par Myriam Berber
Article publié le 19/11/2007 Dernière mise à jour le 19/11/2007 à 17:02 TU
Les agents de la Poste sont en grève, le 20 novembre 2007, pour défendre leur pouvoir d’achat.
(Photo : AFP)
C’est au tour des fonctionnaires de se mobiliser. L’ensemble des syndicats (CGT, CFDT, FO, FSU, CFTC, CFE-CGC, UNSA et Solidaires) a appelé les 5,2 millions agents des trois fonctions publiques de l’Etat, territoriale et hospitalière à faire grève. Une journée d’action de 24 heures qui risque de plonger un peu plus la France dans le chaos, plusieurs dizaines de manifestations sont prévues à Paris et en Province. Les cinq fédérations de l’Education nationale ont toutes relayé l’appel à la grève. Une école sur deux devrait être fermée. De fortes perturbations sont également prévues dans les hôpitaux, les bureaux de postes, les centres des impôts, les Douanes, à France Télécom ou bien encore dans les aéroports suite aux arrêts de travail des contrôleurs aériens.
Pour le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, André Santini, cette grève de mardi « sera sans doute largement suivie, car elle est fondée sur des raisons salariales ». Il estime qu’une fusion avec le mouvement des syndicats de transports contre la réforme des régimes spéciaux serait « le pire scénario pour les organisations représentatives de la fonction publique en particulier, car cette grève pour défendre les régimes spéciaux va polluer le mouvement des organisations syndicales de la fonction publique ». Du côté des syndicats, si pour l’UNSA et la CFDT, « il est hors de question que le mouvement des fonctionnaires se mélange avec la grève des transports », pour les autres fédérations (Solidaires, CGT ou FSU), « ces deux mouvements ne s’opposent pas, et la coïncidence des deux peut même les renforcer».
Une intervention de Nicolas Sarkozy
Le pouvoir d’achat est au cœur des revendications des fonctionnaires. Tous réclament l’ouverture de négociations salariales pour 2007, et notamment, «une revalorisation du point d’indice» qui sert de base de calcul pour les traitements des agents et «une refonte globale de la grille des rémunérations». En 2007, les fonctionnaires ont perçu leur unique augmentation salariale le 1er février avec une augmentation du point d’indice de 0,8%. « Une augmentation accordée au titre du rattrapage de l’inflation pour l’année 2006 », précisent les syndicats qui estiment « jusqu’à 10% la perte de leur pouvoir d’achat en cinq ans ».
Silencieux jusqu’à présent, Nicolas Sarkozy pourrait bien intervenir, cette semaine, pour détailler une série de mesures en faveur du pouvoir d’achat. Sur la radio France Inter, son conseiller social Raymond Soubie a déclaré, lundi 19 novembre, qu’ « il n'est pas impossible que Nicolas Sarkozy s'exprime publiquement cette semaine sur des sujets plus globaux, l'économie et le social en France, le pouvoir d'achat, les réformes structurelles ». Selon le quotidien Le Figaro, le chef de l’Etat devrait même faire des annonces dès que les conflits auront cessé. Toujours selon Le Figaro, plusieurs mesures font actuellement l’objet d’examen comme notamment la possibilité aux entreprises d’accorder un 13ème mois sans charge.
Outre les salaires, les agents de la fonction publique hospitalière ont des revendications plus spécifiques comme le règlement d’heures supplémentaires impayées qui s’accumulent ou la dégradation des conditions de travail. Les reports de congés annuels, de jours de réductions du temps de travail (RTT) ou d’heures supplémentaires à l’hôpital représentaient à la fin 2005 quelque 2,2 millions de journées accumulées pour les personnels hospitaliers, selon un rapport officiel.
« Une fonction publique à deux vitesses »
L’autre revendication des fonctionnaires concerne les suppressions d’effectifs, les plus importantes de ces dix dernières années. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le budget 2008 prévoit de supprimer le remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, soit 22 921 postes, ce qui permettra d'économiser 458 millions d'euros en 2008. Certains ministères sont plus exposés, c’est le cas de l'Education nationale (-11 200 postes), la Défense (-6 037 postes), le ministère de l'Economie (-2 830) et celui de l’Intérieur (-2 236 postes).
« La révolution culturelle », promise par Nicolas Sarkozy suscite également l’inquiétude des fonctionnaires. Outre une rémunération au mérite, ce projet prévoit un assouplissement du statut de fonctionnaire qui permettrait notamment aux nouveaux entrants de choisir entre le statut actuel et un contrat privé négocié de gré à gré. Une véritable provocation pour les syndicats qui dénoncent « une fonction publique à deux vitesses dans laquelle l’usager-citoyen deviendra un client ». Les organisations syndicales ont prévu de se réunir, le mercredi 21 novembre au soir, pour discuter des suites de la grève.