par RFI
Article publié le 18/12/2007 Dernière mise à jour le 19/12/2007 à 00:08 TU
C'est une candidate au plus bas dans les sondages qui, le 23 février 2002, décide d'accompagner le chef de l'Etat en exercice à San Vincente de Caguan. Ceci pour officialiser le retour de cette localité sous le contrôle de l'armée.
Deux jours auparavant, le président Andres Pastrana a brutalement interrompu le processus de paix avec la guérilla qui, en trois ans, n'a débouché sur rien de concret, et a lancé une offensive militaire pour récupérer les territoires cédés aux FARC.
Mais il n'y a pas de place pour Ingrid Betancourt dans l'hélicoptère affrété par les autorités. La Franco-Colombienne ne se démonte pas : elle veut à tout prix se rendre dans cette localité symbolique, puisqu'elle a abrité les négociations de paix.
Ingrid Betancourt décide donc de prendre la route, malgré les avertissements du gouvernement qui l'alerte sur la présence de guérilleros. Fort d'une rencontre quelques années auparavant avec Manuel Marulanda, le tout-puissant chef de la lutte armée, elle pense sans doute que les FARC ne lui feront rien de mal.
Sur la route, un barrage militaire tente de stopper le convoi. La candidate passe outre, donne l'ordre à son chauffeur de poursuivre. Elle est arrêtée par la lutte armée quelques kilomètres plus loin. Elle n'est depuis jamais ressortie des profondeurs de la jungle colombienne.
Les FARC, des guérilleros vieillissants
Les FARC, les Forces armées révolutionnaires colombiennes ont été créées en 1964 et leur fondateur Manuel Marulanda, aujourd'hui âgé de 77 ans, dirige toujours le mouvement.
Composées au départ de paysans communistes armés, les FARC ont réussi à recruter quelques intellectuels dans les années 80 et 90, au plus fort de la guerre sale menée par les paramilitaires d'extrême droite.
Mais la guérilla a aujourd'hui perdu de vue ses idéaux révolutionnaires. A l'origine utilisé comme un outil de financement au service d'objectifs politiques, le trafic de drogue est devenu au fil des années l'activité principale des FARC.
La guérilla pratique également les enlèvements politiques et surtout économiques. Le fonctionnement du mouvement est de type «stalinien», avec une direction collégiale de sept membres présidée par Manuel Marulanda. La désertion est punie de mort, et dans les campements, tout est régi par le commandant, y compris les relations de couple.
Depuis l'accession d'Uribe à la présidence en 2002, l'armée colombienne s'est considérablement renforcée et a intensifié ses assauts contre la guérilla. Les FARC ne parviennent plus à organiser des attaques massives contre des garnisons ou des villes comme elles le faisaient auparavant et se sont retranchées dans l'immense jungle colombienne, où elle compteraient 10 à 15 000 combattants.