par Myriam Berber
Article publié le 16/11/2007 Dernière mise à jour le 16/11/2007 à 17:44 TU
Difficile à l’heure actuelle de savoir si le mouvement dans les transports publics en France et notamment en région parisienne va durer ou si l’issue de la grève est proche. Si la CFDT-cheminots s’est prononcée, vendredi, pour «la suspension du mouvement » et pour «le lancement immédiat de négociations », la quasi-totalité des syndicats de cheminots a appelé à une reconduction du mouvement pour samedi. Même chose à la RATP, dans les bus et les métros parisiens, où la situation devrait demeurer tendue ce week-end.
Gouvernement et syndicats se livrent à un dialogue de sourds au troisième jour de grève, alors qu’une issue rapide semblait se dessiner mercredi. Pour débloquer le conflit, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, avait formulé une proposition qui semblait satisfaire les deux parties, en proposant des négociations tripartites (Etat-entreprises-syndicats) au sein des entreprises. La majorité des syndicats (excepté Sud-Rail) se sont ralliés à cette proposition de la CGT. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, s’est même prononcé pour mettre un terme au mouvement.
Un décalage persistant avec la base
Mais les militants n’obéissent pas forcément aux confédérations. Jeudi, pendant les assemblées générales, les salariés de la SNCF et ceux de la RATP ont fait preuve d’une détermination qui contrastait avec les gestes d’ouverture des responsables syndicaux. Ils ont demandé davantage de garanties sur le champ qui leur sera laissé pour ce type de négociations alors que leurs représentants pensent que les conditions sont réunies pour commencer à négocier. Dans le même temps, le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, Xavier Bertrand, a conditionné « l’ouverture immédiate » des négociations à la SNCF et à la RATP à « un appel à la reprise du travail » de la part des organisations syndicales. Le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, s’est déclaré « surpris par le refus du gouvernement d’ouvrir des négociations tant que la grève continue ». Il a contesté, vendredi, «tout décalage avec la base ».
Qui l’emportera entre les grévistes les plus radicaux et les syndicats favorables au dialogue avec les pouvoirs publics ? La première grande grève reconduite de l’ère Sarkozy arrive à un moment essentiel. Celui du week-end. Pour les plus militants, les plus déterminés, parvenir à dimanche, c’est faire la jonction avec le mouvement des fonctionnaires pour l’emploi et le pouvoir d’achat, mardi 20 novembre 2007. Pour le gouvernement, il y a d’autres moyens que la grève pour parvenir à un accord. Après avoir reçu le Premier ministre François Fillon, le ministre du Travail Xavier Bertrand et le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau, Nicolas Sarkozy a reçu, vendredi à l’Elysée, les dirigeants des quatre entreprises (SNCF, RATP, EDF et GDF) concernées par la réforme pour faire avec eux « un point sur la situation au sein de ces entreprises ».
Une réforme pour des raisons d’équité et de symbole
A Gaz de France (GDF), on se dit prêt à mettre en place un système de retraites complémentaires pour les salariés et à concéder des hausses de salaires pour compenser l'allongement de la durée de cotisation des agents. A l’Opéra de Paris, les artistes ont obtenu quelques avancées et notamment sur le système de décotes, alors que les techniciens demandent davantage.
Pour le président de la République, Nicolas Sarkozy, la question de cette réforme se pose d’abord pour des raisons d’équité et de symbole. Aux motifs politiques s’ajoutent des motifs économiques. Cette réforme concerne 500 000 actifs pour 1,6 million de retraités parmi lesquels, marins, mineurs, cheminots, salariés d’EDF et de GDF, clercs de notaire, pensionnaires de l’Opéra et de la Comédie française. Pour des raisons de pénibilité, marins et mineurs échappent à cette réforme. Les parlementaires ne sont pas non plus concernés.
Cette réforme du gouvernement tend à l’harmonisation avec le régime de la fonction publique. Les salariés des régimes spéciaux de retraite passeront progressivement d’ici à 2012 à 40 ans de cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein, contre 37 ans et demi actuellement, l’allongement de la durée de cotisation se faisant de manière progressive. Un système de surcote et de décote sera mis en place pour ceux qui ont travaillé plus ou moins longtemps que les 40 ans prévus. Autre changement de taille : l’indexation du calcul du montant des pensions se fera sur l’inflation et non plus sur les salaires.