Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Zimbabwe

Les blancs du Zimbabwe, une espèce en voie d'extinction

par Cyril Bensimon

Article publié le 03/12/2007 Dernière mise à jour le 03/12/2007 à 12:27 TU

Troisième volet de notre série consacrée au Zimbabwe. Avant l’indépendance en 1980, la communauté blanche recensait plus de 220.000 âmes. 20 ans plus tard, au moment de la réforme agraire qui visait les fermiers blancs, les descendants de colons européens n’étaient plus que 80.000. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 30.000. Cyril Bensimon s’est rendu au Zimbabwe il y a quelques semaines. Il est parti à la rencontre de ces derniers « Rhodie », ces blancs qui vivent souvent encore dans la nostalgie d’une époque coloniale révolue.

 

Sur la route d'Harare.(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Sur la route d'Harare.
(Photo : Cyril Bensimon/RFI)

Accoudé au bar comme chaque fin d’après midi, Allister absorbe les bières à la vitesse d’une gigantesque éponge. Pour ce vieil Ecossais installé à Bulawayo, l’Afrique, le Zimbabwe, c’est fini. Il est l’heure de plier bagage. La semaine prochaine, l’ancien gardien de prison utilisera son billet retour pour l’Angleterre. « Après 50 ans en dehors du Royaume, je n’existe plus là bas, il reste 14 livres sur mon compte en banque », confie-t-il avec la pointe d’angoisse du père qui va prochainement dépendre de ses enfants.

Les Walker, eux, n’envisagent pas de quitter leur charmante véranda bordée de jacarandas et de flamboyants en fleurs. « Mes deux fils sont la cinquième génération née sur cette terre et eux n’ont plus ne veulent pas aller vivre ailleurs. Tout ce que nous avons est ici » annonce Madame entourée de ses trois molosses rhodésiens. Son mari, ancien fermier reconverti policier puis chasseur professionnel, approuve d’un regard désabusé. « La seule chose qu’il faudrait pour relever ce pays serait de véritables élections ; le problème c’est qu’elles n’arriveront pas » conclut la maîtresse des lieux.

Le changement, Claire veut encore y croire. Pour cela, elle s’est même engagée dans la lutte politique. « Je suis une idéaliste. J’aimerais être celle qui rallumera la lumière » plaisante la jeune femme. Pour rencontrer ses compagnons de l’opposition, il lui faut passer par des chemins détournés, se cacher de la police et de ses informateurs potentiels. Lors des réunions secrètes, les divisions internes du MDC concentrent l’essentiel de la conversation. Mugabe peut dormir tranquille. Ce front-là n’est guère menaçant.

A Harare, dans le quartier très chic de Borrowdale, la crise économique et la répression politique semblent lointaines. Les villas luxueuses, les restaurants à la mode et les centres commerciaux en plein air donnent au lieu des allures de banlieue californienne. La pénurie dans les supermarchés en plus.

Anciens grand fermiers du temps de la Rhodésie, professeurs progressistes ou modestes salariés, les blancs du Zimbabwe ne forment pas une communauté soudée. Et s’il ne leur reste qu’un sentiment commun, c’est sans doute la peur et la détestation de Robert Mugabe.