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Cambodge

Deux responsables des Khmers rouges arrêtés

Article publié le 12/11/2007 Dernière mise à jour le 12/11/2007 à 05:36 TU

Septembre 1996: Ieng Sary, ex-leader Khmer rouge, entouré de ses soldats à Phnom Malai, au Cambodge.(Photo : AFP)

Septembre 1996: Ieng Sary, ex-leader Khmer rouge, entouré de ses soldats à Phnom Malai, au Cambodge.
(Photo : AFP)

Ieng Sary, l’ancien ministre des Affaires étrangères des Khmers rouges, et son épouse Ieng Thirith, ancienne ministre des Affaires sociales, ont été arrêtés ce lundi matin tôt à Phnom Penh, sur ordre d'un tribunal parrainé par l'ONU. Ieng Sary, surnommé le « Frère n°3 », était l'un des principaux cadres du régime des Khmers rouges sous lequel quelque deux millions de personnes ont trouvé la mort. Son épouse Ieng Thirith, était, elle aussi, une ancienne ministre du régime de Pol Pot. Le couple Ieng est poursuivi pour « crimes contre l’humanité ».

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee

A la levée du jour, les forces de l’ordre se sont déployées en douceur autour de la villa du couple Ieng. La présence dans ce quartier situé au cœur de la capitale du « Frère n°3 » et de son épouse, l’ancienne ministre des Affaires sociales Khmers rouges, a toujours été connue dans le voisinage. Très vite leur arrestation n’a plus fait aucun doute.

Beau-frère de Pol Pot et ancien vice-Premier ministre, Ieng Sary a été condamné à mort par contumace en 1979 pour crime de génocide par un tribunal populaire révolutionnaire. Il sera amnistié par décret royal en 1996 après s’être rallié au nouveau gouvernement non sans entraîner dans son sillage plusieurs milliers de ses partisans.

Il a depuis affiché sa satisfaction à avoir, dit-il, « contribué à la réconciliation nationale ». Des remords il a assuré ne point en avoir, pas plus que de responsabilité dans les massacres perpétués sous le Kampuchea démocratique. C’est ce qu’il restera à démontrer au tribunal à caractère international, notamment quel rôle il a pu jouer dans les nombreuses purges qui ont rythmé le régime.

Un des décisionnaires suprêmes


Ieng Sary est l'un des rares responsables khmers rouges à avoir publiquement incité ses subalternes à se débarrasser d'une frange de la population cambodgienne. « Nous n'avons pas besoin de l'ancienne génération parce que nous ne pouvons pas changer ses pensées ».

Si le numéro trois du régime, beau-frère de Pol Pot, n'a jamais eu l'autorité suffisante pour ordonner des arrestations, les informations collectées par l'administration dont il était responsable ont entrainé l'élimination de nombreux fonctionnaires et intellectuels.

Jeune, Ieng Sary a défié le pouvoir colonial. C'est pourtant en France, grâce à une bourse, que Kim Trang, de son vrai nom, s'est formé. A Paris, il décroche son baccalauréat puis s'inscrit à Sciences po. Mais à l'atmosphère studieuse des amphithéâtres de la rue Saint-Guillaume, Ieng Sary préfère les réunions passionnées du cercle marxiste ou il rencontre le futur Pol Pot.

Après 7 années passée en France, l'agitateur anti-colonial rentre au Cambodge en 1957. Il accepte un poste de professeur d'histoire à Phnom Penh. En marge de ses activités professionnelles Ieng Sary poursuit clandestinement son œuvre révolutionnaire. 100 000 morts Lorsque les Khmer rouges prennent Phnom Penh en avril 1975, Ieng Sary devient ministre des Affaires étrangères.

C'est dans une annexe de ce ministère que 1 700 cadres seront rééduqués par le travail manuel avant d'être arrêtés et exécutés dans le camp S 21. En 1978, Ieng Sary apporte sa caution à une directive prise début mai qui ordonne le déclenchement d'une purge dans l'est du pays qui fera 100 000 morts. Un an plus tard, il est condamné à mort par contumace à l'issu d'un procès politique orchestré par l'envahisseur vietnamien.

A la différence de certains irréductibles, Ieng Sary préconise un retour des Khmers rouges dans le processus de paix. A ce titre, il bénéficie en 1996 d'une grâce royale. Ces onze dernières années, Ieng Sary et son épouse ont vécu paisiblement entre Bangkok et Phnom Penh. Ils vont aujourd'hui devoir répondre de leurs crimes présumés.