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Colombie/Otages

Le texte de l’entretien Fillon / Uribe sur RFI et Europe 1

Article publié le 19/12/2007 Dernière mise à jour le 19/12/2007 à 14:59 TU

Premier temps de cet entretien, le Premier ministre français, François Fillon, réagit à l’annonce de la libération des trois otages que les FARC affirment être prêtes à relâcher. Il revient sur les pressions effectuées par la France et la mobilisation des pays sud-américains.

Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) : Monsieur le Premier ministre, François Fillon, merci d’être avec nous pour cette opération menée avec Radio France Internationale et TV5 Monde. Radio France Internationale peut être écoutée là où est en ce moment Ingrid. Nous vous remercions d’être là avec nous, et peut-être même avec elle en direct.

Les FARC devraient libérer donc trois otages dont l’amie d’Ingrid Betancourt. Est-ce que c’est de bon augure pour les autres otages, et pour elle-même ?

François Fillon : oui, bien sur. Il faut d’abord prendre cette nouvelle avec la mesure qui s’impose parce que ces otages ne sont pas encore libérés. Mais on sent qu’il y a un processus qui s’est mis en place, et ce processus correspond très exactement aux initiatives qui ont été prises par la France il y a plusieurs semaines, sous l’autorité du président de la République. D’abord, il y a eu la médiation du président Chavez pour obtenir les preuves de vie. Et ces preuves de vie, ces images et cette lettre ont eu un effet extraordinaire dans le monde entier. J’étais en Amérique latine la semaine dernière et j’ai été très frappé de voir que la question de la libération d’Ingrid Betancourt, qui n’était pas jusque là au cœur de la préoccupation des habitants de cette région, dans un sous-continent où les enlèvements sont banalisés, était tout d’un coup devenue une grande cause nationale dans tous les pays d’Amérique latine grâce aux images qui étaient tellement poignantes et grâce à cette lettre tellement profonde et tellement extraordinaire.

Le fait que le président de la République se soit adressé directement au responsable des FARC a eu évidemment un effet considérable. Et on a l’impression que le processus de libération, en tout cas de négociation se met en place.

Alejandro Valente (RFI) : Quand on écoute ce que disent les FARC, on voit que la « piste Venezuela », la piste Chavez, n’a jamais été abandonnée par la France dans cette affaire ?

FF : Nous respectons naturellement la souveraineté de chaque Etat, et en particulier celle de la Colombie, mais nous disons que tous ceux qui peuvent participer, servir à la libération d’Ingrid Betancourt sont les bienvenus. Le président Chavez, le président Lula auquel j’ai personnellement demandé de jouer un rôle - que sa dimension et son poids dans la région rend évidemment très important - Madame Kirchner qui a elle-même, dès son discours d’intronisation devant le Parlement argentin, placé la libération d’Ingrid Betancourt au cœur des préoccupations politiques de l’Argentine. Tous les chefs d’Etat d’Amérique latine sont mobilisés, et je pense que c’est très important.

JPE : On voit donc réapparaître ce matin un léger espoir pour les otages, et peut-être pour Ingrid ?

FF : C’est plus qu’un léger espoir puisqu’au fond, ça fait presque six ans qu’il ne se passait rien. On en était même à se demander si Ingrid Betancourt était vivante. Et là, tout d’un coup, en l’espace de trois semaines, on l’a vue. On sait malheureusement qu’elle est mal en point et qu’il y a urgence à la libérer. Et c’est d’ailleurs tout le message de la France. Il y a évidemment des problèmes politiques, des discussions qui doivent avoir lieu entre les FARC et le gouvernement colombien. On comprend tout ça. Mais là, je dis, au président Uribe : « il y a une urgence humanitaire, cette femme peut mourir ». Celui qui portera la responsabilité de sa mort portera une responsabilité énorme. Et je pense que personne ne veut assumer cette responsabilité.

JPE : Hugo Chavez a annoncé cette nuit que des Brésiliens et des officiels français participeraient à l’accueil des otages. Ce serait qui ? Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy, ou vous-même ?

FF : Non, je n’en sais rien, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une demande pour que le contact avec les FARC soit établi par une délégation qui soit « impartiale ». La France est très mobilisée, je ne peux pas vous en dire plus sur ce sujet. Elle a mis en œuvre tout ce qui est nécessaire, et tous les canaux nécessaires, pour obtenir satisfaction.

AV : On parle de la frontière brésilienne comme lieu de libération. Vous pouvez nous le confirmer ?

FF : Non, je ne peux rien confirmer du tout. On ne sait pas où est Ingrid Betancourt. On ne sait pas d’ailleurs d’où viennent les otages. Il est possible que ces otages ne soient pas au même endroit, la frontière équatorienne est également un lieu possible. C’est toute la difficulté de cette affaire, d’ailleurs. Les FARC se déplacent dans une zone qui est énorme, plus grande que la France. Et on voit que la circulation de l’information y est très lente puisqu’il faut presque quinze jours pour échanger un message.

...Suite de l'entretien, intervention du président colombien Alvaro Uribe.

A écouter

Ecouter l'entretien exclusif : Alvaro Uribe et François Fillon

Le président colombien et le Premier ministre français répondent aux questions de RFI et Europe 1

19/12/2007 par RFI

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