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Colombie/Venezuela

L’opération «Emmanuel» s’achève sur un apparent fiasco

par Caroline Langlois

Article publié le 01/01/2008 Dernière mise à jour le 01/01/2008 à 20:42 TU

L’opération « Emmanuel » menée par le président vénézuélien s’est soldée par un échec. C’est dans une lettre, lue hier par le président Hugo Chavez, que les FARC ont annoncé que la libération des trois otages était « impossible maintenant » pour des raisons de sécurité. En cause, selon eux : des opérations militaires dans la région. Accusation rejetée par le président colombien Alvaro Uribe, pour qui les rebelles « mentent ». Hugo Chavez refuse cependant d’abandonner l’opération et annonce la poursuite de ses efforts « avec de nouvelles options ». Retour sur quatre jours d’attente, d’espoir et d’incertitudes.

Le 28 décembre, Hugo Chavez saluait les hélicoptères chargés de récupérer les otages, sous l'égide du Comité International de la Croix Rouge (CICR).(Photo : Reuters)

Le 28 décembre, Hugo Chavez saluait les hélicoptères chargés de récupérer les otages, sous l'égide du Comité International de la Croix Rouge (CICR).
(Photo : Reuters)

Déception pour les familles des otages des FARC : la libération de Clara Rojas, de son fils Emmanuel né en captivité, et de l’ex-parlementaire Consuelo Gonzales semble désormais avoir échoué. Prévue initialement jeudi dernier, l’opération a été reportée de jour en jour jusqu’à ce lundi : dans une lettre lue par Hugo Chavez, les rebelles accusent le président colombien Alvaro Uribe d’avoir saboté la mission de sauvetage en intensifiant l’activité militaire dans la région.

Le président Uribe dément, et renvoie la responsabilité de cet échec aux FARC. « Le groupe terroriste des FARC n’a aucune excuse », a-t-il déclaré hier à Villavicencio, ville du sud-est de la Colombie d’où auraient dû partir les hélicoptères chargés de ramener les otages. « Ils ont toujours cherché des prétextes pour tromper la Colombie et aujourd’hui, ils cherchent à tromper la communauté internationale. Ils mentent »

Emmanuel serait déjà libre

Une autre déclaration du président Uribe trouble les esprits. « Les FARC n’ont pas tenu la promesse de libérer les otages, car elles n’ont plus en leur pouvoir l’enfant Emmanuel » a-t-il affirmé. Il a ainsi émis l’hypothèse que le fils de Clara Rojas soit le petit garçon retrouvé en juillet 2006 dans le sud-est de la Colombie. Cet enfant serait actuellement pris en charge dans un centre public d’accueil aux mineurs en difficultés à Bogota. Alvaro Uribe propose de réaliser un test ADN sur la grand-mère d’Emmanuel qui se trouve à Caracas où elle attend depuis jeudi le retour des otages.

Des propos qui viennent « dynamiter la troisième phase de l’opération » de sauvetage des otages, selon Hugo Chavez. Une opération annoncée mercredi dernier lorsque la Colombie a donné son accord au plan du président vénézuélien pour récupérer dans la jungle les trois otages détenus par les FARC. Lors d’une conférence de presse, mercredi, Hugo Chavez a présenté les trois phases de l’opération, d’abord baptisée « transparence », puis « Emmanuel ».

Une mission sous contrôle international

Première phase : la présence d’émissaires venus du monde entier. Un Français (l'ambassadeur au Venezuela), un représentant du chef de l'Etat brésilien Lula, un délégué cubain, un autre venu d'Argentine : en l’occurrence l'ex-président Kirchner : au total, des représentants de sept pays latino-américains et européens, pour ce que le président Chavez a qualifié de « caravane humanitaire ».

Vendredi, deux hélicoptères de la Croix-Rouge internationale arrivent en Colombie à l'aéroport de Villavicencio au sud-est de Bogota. Ils doivent attendre les instructions des FARC pour se rendre sur le lieu de récupération des trois otages.

Le lendemain, samedi, trois avions Falcon décollent à 09h15 (13h45 TU) de l'aéroport de Santo Domingo, au Venezuela. Dans la capitale vénézuélienne les sept émissaires internationaux, dont l'ex-président argentin Kirchner et l'ambassadeur de France, montent à bord pour se rendre à Villavicencio.

Un peu plus tard dans la journée, le porte-parole de la présidence colombienne déclare qu'il n'y a « pas encore d'heure fixée » pour le déclenchement de la seconde phase de l'opération de récupération des trois otages. Les deux hélicoptères du Comité International de la Croix-Rouge attendent toujours sur le tarmac de l’aéroport de Villavicencio. Ce sont eux qui doivent partir dans la jungle récupérer les trois otages.

Incertitude

Mais tout cela est très confus. Certains garants internationaux annoncent que les otages pourraient passer la fin de l'année aux mains des FARC. Une information d'autant plus inquiétante que la présidence colombienne dit avoir fixé au dimanche soir au plus tard la fin des opérations. Le président Chavez et les équipes de la Croix-Rouge internationale à Caracas, de leur côté, affirment ne pas être au courant d'un tel délai.

Dimanche, deux nouveaux hélicoptères atterrissent à l’aéroport colombien de Villavicencio. Plus petits que les deux MI-17 prévus initialement pour effectuer la mission, ces appareils sont censés « lever les obstacles » rencontrés par l’opération humanitaire, selon une déclaration du chef de la diplomatie vénézuélienne, Nicolas Maduro.

« Avec toute la logistique, nous sommes prêts à partir à tout moment sur le terrain pour aller chercher les otages », annonce Barbara Hintermann, chef de la délégation du Comité international de la Croix Rouge en Colombie. Mais la guérilla n’a toujours pas fixé de lieu de rendez-vous pour remettre ses prisonniers.

De son côté, le gouvernement colombien annonce avoir autorisé l’extension de l’ouverture de son espace aérien pour la mission : la caravane aéroportée dispose d’un nouveau délai de 72 heures.

Enfin, après plusieurs jours d’attente et d’incertitude, le coordinateur de la mission chargée du rapatriement des trois otages qui a été désigné par Hugo Chavez, Ramon Rodriguez Chacin, annonce avoir reçu de la guérilla les coordonnées du lieu de libération des otages. L’issue semble proche, mais les FARC n’ont pas encore donné leur feu vert, et les hélicoptères restent à terre.

Lundi, en réponse à l’accusation des FARC d’avoir intensifié les opérations militaires dans la zone, Alvaro Uribe annonce la création d’un « corridor stratégique » pour organiser la remise en liberté des trois otages. Mais il est déjà trop tard, les guérilleros se rétractent, et les observateurs internationaux suspendent « provisoirement » leur mission.

Hugo Chavez garde espoir

 « Il y a un processus en marche, l’opération n’est pas terminée, mais la forme de l’opération va entrer dans une nouvelle étape. » Hugo Chavez refuse de parler d’échec. « Tant que nous ne serons pas expulsés de Colombie, nous continuerons d’espérer », a-t-il déclaré ce mardi matin.

Le CICR a annoncé qu’il resterait lui aussi à Villavicencio. « Nous n’avons pas de délais » a déclaré Barbara Hintermann. « Pour le moment tout reste ouvert (…) nous maintenons l’espoir que cette libération va se faire ».

L’espoir, les comités de soutien d'Ingrid Betancourt à travers le monde ne l’ont pas perdu non plus.

Olivier Roubi

Porte-parole de la Fédération internationale des Comités Ingrid Betancourt

« Nous sommes désolés, et surpris par toutes les déclarations de part et d'autres, mais nous gardons espoir »

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