sont sous-employées, et le chômage, fait nouveau, frappe toutes les classes sociales quelles que soient leurs qualifications. Tourisme et industrie textiles tournent déjà à plein régime, n'offrant que peu de marge d'emploi.

Facteur aggravant : le contexte politique, avec un pouvoir exercé sans partage, ne parait pas très attirant pour les investisseurs étrangers.

 Pour la première fois, depuis 5 années successives on assiste à une baisse sensible du taux d'investissement dans le pays. L'économie tunisienne a atteint un seuil. 

 Difficile de croire, dès lors, que le président Ben Ali tiendra son pari pris il y un an : celui de doubler le revenu moyen des Tunisiens d'ici dix ans, en 2017.