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Etats-Unis / Pakistan

Washington à la recherche d’un plan « après Musharraf » ?

par Stefanie Schüler

Article publié le 15/11/2007 Dernière mise à jour le 15/11/2007 à 16:55 TU

En 2006,  le président Pervez Musharraf (d) avait la confiance du président américain George W. Bush.(Photo : AFP)

En 2006, le président Pervez Musharraf (d) avait la confiance du président américain George W. Bush.
(Photo : AFP)

Douze jours après l’instauration de l’état d’urgence au Pakistan, l’administration Bush semble commencer à perdre patience avec le président pakistanais. Les Etats-Unis examinent désormais d’autres stratégies dans ce pays, n’incluant plus obligatoirement celui qui fut, jusqu’à présent, leur allié clé dans la lutte contre le terrorisme : Pervez Musharraf. Le secrétaire d’Etat adjoint américain, John Negroponte, arrive vendredi à Islamabad. Dans ses valises un message clair de Washington pour le général-président, mais probablement pas seulement pour lui.    

Il y a des optimistes au sein de l’administration Bush qui veulent continuer à croire que le mariage arrangé entre Pervez Musharraf et Benazir Bhutto est toujours possible. Mais à Islamabad, experts et analystes considèrent qu’après 12 jours d’état d’urgence, les chances d’un accord entre le président pakistanais et sa rivale, l’ancienne Première ministre, sont désormais minimes.

Par conséquent, les voix de plus en plus sceptiques à l’égard du général Musharraf s’élèvent à la Maison Blanche, mais aussi au département d’Etat et au Pentagone. Ces esprits critiques estiment que les jours du président pakistanais sont dorénavant comptés et que les Etats-Unis devraient commencer à réfléchir à une stratégie alternative dans ce pays. C’est en tout cas ce que rapporte le quotidien The New York Times qui cite, sous couvert d’anonymat, de nombreux membres de l’administration Bush. 

Negroponte - le messager de Washington

Le secrétaire d’Etat américain adjoint, John Negroponte, doit se rendre à Islamabad ce vendredi pour faire entendre sur place ce que les Américains ont réclamé à plusieurs reprises ces derniers jours : « Nous continuons à vouloir qu'il y ait des élections libres, justes et transparentes », a déclaré Tom Casey, porte parole du département d’Etat. « Nous voulons que l'état d'urgence soit levé ».

Un peu plus tôt dans la semaine, la chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, avait critiqué la situation au Pakistan en mettant ouvertement en cause le général Musharraf : « On ne peut pas tenir des élections libres et justes avec le genre de restrictions qui sont actuellement imposées aux médias, avec les restrictions sur le droit de se rassembler qui sont actuellement imposées à l'opposition ». Mais le président pakistanais, jusque-là fidèle allié de Washington, ne semble pas, cette fois-ci, prêt à céder : « Je ne suis pas du tout d'accord avec elle. L'état d'urgence est destiné à s'assurer que les élections se déroulent de façon ordonnée », a-t-il rétorqué. 

Face à l’intransigeance de Pervez Musharraf, une réunion a eu lieu, ce mercredi, à Washington. Selon le New York Times, des hauts responsables de la Maison Blanche, du département d’Etat et du Pentagone se sont penchés sur la démarche à suivre en cas de chute du président pakistanais. 

« Musharraf fait partie du problème »

D’après les explications de plusieurs participants à cette réunion de crise, l’administration Bush reste prudente. En aucun cas elle ne voudrait donner l’impression  d’installer en coulisses le prochain leader du Pakistan. « Ils ne veulent pas encourager un nouveau coup d’Etat, mais ils commencent à comprendre que Musharraf est devenu une partie du problème », explique une source proche du dossier dans les colonnes du Times.

Les régions reculées du nord-ouest du Pakistan sont restées un refuge pour les membres du réseau al-Qaïda et d’autres militants islamistes, mais les Américains sont aujourd’hui convaincus que l’armée pakistanaise représente une puissance importante pour la stabilité du pays, et l’administration Bush juge désormais très improbable que les islamistes puissent accéder au pouvoir en cas de chute du président actuel.

Ce changement dans la manière dont les Américains perçoivent le Pakistan risque d’avoir des répercussions directes sur Pervez Musharraf : de fait, le général n’est plus aux yeux des Etats-Unis le seul rempart contre l’arrivée des extrémistes au pouvoir.

Général Ashfaq Parvez Kayani, une alternative possible

Toujours selon les informations du New York Times, l’un des probables candidats alternatifs au président en exercice est le général Ashfaq Parvez Kayani. Actuellement numéro deux de l’armée pakistanaise, il a été pressenti pour remplacer Pervez Musharraf à la tête des forces militaires.

Le général Kayani est connu à Washington comme un chef militaire influent, modéré et pro-américain, mais surtout, il souhaite ardemment enlever à l’armée son rôle politique et recentrer l’engagement des militaires sur la sécurité du pays.

A la veille de l’arrivée de John Negroponte à Islamabad, le département d’Etat n'a pas voulu préciser la liste des personnalités pakistanaises que le responsable américain y rencontrera. Le porte-parole n’a néanmoins pas exclu qu'il s'agisse de personnes extérieures au gouvernement.