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Russie / Biélorussie

De longues fiançailles

par François Cardona

Article publié le 14/12/2007 Dernière mise à jour le 14/12/2007 à 19:58 TU

Le président russe Vladimir Poutine (g) lors de la conférence de presse avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko.(Photo : Reuters)

Le président russe Vladimir Poutine (g) lors de la conférence de presse avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko.
(Photo : Reuters)

Le président russe était en Biélorussie ce vendredi, une première depuis le début de son mandat en 2000, et cette visite a suscité de nombreuses spéculations. Vladimir Poutine, qui ne peut se représenter à l’élection présidentielle russe de mars prochain, envisagerait en effet de devenir le président de l'Union Russie-Biélorussie en gestation depuis dix ans. Cette hypothèse de reconversion politique a néanmoins été démentie par Minsk et Moscou.

Créée en 1997, l’Union Russie-Biélorussie devait permettre la fusion de la Russie et de la Biélorussie dans un même Etat. Mais en dix ans, cet ambitieux projet n’a guère avancé, notamment à cause des relations conflictuelles entre ces deux pays frontaliers. La venue de Vladimir Poutine à Minsk semble avoir pour objectif de relancer les discussions. Ce vendredi, le président russe et son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, ont participé à une réunion du Conseil d’Etat de l’Union. Les deux dirigeants ont, semble-t-il, fait des efforts pour mettre de côté les sujets de discordes.

« Racket »

La Biélorussie dépend en effet du gaz russe dont le prix est fixé par Gazprom, le géant gazier russe. Or ce prix a doublé l’an dernier et le président biélorusse n’avait pas hésité à qualifier cette augmentation de « racket ». A l’issue de la réunion ce vendredi à Minsk, Vladimir Poutine a donné des gages à Alexandre Loukachenko affirmant que « les prix du gaz pour les partenaires biélorusses [n’allaient] pas augmenter ».

La Biélorussie et la Russie sont également tombées d’accord ce vendredi sur la question du bouclier antimissile que les Etats-Unis ont prévu de déployer en Pologne et en République tchèque. Ce vendredi, Alexandre Loukachenko a déclaré que « la Biélorussie était prête à assumer son rôle sur les questions liées au déploiement », s’alignant de fait sur la position russe, farouchement opposée au projet américain.

Impossible partage du pouvoir

Un accord rapide sur l’Union Russie-Biélorussie semble néanmoins beaucoup plus hypothétique. Les tentatives précédentes en vue de réunir les deux pays ont toutes échoué, en partie à cause de leurs dirigeants respectifs qui lorgnaient sur le poste de président de l’Union. Or le partage du pouvoir entre Moscou et Minsk doit être défini par un acte constitutionnel et sa signature traîne depuis des années.

Certes, une union douanière et une coopération en matière d’immigration lient les deux Etats. Et depuis 1997, l’Union dispose d’une assemblée parlementaire et d’un secrétariat, doté d’un budget annuel de 164 millions de dollars. Mais des dissensions profondes sur le choix de l’homme qui prendrait la tête de cette instance, et sur la mise en place d’une monnaie commune empêchent le renforcement de l’Union Russie-Biélorussie.

Poutine, président de l’Union Russie-Biélorussie ?

L’annonce de la visite de Vladimir Poutine à Minsk a donc suscité de nombreuses spéculations. Le président russe ne pouvant pas se représenter aux prochaines élections présidentielles du 2 mars prochain, de nombreux observateurs ont suggéré que le chef incontesté du Kremlin pourrait vouloir devenir président du nouvel Etat Russie-Biélorussie. Il lui faudrait pour cela convaincre Alexandre Loukachenko de se contenter du poste de vice-président. Une élection pourrait également être organisée dans les deux pays afin de leur désigner un président commun, et les présidents russe et biélorusse deviendraient de simples vice-présidents.

Une troisième solution consiste en une Union dirigée par une présidence tournante, assurée à tour de rôle par les présidents russe et biélorusse. Mais aucun de ces scénarios ne semble réaliste, car jusqu’ici le président russe et son homologue biélorusse n’ont jamais réussi à s’entendre. En octobre dernier, Alexandre Loukachenko a même affirmé avoir eu « envie de vomir » en voyant le congrès du parti « Russie unie » de Vladimir Poutine.