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Conférence de Bali

Les Etats-Unis montrés du doigt

Article publié le 13/12/2007 Dernière mise à jour le 14/12/2007 à 11:49 TU

L'ex-vice président américain et prix Nobel Al Gore s'exprime à la tribune de la Conférence de Bali, ce jeudi 13 décembre.  (Photo : Reuters)

L'ex-vice président américain et prix Nobel Al Gore s'exprime à la tribune de la Conférence de Bali, ce jeudi 13 décembre.
(Photo : Reuters)

A Bali, le prix Nobel de la Paix, l'américain Al Gore, a lancé une charge contre son propre pays et proposé de "contourner l'éléphant américain" pour pouvoir passer à l'action. L'Union européenne et les Etats-Unis s'accusent mutuellement d’entraver la rédaction de la déclaration finale de cette conférence des Nations unies sur le climat qui s’achève vendredi 14 décembre. L'enjeu: organiser un nouveau cycle de négociations de deux ans pour parvenir à un accord climatique global. Celui-ci succéderait au protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2012. Après avoir rejeté Kyoto, les Etats-Unis refusent de s’engager à Bali sur une réduction chiffrée de leurs émissions polluantes. Une contrainte qui s’impose de plus en plus aux industriels soucieux de voir clarifier les règles du jeu à long terme.

Avec notre envoyé spécial à Bali, Bruno Daroux

La passe d’armes indonésienne entre Washington et Bruxelles témoigne des difficultés européennes à organiser dans les pays industrialisés une avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique capable de donner l’exemple aux pays du Sud dont le développement s’avère prodigue en CO2. Sur la ligne des Etats-Unis, l’Australie et le Japon refusent en effet l’objectif de réduction de 25 à 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020, des chiffres inspirés par les travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques (Giec) «nobélisé» cette année avec l'ancien vice-président américain Al Gore.

Yvo de Boer, le secrétaire exécutif de la convention-cadre de l'Onu sur le changement climatique est très inquiet. C’est quitte ou double, lance-t-il en ajoutant:que «si nous ne parvenons pas à trouver un accord sur le futur, le château de cartes de Bali s'effondre». Pour sa part, Washington veut bien participer au prochain traité, mais à ses propres conditions, c’est-à-dire sans comptabiliser ses émissions nocives. Pour afficher malgré tout une action en la matière dans une instance qui leur serait plus favorable, les Etats-unis ont programmé pour janvier, à Hawaï, une réunion des principaux pollueurs. Bruxelles menace de la boycotter en notant que discuter à Hawaï n’aura «aucun sens» si Bali échoue.

«Mon propre pays, les Etats-Unis, est le principal responsable de l'obstruction à tout progrès ici à Bali», affirme pour sa part Al Gore. Pour avancer, dit-il, le mieux c’est de «laisser un vaste espace blanc avec une note en bas de page» dans le document final de vendredi. En clair, le Nobel de la paix écologique suggère à Bali de contourner l’obstacle américain. Dans deux ans, ajoute-t-il, «mon pays ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui». 2009, c’est en effet la date butoir au-delà de laquelle la lutte mondiale contre le réchauffement planétaire pourrait rapidement s’effilocher à défaut d’un accord global et circonstancié.

Al Gore

Prix Nobel de la Paix 2007

« Dans deux ans mon pays ne sera plus ce qu'il est aujourd'hui. »

Si les ministres de l’environnement sont en service commandés à Bali, les uns pour temporiser, les autres pour faire admettre une feuille de route en prolongation de Kyoto, le monde des affaires est lui aussi très attentif aux nouvelles contraintes environnementales. Certaines exigent des investissements en infrastructures lourdes  (le retraitement des déchets par exemple) qui pèsent sur les coûts de revient quand d’autres au contraire s’avèrent rimer avec profit (la limitation de la consommation énergétique en particulier). Toutes sont inégalement respectées, voire imposées, en fonction de législations nationales qui restent à modulation variable.

Un accord conclu à Bali permettrait d’envisager un nouveau traité d’ici 2009 ce qui donnerait le temps aux Etats de ratifier un texte commun d’ici 2012 et de faire connaître leurs directives aux industriels. Ceux-ci réclament justement un calendrier clair et un programme suffisamment précis pour qu’ils puissent décider de l’opportunité d’investir dans les technologies vertes. C’est bien évidemment crucial. A défaut de règles du jeu écologique dûment rendues publiques, ils pourront difficilement mesurer leur compétitivité sur le marché international et répugneront à se risquer dans des investissements à longue durée d’amortissement.

Les investisseurs privés à la conférence de Bali

Laurent Corbier, président de la commission environnement et énergie de la Chambre de commerce internationale.

« Avant de déclencher le flux de financements privés, ce qu'attend la communauté des affaires, c'est un peu de clarté, de « prédictabilité », sur la période qui s'ouvrira au-delà de 2012. »

écouter 11 min 31 sec

13/12/2007 par Bruno Daroux

S’entendre sur des «mesures d’adaptation» des pays pauvres aux changements climatiques ou favoriser les transferts de technologie ne sont pas non plus aussi simple qu’il y paraît dans un monde globalisé soumis aux lois économiques de la concurrence. Là-dessus aussi, les hommes d’affaires veulent pouvoir obtenir des assurances à long terme. Quant aux Etats, ils doivent d’ores et déjà se préparer à des coûts d’une toute autre ampleur face au réchauffement climatique qui menace d’assécher certaines zones d’habitat humain et d’en engloutir d’autres, la fonte des glaces du Grand Nord gonflant les océans. De l’avis des spécialistes, en effet, gérer la pollution comme une marchandise en échangeant des trop-pleins d’émissions de gaz risque de ne pas suffire à sauver la planète.

Jean-Louis Borloo, ministre français de l'Ecologie

« Il nous reste deux grands sujets : celui des engagements clairs, chiffrés et quantifiés, et celui des transferts de technologies. »

écouter 1 min 12 sec

13/12/2007 par Bruno Daroux