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Proche-Orient/Annapolis

Les colons de Cisjordanie s'accrochent

Article publié le 27/11/2007 Dernière mise à jour le 27/11/2007 à 12:19 TU

Une caravane à l'avant-poste de Maale Rehavam en Cisjordanie.(Photo : Karim Lebhour/RFI)

Une caravane à l'avant-poste de Maale Rehavam en Cisjordanie.
(Photo : Karim Lebhour/RFI)

« Cette terre appartient aux juifs. Personne n’a le droit de la diviser ». Malgré la promesse d’Ehud Olmert de démanteler les implantations sauvages de Cisjordanie après la conférence d’Annapolis, les colons de l’avant-poste de Maale Revaham se disent déterminés à ne pas partir.

Avec notre envoyé spécial à Maale Rehavam, Karim Lebhour

Rien n’indique la colonie de Maale Rehavam, qu’un écriteau griffonné à la main. Contrairement aux implantations voisines de Nokdim ou de Teqoa, dûment mentionnées sur les panneaux de signalisation routière, Maale Rehavam est un avant-poste illégal. L’un de ceux que le Premier ministre israélien a dû promettre de démanteler avant de se rendre à la conférence d’Annapolis (Etats-Unis) sur le Proche-Orient. La perspective d’un hypothétique règlement politique du conflit israélo-palestinien n’impressionne guère Danny Halamish, l’un des vingt-cinq habitants de cette colonie sauvage, au sud de Bethléem, à quelques encablures du village arabe de Zaatara : « Jamais, nous ne rendrons un seul grain de sable ! ».

Pour cet informaticien de 37 ans, la dizaine de caravanes accrochées au sommet d’une colline rocailleuse forment « la ligne de front de la guerre que nous menons pour rendre sa terre au peuple juif ». Aux yeux de la communauté internationale, ces colonies illégales au cœur de la Cisjordanie sont un sérieux obstacle à l’établissement d’un Etat palestinien.

L’organisation israélienne opposée à la colonisation, La Paix Maintenant, a recensé une centaine d’implantations sauvages en Cisjordanie, comme Maale Rehavam. La « feuille de route » approuvée par la communauté internationale en 2003 pour relancer les pourparlers de paix, prévoit qu’Israël évacue une cinquantaine d’avant-postes, mais cette engagement est resté quasiment lettre morte. Le sujet a terni les relations avec les Etats-Unis.

« Ce qui se passe à Annapolis n'a aucune importance »

A plusieurs reprises, la justice israélienne a ordonné l’évacuation des colons de Maale Revaham, sans que la décision soit jamais appliquée. Au contraire, depuis leur installation en 2001, les cahutes brinquebalantes ont progressivement bénéficié d’un raccordement au réseau électrique, d’un accès au téléphone et à l’eau courante. Le chemin caillouteux qui mène à l’implantation a récemment été en partie goudronné, grâce à des fonds privés, avec le soutien des autorités locales. Un poste militaire a été installé à l’entrée. Des soldats patrouillent régulièrement.

Cette attitude ambivalente des autorités israéliennes fait sourire Danny Halamish : « Un jour, ils disent que nous sommes illégaux et que nous devons partir immédiatement. Le lendemain, un fonctionnaire du ministère des Infrastructures vient nous voir pour discuter du raccordement à l’électricité » s’amuse t-il. La perspective d’un prochain démantèlement ne suscite que des haussements d’épaule. « Ce qui se passe à Annapolis n’a aucune importance. Nous allons continuer à nous développer et construire des logements en dur. Tout ce qu’il nous manque ce sont les fonds » assure Danny Halamish évoquant le projet d’une petite station électrique solaire.

« Ici, c’est chez nous ! » renchérit Anita, née à Philadelphie aux Etats-Unis, en montrant les vastes étendues du désert de Judée. « Cette terre appartient aux Juifs. Personne n’a le droit de la diviser. La conférence d’Annapolis est une énorme erreur. Si nous cédons quelque chose aux Arabes, cela risque de créer un précédent sur lequel nous ne pourrons pas revenir », martèle cette voisine de la colonie de Teqoa, qui porte autour de son cou un coquillage du Goush Katif, une colonie de Gaza évacuée par Ariel Sharon en septembre 2005.

« Ce qui s’est passé à Gaza ne se reproduira pas ici, jure Gady Himof, un jeune colon de 26 ans. S’ils veulent nous mettre dehors, on leur promet une belle bataille comme à Amona », dit-il en évoquant l’évacuation musclée de cet avant-poste du nord de la Cisjordanie ordonnée par Ehud Olmert en 2006. Les affrontements entre colons et policiers avaient fait plus de deux cents blessés. « De toute façon, un accord pourrait prendre des années, comme avec Oslo, ajoute Gady. Ils peuvent parler autant qu’ils le veulent. Nous, on sera toujours là ».

Selon le Bureau central des statistiques israélien, 267 500 Israéliens vivent dans les colonies de Cisjordanie. Un chiffre en augmentation de près de 6% par rapport à 2006.

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