par Stefanie Schüler
Article publié le 26/12/2007 Dernière mise à jour le 26/12/2007 à 21:37 TU
Cette année, 42 condamnés à mort ont été exécutés aux Etats-Unis. Tandis que quarante des cinquante Etats américains n’ont pas procédé à une exécution en 2007, les deux tiers d’entre elles ont eu lieu dans le seul Etat du Texas. En même temps, la peine capitale fait de plus en plus débat au sein de la société américaine.
Jamais en treize ans le nombre d’exécutions aux Etats-Unis n’a été aussi bas. Selon le rapport annuel du Centre d’information sur la peine de mort, 42 condamnés ont été exécutés, ce qui représente une baisse d’environ 20 % par rapport à l’année précédente.
Cette baisse spectaculaire s’explique principalement par un moratoire qui fait actuellement objet d’un recours devant la Cour suprême des Etats-Unis. Celle-ci doit déterminer si l’injection mortelle s’apparente aux traitement « cruels et inhumains » interdits par la Constitution. Deux-tiers des exécutions aux Etats-Unis se font par injection létale, bien que celle-ci puisse être extrêmement douloureuse et longue si elle est mal administrée. La décision de la Cour suprême est attendue en juin 2008. Jusque-là et depuis septembre dernier, les exécutions par injections mortelles ont été de facto suspendues.
Mais nombreux sont des analystes qui observent, au-delà de la suspension temporaire des injections mortelles, une réorientation plus globale des Américains concernant la peine capitale. Si la majorité des citoyens est toujours favorable à la peine capitale, des réflexions d’un autre ordre se font petit à petit une place dans le débat public : « Ce n’est pas tant la peine de mort en elle-même qui les choque, mais l’idée que l’on puisse envoyer à l’injection létale ou à la chaise électrique un innocent », explique l’avocat français Richard Sédillot qui est membre d'Ensemble contre la peine de mort. « Et puis il y a eu aussi tout le débat sur les conditions d’exécutions qui a pu également heurter la conscience des Américains lorsque les médecins ont rappelé que des conditions d’exécution pouvaient générer des grandes souffrances ».
« Les Américains commencent à se poser des questions »
« On assiste à une baisse d’exécutions, à une baisse de condamnations à mort aussi. Les gens commencent vraiment à se poser des questions sur la peine capitale. L’idée de mettre un terme à ce système s’est frayée un chemin dans la conscience américaine », estime aussi Joshua Marquis, vice-président de l’association des procureurs généraux aux Etats-Unis.
Ces derniers mois, le débat public sur les exécutions a été particulièrement animé dans l’Etat de New Jersey, qui a finalement aboli la peine de mort la semaine dernière. Les onze prisonniers qui attendaient encore dans le couloir de la mort ont vu leurs peines commuées en une condamnation de prison à perpétuité, sans possibilité de libération anticipée. Bien que le quotidien New York Times souligne dans ses colonnes que l’abolition de la peine de mort dans le New Jersey était « entièrement symbolique, car personne n’y a été exécuté depuis 1963 », la décision de cet Etat pourrait être bientôt suivie par d’autres Etats américains : le Nouveau Mexique, le Montana ainsi que le Nebraska ont déjà lancé des démarches similaires.
Le Texas – l’exception qui confirme la règle
La baisse du nombre d’exécutions aux Etats-Unis se poursuit déjà depuis une dizaine d’années. Seule exception à cette tendance générale : le Texas. En 2007, 60% des exécutions ont été conduites dans cet Etat, soit 26 exécutés sur 42.
Le taux de condamnations à mort n’est pas particulièrement élevé, vu le chiffre d’assassinats au Texas. Mais à en croire Richard Dieter, les autorités texanes se presseraient plus que leurs collègues dans d’autres Etats pour procéder à une exécution, une fois la condamnation annoncée. D’après ce directeur du Centre d’information sur la peine de mort, qui militait activement pour l’abolition de la peine capitale « il y a presqu’une certaine agressivité de procéder à une exécution » au Texas.
Ces observations, qui correspondent à une certaine réputation du Texas, ont été toutefois contredites par une équipe d’universitaires. En plein débat sur la peine de mort aux Etats-Unis, trois professeurs de la faculté de Cornell publient une étude dans le très renommé Journal of Empirical Legal Studies, selon laquelle procureurs et jurés texans ne seraient pas plus disposés à condamner une personne à mort que dans le reste du pays.