par Farida Ayari
Article publié le 19/11/2007 Dernière mise à jour le 19/11/2007 à 17:47 TU
A Beyrouth, ce 19 novembre, Bernard Kouchner reconnaît que la « situation est beaucoup plus compliquée » que prévu et se déclare « moins optimiste ». Il y a une dizaine de jours, Monseigneur Nasrallah Sfeïr, patriarche de l’Eglise maronite, la plus importante église du Liban- et la communauté à laquelle revient le poste présidentiel en vertu du Pacte national (non écrit) de 1943, promu par
Il revient maintenant aux politiciens libanais de s’entendre sur un candidat, en particulier au chef de file de la majorité, Saad Hariri, et, pour l’opposition, au président du Parlement et chef du parti chiite Amal, Nabih Berri. Mais, alors que le compte à rebours a commencé, la situation paraît inextricablement bloquée.
Division dans le camp chrétien
Le blocage ne résulte pas tant de la division entre majorité et opposition, mais d’une cassure dans le camp chrétien depuis que le général Michel Aoun, le chef du Courant patriotique libre (CPL) qui avait raflé 70 % de l’électorat chrétien aux élections législatives de mai
Fort de sa légitimité électorale, le général Michel Aoun estime qu’il est le candidat le mieux placé à la succession d’Emile Lahoud. Ses partisans arguent que, fort du document d’entente mutuelle signé avec le Hezbollah, Michel Aoun est le seul homme politique capable de convaincre le parti chiite de baisser les armes et de dissoudre sa milice à l’aune d’une stratégie de défense nationale élaborée par toute les parties dans le cadre d’un dialogue national. Dialogue prévu par le Courant patriotique libre dans la feuille de route de sortie de crise, qui a été présentée le 28 juillet 2007 à Bernard Kouchner.
Le camp adverse, la majorité parlementaire forte de 68 députés sur 127, estime que le président de
Les enjeux régionaux
« Le drame du Liban, ce sont ses frontières : Israël et
L’apparition du Hezbollah sur la scène politique libanaise, dans les années 80, est, en effet, concomitante avec l’occupation du sud de Liban par l’armée israélienne. Le mouvement chiite, armé par
A l’époque,
Le retrait syrien du Liban, exigé par la résolution 1559 de septembre 2004 est effectif depuis avril 2005, après l’assassinat en février de l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri. Il n’a pourtant pas modéré les ardeurs du Hezbollah. En juillet 2006, l’enlèvement de deux soldats israéliens à la frontière libano-israélienne, coûtera au Liban une réaction israélienne très destructrice. Elle a fait près de 1 300 victimes et détruit les infrastructures du pays. Contrainte et forcée de quitter le Liban qu’elle considère comme son prolongement naturel et stratégique vers
Sous la pression internationale, et notamment celle de
L’occupation des hameaux de Chebaâ est le principal argument du Hezbollah pour ne pas désarmer sa milice aux termes de la résolution 1559. Dans ce contexte, le sort du Liban est plus que jamais lié au règlement du conflit israélo-arabe.
Liste de candidats établie par Monseigneur Nasrallah Sfeir, patriarche de l’Eglise maronite
Candidats de la majorité parlementaire :
Boutros Harb, député, 63 ans. Avocat, il est membre du Parlement depuis 1972. Ministre des Travaux publics et de l’Education (1979-1980) et ministre de l’Education (1990-1992).
Nassib Lahoud, 62 ans. Il est le cousin d’Emile Lahoud, président de
Proche de la maison royale d’Arabie Saoudite, sa belle-sœur est l’une des épouses du roi Abdallah. Ingénieur et homme d’affaires, Nassib Lahoud a créé le Parti du renouveau démocratique en 2000. En 1990-1991, il fut ambassadeur du Liban aux Etats-Unis, puis député entre 1991 et 2005.
Candidat de l’opposition :
Michel Aoun, 72 ans. Député et chef du Courant patriotique libre. Commandant en chef de l’armée de 1984 à 1988, il fut nommé Premier ministre par le président Amine Gemayel au cours de la crise politique de 1988. Après l’échec de sa guerre de libération contre l’armée syrienne, il s’exila en France en 1991. Michel Aoun rentre au Liban en mai 2005 et son parti remporte 22 sièges aux élections législatives.
Candidats indépendants :
Robert Ghanem, 65 ans. Avocat et député depuis 1992. Il fut ministre de l’Education et des Sports entre juin 1995 et novembre 1996. Allié, un temps avec la coalition au pouvoir, il prit ses distances il y a plusieurs mois.
Michel Edde, 79 ans. Ancien ministre dans divers portefeuilles entre 1966 et 1998. Il est le principal actionnaire du quotidien de langue française « L’Orient-le Jour ».
Michel Khoury, 84 ans, ancien gouverneur de
Selon « L’Orient-le Jour », Saad Hariri et Nabih Berri auraient retenu en lice les trois candidats indépendants.