par Julie Lerat
Article publié le 06/12/2007 Dernière mise à jour le 06/12/2007 à 17:17 TU
Le président français Nicolas Sarkozy, ce mercredi 5 décembre, au Palais de l'Elysée, et le président vénézuelien Hugo Chavez (g).
(Photo : Reuters)
Invité à entrer en scène par le président colombien Alvaro Uribe et par les guérilleros des FARC, le président français a fait un geste important en diffusant ces deux messages : il est là, et il le dit.
D’abord aux otages, à qui il a témoigné toute sa solidarité.
Mais surtout, aux FARC, le mouvement armé qui cherche, à travers les enlèvements d’étrangers et de Colombiens, à obtenir une reconnaissance internationale – quand ce n’est pas simplement une rançon. Cette reconnaissance, Nicolas Sarkozy leur en a donné un avant-goût.
Après son élection, le président français avait annoncé qu'il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour ramener Ingrid Betancourt auprès des siens. Cela semblait être une mission impossible tant les affaires colombiennes sont complexes. La guerre civile larvée, qui dure depuis 60 ans, se noue autour des relations très délicates entre la guérilla les Forces armées révolutionnaires de Colombie ( FARC), d’obédience marxiste léniniste intraitable, et le président Alvaro Uribe, ultra-conservateur, qui campe sur une position radicale et très majoritairement soutenue par l’opinion publique colombienne.
Mais les choses évoluent rapidement. Au mois de juin, dans un geste de bonne volonté unilatéral, le président colombien a relâché 120 membres de la guérilla. A la demande de Nicolas Sarkozy, il a également libéré Rodrigo Granda, l'un des dirigeants des FARC, dans l’espoir que Rodrigo Granda jouerait les émissaires entre le pouvoir colombien et Manuel Marulanda, le chef historique de la guérilla.
Il faut attendre la fin août 2007 pour qu'une percée se produise. Le 31 août, à la demande d'Alvaro Uribe, Hugo Chavez, le président vénézuélien, accepte de jouer les médiateurs. L'idée étant que les positions très anti-américaines de Chavez pourraient l'aider à jouer les intermédiaires.
Des allers et venues ont lieu entre la jungle colombienne et Caracas, au Venezuela, où le président Chavez reçoit un émissaire des FARC. Il obtient alors la promesse que les FARC fourniront des preuves de vie des otages et en particulier d’Ingrid Betancourt.
Mais, en visite à Paris, le 20 novembre, le président vénézuélien se montre incapable de fournir ces preuves de vie. Il faudra attendre dix jours pour qu’elles soient finalement diffusées…par les autorités colombiennes.
Bogota a alors déjà mis un terme à la mission de médiation du président Hugo Chavez et les relations entre la Colombie et le Venezuela sont au plus mal.
A la publication des photos, des films et de la lettre d'Ingrid Betancourt détaillant ses conditions de survie, l'émotion est considérable.
Hugo Chavez ayant été éloigné des négociations avec les FARC, la famille de l'otage franco-colombienne se retourne donc vers Nicolas Sarkozy en le suppliant une nouvelle fois d'intervenir. Le président Alvaro Uribe est d'accord.
Mais surtout, les FARC font savoir que le président français peut jouer un rôle important. Ce qui leur permet de rester aux avant-postes de l'actualité internationale.
Le geste des FARC est peut-être, aussi, le signe d'une évolution : comme si les objectifs politiques qu'elles s'étaient fixés - obtenir une reconnaissance internationale - étaient atteints et que la question des otages pouvait être réglée.
Mais Ingrid Betancourt en famille à Noël, comme le souhaite Nicolas Sarkozy, semble être encore du rêve et seulement du rêve.
Ancien Premier ministre français
« Il appartient à chacun de jouer son rôle et, de ce fait, la France a un rôle prépondérant à jouer, rempli par Nicolas Sarkozy. »
Secrétaire d'Etat française aux Affaires étrangères et européennes
« On mesure complètement les dangers mais tout cela se discute, le président réfléchit à la manière d'opérer le mieux possible. »