Article publié le 28/11/2007 Dernière mise à jour le 28/11/2007 à 12:56 TU
Le général Ashfaq Kiyani (d) désigné par le président pakistanais, Pervez Musharraf, lui succède à la tête des armées ce 28 novembre 2007 à Rawalpindi.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
«Vous êtes les sauveurs du Pakistan ». C'est en tout cas ce qu'a annoncé le général Musharraf en guise d'adieu aux troupes venues lui rendre un dernier hommage avant qu'il ne renonce à ses fonctions militaires.
C'est visiblement avec émotion que Pervez Musharraf a rendu son uniforme dans une cérémonie très solennelle de passation des pouvoirs. C'est à Rawalpindi, ville jumelle d'Islamabad et quartier général de l'armée pakistanaise, que le président a transmis son bâton de commandeur au général Ashfaq Kiyani, désormais nouveau chef des armées. Avec émotion, mais sans doute aussi avec un peu d'inquiétude, car Pervez Musharraf perd indéniablement de son pouvoir dans un pays où l'armée est omniprésente.
Le président Musharraf a ainsi accédé à la principale demande de l'opposition en abandonnant ses prérogatives militaires. Et demain, le chef de l'Etat, réélu le 6 octobre dernier, prêtera serment en tant que président civil pour un nouveau mandat de cinq ans.
Reste maintenant à savoir si cette concession de Pervez Musharraf suffira à convaincre les grandes figures de l'opposition de ne pas boycotter les élections législatives, qui doivent se tenir en janvier prochain dans un pays toujours sous état d'urgence.
Portrait d'Ashfaq Kiyani |
Ashfaq Kiyani, 55 ans, doit évidemment beaucoup au général Musharraf. Au moins, depuis 2003. Il obtient alors le commandement du puissant corps d'armée de Rawalpindi. Celui-là même, qui au coeur du pouvoir militaire, a mené la plupart des coups d'Etat au Pakistan, dont celui du général Musharraf, en octobre 1999. A l'époque, Kiyani n'était pas dans le premier cercle des putchistes, mais cette promotion à Rawalpindi, et plus encore sa nomination l'année suivante à la tête de l'ISI, les services de renseignement et de sécurité intérieure, témoignent de la confiance que lui accorde l'homme fort du pays. Une confiance qui culmine le mois dernier avec l'accession de Kiyani au rang de numéro deux de l'état-major, assuré dès lors de succéder au général Musharraf. C'est donc lui désormais, qui tient l'institution-clé du Pakistan, dont il est à la fois un produit classique et un peu décalé. Penjabi, comme ses pairs, mais d'origine bien plus modeste que la plupart d'entre eux. L'armée qui à coup sûr le suivra, si avec l'aval des Etats-Unis où il a fait une partie de ses études militaires, le général Kiyani juge un jour ou l'autre nécessaire d'abréger la présidence civile de son ex-mentor. |