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France / Libye

La fin du souk diplomatique

par  RFI

Article publié le 15/12/2007 Dernière mise à jour le 15/12/2007 à 10:19 TU

Mouammar Kadhafi en visite au château de Versailles.( Photo : AFP )

Mouammar Kadhafi en visite au château de Versailles.
( Photo : AFP )

Mouammar Kadhafi quitte la France ce samedi après 5 jours d'une visite très controversée, et après un dernier couac, de vives accusations du ministre des Affaires étrangères libyen contre Bernard Kouchner. « J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire », s'est une nouvelle fois justifié Nicolas Sarkozy. Le président libyen quitte la France pour l'Espagne où il entame lundi une visite officielle.

Pendant 5 jours, la France a vécu à l'heure de Mouammar Kadhafi et de son programme chaotique . L'imprévisible numéro 1 libyen a bousculé tous les usages diplomatiques en multipliant les prises de parole et les propos provocateurs.

Dès mardi, au lendemain de son premier entretien avec Nicolas Sarkozy, il a pris le contre-pied des déclarations du président français.« Non, a-t-il dit, nous n'avons pas évoqué le sujet des droits de l'homme... ». Le soir même à l'UNESCO, dans un discours très applaudi, prononcé devant des centaines de membres de la communauté africaine, Mouammar Kadhafi a dénoncé la condition des immigrés en Europe et en France. « Avant de parler des droits de l'homme, a-t-il lancé, il faut vérifier que les immigrés bénéficient chez vous de ces droits...».

Pendant les 5 jours de la visite, les condamnations ont fusé, venant  surtout de l'opposition ; mais le malaise n'a cessé de croître aussi dans les rangs de la majorité.

Jusqu'au bout, Nicolas Sarkozy a défendu la visite de son hôte difficile, dénonçant ceux qui avaient « réagi avec excès et sans responsabilité... J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire », a-t-il dit hier à Bruxelles.

Dès le 1er jour, les 2 pays ont signé une série d'accords portant, selon la présidence, sur 10 milliards d'euros (ce chiffre comprend plusieurs promesses). Une bonne moisson pour la France, et une victoire pour Mouammar Kadhafi, qui obtient la consécration d'un pays occidental. Une consécration qui lui ouvre peut-être la voie vers Washington : la Libye et les Etats-Unis viennent justement d'annoncer que le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelrahman Chalgam rencontrerait son homologue américain Condoleeza Rice le 3 janvier, sur le territoire américain.

La Libye et le Darfour

Il y a peu, un diplomate français faisait les louanges de Mouammar  Kadhafi sur le dossier du Darfour. Il présentait le Guide comme un bon connaisseur de la rébellion, capable de convaincre les mouvements de rejoindre un processus de paix voulu par la communauté internationale. « Kadhafi, disait ce diplomate, est devenu un allié de l'Occident sur cette question du Darfour... ».

Mais à l'occasion d'une réception à l'Assemblée nationale, Mouammar Kadhafi vient de rappeler qu'il restait maître de son propre jeu. Il a répété que l'internationalisation de la crise était une mauvaise chose : « Si nous laissons les habitants du Darfour se débrouiller eux-mêmes, a-t-il assuré, la crise se terminera par elle-même ». Une position qu'il avait déjà développée, à Syrte, lors de la cérémonie d'ouverture des pourparlers, devant des médiateurs médusés.

Des propos que son ministre des Affaires étrangères a tenu à nuancer :

Abdelrahman Chalgam

Ministre libyen des Affaires étrangères

« Il n'y a pas de différends à ce sujet... Nous disons que le problème du Darfour aurait pu être réglé dès le départ au niveau africain et même par les pays limitrophes... »

Mouammar Kadhafi n'est pas seulement insaisissable, il peut aussi faire barrage aux plans de la communauté internationale... ou de la France. Il voit d'un très mauvais oeil les perspectives de déploiement à l'Est du Tchad et à l'Ouest du Soudan. C'est lui qui au départ avait incité Idriss Déby, le président du Tchad, à refuser la présence d'une force militaire. Dans une interview à la presse française, il y a une semaine, son fils, Seif el-Islam, a estimé que le Guide était toujours contre le principe de l'Eufor, la force européenne qui doit se déployer au Tchad..

A écouter

Abdelrahman Chalgam

Ministre libyen des Affaires étrangères

« Comment Bernard Kouchner, un homme qui est venu chez nous, qui a parlé avec nous, qui signe avec nous à Tripoli, peut-il changer d’avis en rentrant à Paris ? Je l’ai entendu à plusieurs reprises faire  des déclarations le matin et se rétracter le soir... »

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