Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

« Dis, quand reviendras-tu ? »

par Florent Guignard

Article publié le 04/12/2007 Dernière mise à jour le 04/12/2007 à 18:58 TU

C’est le livre le plus attendu de la rentrée politique, signé Ségolène Royal : Ma plus belle histoire, C'EST VOUS. L’ancienne candidate socialiste à la présidentielle revient sur sa campagne et promet d’autres histoires. 

Ségolène Royal en meeting pendant la présidentielle. «<em>Peuple de France, comme je t'ai aimé pendant cette campagne !</em>», écrit l'ancienne candidate PS. 

		(Photo : F.Guignard/RFI)
Ségolène Royal en meeting pendant la présidentielle. «Peuple de France, comme je t'ai aimé pendant cette campagne !», écrit l'ancienne candidate PS.
(Photo : F.Guignard/RFI)

Tout est dans le titre. Ma plus belle histoire, C’EST VOUS. Lettres capitales comprises. C’est la chanson de Barbara, le mot « amour » en moins. Pas la peine d’insister : il est partout dans le livre. « Peuple de France, comme je t’ai aimé pendant cette campagne ! », s’exclame l’ex-candidate dès les premières pages. Le ton est donné. Lyrique, décalé, baroque. En un mot : royalien.

Ne pas attendre, en conséquence, de longue autocritique chez celle qui mit plusieurs semaines avant de prononcer le mot « défaite ». Oh, bien sûr concède-t-elle quelques erreurs, une campagne largement inorganisée ou une phase trop longue de débats participatifs. Mais on est dans l’esquisse, sinon dans l’esquive. La défaite, c’est les autres.

La faute d’abord au Parti socialiste, à tous ses éléphants, ce « troupeau d’éléphants qui a juré (…) de m’écraser », partagé entre « mépris, haine et envie » - et c’est vrai, ça se voyait sur les photos.

« Bécassine serial gaffeuse »

La faute aussi aux sondages, aux sondeurs, et à son adversaire, Nicolas Sarkozy, capable de « mises en scène mussolino-berlusconienne », passé maître dans l’art de « contrôler l’information » grâce aux pressions et aux amis.

La faute enfin à François Bayrou, lit-on entre les lignes. Ségolène Royal l'avait déjà confié quelques semaines après la présidentielle : « Il a manqué de courage... » Ici elle va plus loin. L’anecdote est savoureuse, qui semble tirée d’un vaudeville. Nous sommes dans l’entre-deux-tours. Un rendez-vous nocturne au domicile du troisième homme de la présidentielle. Un rendez-vous manqué. Ségolène Royal attend au pied de l’immeuble, dans sa voiture. Mais l'ex-candidat centriste finalement se dérobe, et refuse de lui ouvrir, « comme un amoureux qui craint la panne, ou comme un adultère risqué »… Cocasse.

Le livre ne manque pas d’humour, et Ségolène Royal sait aussi rire d’elle-même, des surnoms dont on l’a affublée, « Bécassine serial gaffeuse », de sa prétendue « nullité » sur les dossiers économiques et internationaux.

Mais le ton redevient grave quand il est question d’amour – le vrai. Les quelques lignes consacrées à François Hollande sont les plus personnelles – et les plus impudiques aussi. François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, et l’ex-compagnon.  « La candidate, écrit-elle à la troisième personne, n’a pas trouvé d’épaule où poser son front pour se lâcher, pour pleurer quand c’était dur (…). Alors elle n’a pas pleuré et elle a tenu. Sauf en écrivant ce livre, avec la douleur qui est remontée aux yeux, au corps, au bout des doigts ».  Du jamais lu dans un livre politique classique – mais Ségolène Royal a toujours prétendu faire de la politique « autrement ». L’avertissement est lancé : « Oui, pour gagner une prochaine fois (elle n’écrit pas la prochaine fois), il faudra le soutien de tout un parti et d’un compagnon amoureux, à fond avec la candidate ». Il y aura donc une prochaine fois.

« Un jour, nous nous retrouverons »

Dis, quand reviendras-tu ?, chantait aussi Barbara. Mais Ségolène Royal reste pour le moins évasive sur son avenir immédiat. Ce livre, expliquait-elle la veille de la sortie en librairie, « je l’ai voulu déconnecté des échéances futures ». Pas un mot sur le cambouis partisan, sur ses ambitions à la tête du Parti socialiste. Installée à Paris dans des locaux que lui prête l’ancien patron d’Yves Saint Laurent, Pierre Bergé, Ségolène Royal se lancera-t-elle dans la bataille pour succéder à François Hollande ? Elle ne veut pas en parler. Pas pour l’instant. Ses proches eux-mêmes sont divisés. Mais Ségolène Royal l’a promis : elle s’exprimera en janvier.

Le livre aura alors fait son chemin. Premier tirage annoncé : 90 000 exemplaires. « Une très belle mise en place », indique-t-on chez Grasset, l’éditeur. Un livre comme un test de popularité. « Un jour, nous nous retrouverons », conclut Ségolène Royal. Un livre comme une promesse. A son histoire, elle veut une suite.