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Kenya

Tourisme : appels à la prudence

par Myriam Berber

Article publié le 01/01/2008 Dernière mise à jour le 01/01/2008 à 19:05 TU

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, ont recommandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Kenya.(Photo : AFP)

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France, ont recommandé à leurs ressortissants de ne pas se rendre au Kenya.
(Photo : AFP)

Au Kenya, l’annonce de la réélection du président Mwai Kibaki a déclenché des émeutes dans le pays qui ont coûté la vie à plusieurs centaines de personnes. Après la capitale Nairobi, la violence a gagné plusieurs autres villes comme Mombasa, Eldoret ou encore Kisumu, troisième ville du pays. Ces violences à caractère politique ont également des répercussions sur le plan économique et notamment sur l’activité touristique, une des principales sources de revenus du pays.

Aucun touriste n’a été victime des violences au Kenya mais la plupart des capitales européennes multiplient les mises en garde pour leurs ressortissants sur place. Les touristes britanniques sont les plus nombreux au Kenya avec 290 000 voyageurs, suivis des Allemands : 83 000 et des Français : 50 000. Le ministère britannique des Affaires étrangères demande à ses ressortissants sur place « de prendre toutes les précautions » et de « ne pas se rendre dans les centres urbains où il y a un risque accru de violences ». Mêmes recommandations pour les Allemands qui conseillent à leurs ressortissants de « se tenir à l’écart des rassemblements ».

D’autres mises en gardes ont suivi de la part des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays européens, Autriche et France notamment. Ces Etats déconseillent à leurs ressortissants de se rendre au Kenya dans les prochains jours « sauf raisons professionnelles impératives ». Aux personnes déjà sur place, les autorités contre-indiquent « tout déplacement à l’intérieur du pays » et suggèrent d’éviter en particulier les villes de Nairobi, Kisumu et Eldoret.

Troisième source de revenus en devises

La situation sécuritaire est telle que l’association des tour-opérateurs français (Ceto), qui regroupe plus de 70 voyagistes français, a décidé de suspendre jusqu’au 6 janvier 2008 les départs vers le Kenya. Le Ceto recommande à ses adhérents de proposer à leurs clients « un report sans frais sur la même destination du tour-opérateur à une date ultérieure » ou « un report du voyage sur une autre destination ». « Les touristes sur place sont dans des lieux sûrs comme des hôtels. Toutes les excursions ont été annulées », a précisé son président René-Marc Chikli. Les tours-opérateurs français Nouvelles Frontières et Kuoni France avaient auparavant annoncé leur décision de suspendre leurs départs vers ce pays jusqu’à nouvel ordre. Les voyagistes britanniques et allemands, plus nuancés, attendent de voir l’évolution de la situation dans les prochains jours, avant d’annoncer de possibles mesures de restriction. Pour sa part, la Fédération britannique des agents de voyage (ABTA) estime que « les vacanciers britanniques sont en sécurité, car éloignés des zones urbaines ».  

Au Kenya, les principales ressources du pays proviennent de l’agriculture (café, thé, mais, blé, coton), de l’horticulture et du tourisme. En 2006, l’industrie touristique a représenté 12,7% du PIB kenyan et confirme son rang de troisième source de revenus en devises. Doté de parcs animaliers, réserves naturelles, montagnes, lacs, plages de sable fin, le Kenya attire de nombreux voyageurs : 1,8 million de personnes s’y sont rendus en 2006. Selon l’Office du tourisme du Kenya (KTB), les revenus du secteur ont augmenté de 14,9%, atteignant 617 millions d’euros en 2006 contre 536 millions en 2005. On annonce des chiffres encore meilleurs pour 2007.

Un nouveau coup dur

Cette amélioration survient après plusieurs dégradations enregistrées à la suite des attentats revendiqués par le réseau al-Qaïda en 1998 et 2002, qui ont respectivement fait 224 et 18 morts. A la suite de ces attaques terroristes, plusieurs pays occidentaux comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie, la Belgique et l’Allemagne avaient mis en garde leurs ressortissants se rendant au Kenya. Cette mauvaise publicité due aux attaques terroristes avait entraîné une baisse de fréquentation et le licenciement de nombreux employés.

Ces émeutes sanglantes sont un nouveau coup dur pour ce secteur qui emploie un million de personnes au total. Ces affrontements menacent directement le secteur du tourisme, en pleine reprise.  Déterminé à relancer l’industrie touristique, le gouvernement kenyan a mis en place en 2003 une série de mesures. Le pays souffrait, en effet, d’une image de tourisme de masse, due aux nombreux charters et à des produits bas de gamme. A partir de 2003, la priorité est donnée aux touristes aux moyens financiers élevés. Des produits de luxe (safaris, parcours de golf) et des établissements 3 étoiles sont ainsi créés pour compléter les offres traditionnelles. Dans le cadre de ce plan de relance, de nombreuses actions également sont mis en places pour faire connaître le pays. La desserte aérienne vers le Kenya est ainsi améliorée et de nombreuses campagnes publicitaires accrocheuses sont programmées à travers le monde. Des revenus touristiques sur lesquels le pays a beaucoup misé après des années de crise.