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Zimbabwe

Au royaume de la pénurie

par Cyril Bensimon

Article publié le 03/12/2007 Dernière mise à jour le 03/12/2007 à 11:59 TU

Alors que la présence du Zimbabwe au sommet UE-Afrique de Lisbonne fait l’objet de polémiques, Cyril Bensimon s’est rendu sur place il y a quelques semaines. Le deuxième volet de son carnet de route nous emmène faire un tour dans un supermarché de Bulawayo, la deuxième ville du pays.

 

Bulawayo.(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Bulawayo.
(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

L’embarras du choix, voila un sentiment que la ménagère de Bulawayo ne risque pas de ressentir au moment de faire ses courses. Les supermarchés de cette ville, qui se vante d’avoir été électrifiée avant Londres, n’ont architecturalement rien à envier à leurs semblables d’Europe ou d’Amérique, mais leurs étals n’encouragent guère la consommation. Et pour cause, le rayon boucherie est vide, tout comme celui de la poissonnerie, de la boulangerie, des oléagineux, des laitages, des eaux minérales, des sodas ou des produits d’entretien.

Pour expliquer cette pénurie, il faut remonter au mois d’août dernier lorsque les autorités d’Harare ont imposé à tous les commerçants une baisse de 50 % de leurs prix à la vente. La mesure avait pour but de donner un coup de frein à l’hyper-inflation qui frappe le pays - officiellement plus de 8000% par an - mais le remède s’est finalement révélé pire que le mal initial.

Fil d'attente devant une boucherie.(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Fil d'attente devant une boucherie.
(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Des centaines de boutiquiers boycottant l’oukase gouvernemental ont été arrêtés et nombre de producteurs refusent désormais de vendre leur production à perte. En fait, les seuls à avoir bénéficié de cette décision sont les proches du régime, explique Herman. « Le jour où ils ont décidé d’appliquer cette mesure qui n’a aucune logique économique, les policiers et les milices du pouvoir ont pénétré dans les magasins, imposé aux patrons une baisse immédiate des prix et laissé la porte ouverte à leur famille et à leurs amis. Certains ont totalement dévalisé les commerces de la ville. Electroménager, alimentation, tout est parti en quelques heures », raconte ce cadre d’une grande entreprise.

Pour la ménagère sans appui politique, il faut donc se contenter de restes inabordables. L’aliment de base, la farine de maïs, manque cruellement. Quant aux fruits, ils sont devenus d’authentiques produits de luxe. Un kilo de pommes se négociait à plus de deux millions de dollars zimbabwéens il y a quelques semaines, l’équivalent de dix jours de salaire pour une institutrice.

Epicerie vide sur la route de Bulawayo.(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Epicerie vide sur la route de Bulawayo.
(Photo : Cyril Bensimon/RFI)