par Toufik Benaichouche
Article publié le 21/11/2007 Dernière mise à jour le 21/11/2007 à 18:27 TU
Le Président palestinien Mahmoud Abbas (g) en discussion avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert (d), à l'issue de leur rencontre du 10 septembre 2007, à Jérusalem.
(Photo : Reuters)
Plus de 40 pays ont été invités à participer à la conférence d’Annapolis, aux Etats-Unis. La dernière initiative américaine de cette envergure, pour parvenir à régler le problème israélo-palestinien, remonte à 2000. Le président démocrate, Bill Clinton, avait alors organisé un sommet, à Camp David, entre le Premier ministre israélien, Ehud Barak, et le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat. L’échec de cette rencontre avait débouché sur la seconde intifada palestinienne.
Pour le moment, Israéliens et Palestiniens ne se sont toujours pas entendus sur l’ordre du jour de la conférence. Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, voudrait se contenter d’une déclaration générale sans un calendrier précis des futures négociations.
Au contraire, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, entend obtenir des échéances précises sur le tracé des frontières du futur Etat palestinien, sur la question du statut de Jérusalem (la partie orientale de la ville, conquise et annexée en 1967 par Israël, revendiquée par les Palestiniens pour en faire la capitale), le sort des colonies israéliennes établies sur le territoire palestinien qu’Israël compte ne pas restituer, et le droit au retour de plus de 4 millions de réfugiés de 1948 – autrement dit les Palestiniens, et leurs descendants, contraints de fuir la Palestine au moment de la création de l’Etat d’Israël.
Libération prochaine de 431 détenus palestiniens
Ehud Olmert voudrait également obtenir de ses interlocuteurs qu’ils reconnaissent le caractère juif de l’Etat Israël. Saeb Erakat, le négociateur en chef des Palestiniens à rétorqué qu’il ne s’agira pas de discuter du caractère religieux d’un Etat.
Autrement dit, l’ordre du jour de la conférence d’Annapolis est loin d’être fixé. Les collaborateurs des deux personnalités continuent sans relâche, et continueront probablement jusqu’à la dernière minute, à négocier pour trouver un accord avant le 27 novembre.
En attendant, Israël a pris des décisions présentées comme des gestes de bonne volonté en faveur des Palestiniens. Le Premier ministre israélien a annoncé la libération prochaine de 431 détenus palestiniens, tous membres du Fatah, sur les 11 000 prisonniers détenus par Israël. Ehud Olmert a également donné son accord pour la livraison de 50 véhicules blindés légers à l’Autorité palestinienne, auxquels s’ajouteront un millier de fusils et deux millions de balles de pistolet. Dans les faits, ces mesures renforceront Mahmoud Abbas dans sa lutte pour reconquérir Gaza, ou tout au moins pour empêcher le Hamas de prendre le contrôle de certaines localités de Cisjordanie. Le mouvement islamiste palestinien, lui, a beau jeu de dénoncer l’aide israélienne destinée à le combattre.
Redorer le blason des républicains
Reste que, aussi bien George Bush qu’Ehud Olmert et Mahmoud Abbas jouent leur crédibilité. Le président américain est en fin de mandat. Son parti, le Parti républicain, de plus en plus dénigré notamment pour sa gestion de la question irakienne, a perdu, lors des dernières élections, la présidence du Congrès, contrôlée désormais par les démocrates. Une réussite de la conférence d’Annapolis pourrait permettre aux républicains de redorer leur blason et peut-être leur donner des chances d’emporter la prochaine élection présidentielle en novembre 2008.
En Israël, Ehud Olmert, lui, est au plus bas dans les sondages : seuls 3% de la population israélienne lui font encore confiance, sans compter les multiples enquêtes pour des affaires de corruption dont il fait l’objet. Avigdor Lieberman, du parti d’extrême droite Beytouna lui a, en outre, quasiment lié les mains en faisant voter une loi au Parlement qui obligerait, pour toute question relative au statut de Jérusalem, d’obtenir au préalable l’accord de la Knesset. Quant à Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien, ses partisans ne contrôlent plus la bande de Gaza depuis que les militants du Hamas ont bouté, les armes à mains, le 15 juin dernier, les membres du Fatah, fidèles au président de l’Autorité palestinienne.
Les pays arabes : ira, ira pas ?
Les invitations formelles ont été envoyées mardi et aucune réponse officielle n'a encore été reçue des pays arabes comme la Syrie et l'Arabie Saoudite, dont la présence est fortement souhaitée par Washington,car elle donnerait plus de crédibilité à l'évènement.
Les pays arabes se réunissent jeudi et vendredi au Caire pour décider de leur participation à Annapolis. La Syrie a conditionné sa participation à la conférence à l'inclusion, dans les discussions, de la question du plateau du Golan, conquis par Israël en 1967, annexé en 1981, et dont Damas réclame la restitution totale.
L’Arabie Saoudite, traditionnel allié de Washington, réserve toujours sa réponse. Auteur d’un plan de paix en 2002 qui prévoit, pour peu qu’Israël se retire des territoires conquis en 67, une reconnaissance immédiate par l’ensemble des pays arabes de l’Etat hébreu, l’Arabie Saoudite a fait savoir quelle ne dépêchera un représentant à Annapolis que si les principaux sujets de discorde étaient traités.