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Mer Noire

La Turquie préoccupée par la tempête

Article publié le 13/11/2007 Dernière mise à jour le 13/11/2007 à 12:17 TU

Trois corps ont été retrouvés hier sur les côtes de la mer Noire. Vingt marins sont toujours eux portés disparus après la tempête de ce week-end, tempête qui a provoqué le naufrage de cinq cargos dont un transportait 4 000 tonnes de mazout. Le Volganeft 139 s’est brisé en deux sous la force de la houle déclenchant une marée noire. Les vents violents et les pluies ont frappé les côtes ukrainiennes et russes, mais aussi le littoral turc. La Turquie, point de passage obligé de ces pétroliers vers la Méditerranée, a déjà connu de telles catastrophes. Mais compte tenu de la persistance du mauvais temps, les Turcs sont inquiets.

Des vents violents balayent les côtes turques, le 13 novembre 2007.(Photo : Reuters)
Des vents violents balayent les côtes turques, le 13 novembre 2007.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

C’est véritablement ce que l’on appelle « un temps de chien » depuis trois, quatre jours maintenant avec des coups de vents de sud-ouest, force 7-8, parfois 9 Beaufort, soit en moyenne des vents de 80 km/h. La surface de la mer est blanchie par ce vent et les vagues de quatre à cinq mètres se lèvent et frappent les côtes.

Une situation qui a d’ailleurs prévalu dans l’ensemble de la Turquie, du nord au sud, le nord étant la côte de la mer Noire, mais même à l’intérieur des terres. Il y a beaucoup de pluie, ce qui a aussi occasionné des inondations, des arbres déracinés, des serres déchiquetées, des toits et des cheminées arrachés et beaucoup d’embarcations coulées dans les ports, surtout des embarcations de pêcheurs.

Le bilan humain est relativement lourd, une dizaine de morts : deux militaires foudroyés, un pêcheur noyé, une famille de six personnes – asphyxiées par les fumées de leur poêle à charbon–, un bébé mort de froid et aussi un homme écrasé par un arbre. Aujourd’hui, la situation devrait se calmer, selon les météorologues, mais le retour de la tempête est déjà annoncé pour demain.

A cheval sur trois mers

Ces conditions météorologiques violentes posent des problèmes aux Stambouliotes dans leur vie quotidienne, de même qu’aux Turcs en général.  Mais la première conséquence, importante pour une métropole comme Istanbul, construite à cheval sur trois mers, le détroit du Bosphore, la mer de Marmara et la mer Noire, c’est la suspension des transports maritimes, en mer de Marmara essentiellement, mais cela concerne aussi les navettes qui vont d’une rive à l’autre du Bosphore. Immédiatement, les ponts sont paralysés et la circulation dans la ville est entièrement congestionnée.

C’est aussi le cas dans le détroit des Dardanelles et vers les îles turques de la mer Egée.

Une situation qui est, en quelque sorte, analogue sur la côte de la mer Noire, turque donc, où la seule voie de communication longeant la mer a été envahie par la mer, par les vagues, coupant le trafic. sans parler des coupures de courant, de téléphone et des ornières creusées par les eaux déversées les routes.

Surveillance du trafic maritime

Le détroit du Bosphore est le plus fréquenté au monde, notamment par les supers tankers, ces énormes pétroliers. C’est aussi l’un des détroits les plus pollués et l’un des plus dangereux de la planète. Les autorités turques ont donc pris des précautions pour éviter ces catastrophes en cas de tempête. Ce détroit, d’une trentaine de kilomètres de long, fait de nombreux zigzags et, surtout, traverse une ville de quelque douze millions d’habitants. C’est la préoccupation première des autorités maritimes turques, qui depuis des années ont renforcé leurs contrôles et les règles, les régulations du trafic dans ce détroit, même si elles n’ont pas le droit de stopper totalement le trafic puisque le statut des eaux est assimilé à des eaux internationales. Pour l’instant, il n’y a pas eu d’avaries dans ce détroit du Bosphore.

Dans ce genre de situation, la première mesure qui a été prise depuis longtemps, c’est la surveillance du trafic maritime par les radars et la fermeture de la circulation aux plus gros navires qui pourraient perdre le contrôle de leur route sous l’effet conjugué du vent et des courants très nombreux dans le Bosphore, et particulièrement les navires transportant des hydrocarbures ou des produits chimiques.

Cela fait donc trois jours que seuls de petits cargos empruntent le Bosphore, comme le détroit des Dardanelles. Les autres bateaux, les plus gros, transportant les hydrocarbures attendent au large des embouchures du détroit du Bosphore et du détroit des Dardanelles. Ce n’est pas non plus sans risque parce que, avec peu de vitesse, ils sont exposés aux vents et aux lames, mais c’est un moindre mal par rapport à un accident qui surviendrait dans un centre urbain. 

En outre, cela peut poser des problèmes d’approvisionnement quand le mauvais temps dure trop longtemps. Mais ce n’est pas le cas et, pour l’instant, les dégâts sont limités.