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France

Grèves des transports : la facture

par Myriam Berber

Article publié le 23/11/2007 Dernière mise à jour le 23/11/2007 à 16:47 TU

Après neuf jours du mouvement contre la réforme des régimes spéciaux, le trafic s’est rétabli nettement, vendredi 23 novembre 2007, sur le réseau ferroviaire et dans les transports parisiens. Après les négociations, c’est désormais l’heure des comptes. L’impact économique de la grève reste difficile à chiffrer. De nombreux secteurs sont touchés, au-delà des seules entreprises de transport en conflit, la SNCF et la RATP. Côté grévistes, on estime entre 540 et 700 euros les sommes prélevées sur les salaires du mois de novembre.
Le métro parisien, le 22 novembre 2007.(Photo : Reuters)

Le métro parisien, le 22 novembre 2007.
(Photo : Reuters)

Aux premiers jours du conflit, le ministre de l’Economie et des Finances Christine Lagarde avait avancé une estimation de « 400 millions d’euros par jour », soit pour neuf jours de grève pleins : 3,6 milliards d’euros. De son côté, l’économiste Marc Touati, président du cabinet de conseil économique ACDEFI, estime, dans un entretien publié vendredi par le quotidien Le Parisien ce chiffre « nettement sous-évalué ». Pour lui, la facture sera plus lourde, il la chiffre « tout compris à 5 milliards d’euros, ce qui correspond à 0,3 point de PIB en moins ».

De nombreux secteurs de l’économie française ont été affectés par le mouvement entamé il y a plus d’une semaine par les salariés de la SNCF et de la RATP contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. Les entreprises en conflit, au premier rang desquelles la SNCF et la RATP, sont les plus touchées. La direction de la SNCF a évalué que la grève lui a coûté 20 millions d’euros par jour environ, soit pour neuf jours de grève pleins : 180 millions. C’est la branche fret, déjà en crise, qui a été le plus fortement pénalisée. Les industriels qui utilisent habituellement les chemins de fer pour le transport de marchandises ont enregistré des surcoûts liés à l’utilisation de transports alternatifs. Fret SNCF évalue le coût du conflit à « environ 80 millions d’euros de pertes de chiffre d’affaires », somme qui risque de creuser la perte déjà enregistrée en 2006, qui se montait à 260 millions.

Une compensation financière aux usagers

Pour chaque jour de grève, la RATP a dû verser 2 millions d’euros de pénalités au syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), l'autorité organisatrice des transports publics de Paris et de sa région. En juillet 2005, la RATP s’est, en effet, engagée à assurer 50% du trafic de bus, métro et RER en période de pointe et, à défaut, à indemniser le STIF. Hors indemnités, chaque jour de grève s’est traduit par une perte de 700 000 euros. Une facture qui devrait s’alourdir puisque le président de la RATP, Pierre Mongin, a annoncé, jeudi 22 novembre 2007, qu'il soumettrait la semaine prochaine à son conseil d'administration « une mesure de compensation financière » pour l'ensemble des abonnements de janvier 2008 afin d'indemniser les usagers affectés par la grève des transports publics. Cette mesure de compensation devrait être « élaborée en liaison » avec le secrétaire d'Etat aux Transports et le STIF. La direction de la SNCF va également proposer des dédommagements pour compenser les perturbations liées à la grève des cheminots.

Les jours de grève ne sont pas payés

Dans les deux entreprises, les grévistes ont fait les frais de leur mouvement, puisqu’ils vont voir leurs salaires amputés respectivement de 540 et 700 euros nets en moyenne et les dispositifs de solidarité mis en place par certains syndicats restent très symboliques. Les jours de grève ne sont pas payés par les deux entreprises. La SNCF retient pour chaque jour de grève un trentième du revenu net mensuel, primes comprises, ce qui correspond, au total, à 540 euros nets en moyenne. A la RATP, c'est 700 euros nets qui ne seront pas versés pour les 9 jours de grève.

La facture sera également lourde à payer pour de nombreux secteurs de l'économie. La Fédération nationale de l'habillement évoque « une baisse de 40 voire 50% » du chiffre d'affaires depuis quelques jours. Une estimation confirmée par l’Union des commerces de centre-ville qui regroupe notamment les grands magasins parisiens. Les hôtels-restaurants de la région parisienne paient également un lourd tribut, avec une baisse de la fréquentation entre 20 et 40%. En revanche, l’activité de la restauration est restée normale en province. Les théâtres et salles de concert ont aussi perdu des milliers de spectateurs, les chauffeurs de taxi, les organisateurs de salons et les loueurs de voitures également.

Mais la grève n’a pas fait que des perdants. Les vendeurs parisiens de vélos et de scooters ont ainsi profité de la grève. Les ventes de vélos ont doublé à Paris et en région parisienne. Les boutiques de locations de vélos ont triplé leur chiffre d’affaires. Enfin, la grève a profité à Internet. Le commerce en ligne a connu une effervescence inattendue. Bon nombre de Français bloqués chez eux se sont tournés vers la Toile pour faire leurs courses. C’est également le début de la période des fêtes de fin d’année, moment faste pour le commerce en ligne.