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Chine-UE

Un sommet pour aplanir les dissensions

par Myriam Berber

Article publié le 27/11/2007 Dernière mise à jour le 27/11/2007 à 15:05 TU

Au menu des discussions du 10e sommet Union européenne-Chine qui se tient le 28 novembre 2007 à Pékin : la question du taux de change de l’euro par rapport à un yuan jugé sous-évalué. (Photo : Montage RFI)

Au menu des discussions du 10e sommet Union européenne-Chine qui se tient le 28 novembre 2007 à Pékin : la question du taux de change de l’euro par rapport à un yuan jugé sous-évalué.
(Photo : Montage RFI)

Plusieurs hauts responsables monétaires et financiers européens ont entamé, mardi 27 novembre 2007, une visite à Pékin pour notamment discuter de la sous-évaluation du yuan. Un sujet qui sera également abordé, mercredi, lors du 10e sommet annuel Chine-Union européenne où sont attendus José Socrates, le Premier ministre portugais dont le pays préside l'UE et José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Ces rencontres ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. L’Europe des Vingt-Sept, comme les Etats-Unis, accusent les autorités chinoises de ne pas respecter les règles du commerce international, de pratiquer du dumping et de ne pas assez lutter contre les contrefaçons.

Après les officiels américains en mai dernier, c’est donc au tour des Européens de se rendre à Pékin pour discuter de la question du yuan qu’ils jugent sous-évalué. Derrière les sourires de façade, les échanges risquent d’être vifs entre le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, accompagné du ministre des Finances, Xie Xuren, et la délégation européenne composée par le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et du commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.

De sérieux différents existent entre Pékin et l’Union européenne, avec au premier chef la question du taux de change de l’euro par rapport à un yuan jugé trop faible. Tout comme les Etats-Unis, l’Europe voit son déficit commercial avec la Chine se creuser. Il a atteint 130 milliards d’euros en 2006 et devrait encore augmenter de 20% à 25% cette année. En effet, la récente envolée de la monnaie unique ne laisse présager aucune amélioration.

Réformer le taux de change du yuan

La Chine est accusée de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations, ce qui lui procure un avantage par rapport aux Européens déjà pénalisés par la hausse de l’euro. En deux ans, le yuan s’est apprécié de 11,5% vis-à-vis du dollar, mais s’est déprécié de 9% vis-à-vis de l’euro. Pour calmer le jeu, la République populaire a engagé une série d’actions pour réformer le taux de change du yuan depuis juillet 2005 comme l’arrimage du yuan à un panier de devises et l’introduction d’une certaine flexibilité. Le gouverneur de la Banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a ainsi expliqué que les autorités étudiaient la possibilité d’élargir la marge de fluctuation du yuan. Actuellement, la valeur de la monnaie chinoise ne peut varier, chaque jour, que dans une bande flottante comprise entre plus 0,5% et moins 0,5%.

Mais il y a peu de chances qu’au-delà des déclarations de bonnes intentions, les Chinois agissent de manière volontariste. D’ailleurs, à l’issue de la rencontre entre les autorités monétaires et financières chinoises et européennes, un simple communiqué publié sur le site de la Banque centrale chinoise a souligné que les deux parties vont « coopérer pour contribuer aux réajustements nécessaires des déséquilibres mondiaux ». Toujours selon ce communiqué, les deux parties ont convenu « d’empêcher les fluctuations de grande ampleur des taux de change », sans plus de précisions.

Ce sujet sera également au menu des discussions du 10e sommet annuel UE-Chine qui se tient mercredi à Pékin. Hormis le débat sur la valeur du yuan, d’autres dossiers cruciaux vont être abordés lors de cette réunion. Deuxième partenaire commercial de la Chine, après les Etats-Unis, l’Europe accuse par ailleurs les autorités chinoises de différentes mesures de distorsion commerciale, notamment de pratiquer du dumping (exportation de produits à des prix inférieurs à leur coût de production). L'UE a appliqué à plusieurs reprises des taxes anti-dumping contre des produits chinois (chaussures, ampoules à basse consommation...).

Des taxes sur l’acier chinois

En octobre, les sidérurgistes européens ont, à leur tour, réclamé de telles taxes. Après le bond des exportations d'acier de la Chine vers l’Europe, Eurofer, la Fédération patronale européenne des industries de l'acier et du fer, a demandé, le 29 octobre 2007, à la Commission européenne, d'imposer des taxes sur l'acier importé de Chine, de Corée du Sud et de Taïwan. Ces plaintes pourraient être suivies d'autres. En effet, des milliers d’emplois européens sont en péril en raison des importations d’acier asiatique à bas coût.

L’Europe des Vingt-Sept et la Chine ont également un différend sur les droits de propriété intellectuelle, que l'UE accuse la Chine de violer. Européens et Américains accusent régulièrement Pékin de faire obstacle à la distribution de musiques, films et livres étrangers. Le piratage représente aujourd’hui pour les entreprises occidentales, un manque à gagner qui se chiffre en milliards de dollars et d’euros. Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a menacé en avril la Chine d'une procédure devant l'Organisation mondiale du commerce sur ce sujet. De leur côté, les Etats-Unis ont déposé, en avril 2007, deux plaintes contre la Chine devant l'OMC pour violation de la propriété intellectuelle.

Hormis les questions économiques, d’autres sujets vont être discutés lors de ce sommet comme notamment la défense des droits de l’homme et de l’environnement.