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Kenya

L’opposition ne désarme pas, les Etats-Unis envoient un émissaire

par  RFI

Article publié le 03/01/2008 Dernière mise à jour le 03/01/2008 à 21:54 TU

Après avoir dû renoncer à manifester ce jeudi dans Nairobi quadrillée par la police, l'opposition menée par Raila Odinga appelle à une nouvelle mobilisation demain. Les Etats-Unis vont envoyer un émissaire au Kenya pour « favoriser le dialogue » des opposants avec le président Mwai Kibaki.

Des affrontements ont eu lieu, le 3 janvier, à Nairobi, entre manifestants et la police.(Photo : Reuters)

Des affrontements ont eu lieu, le 3 janvier, à Nairobi, entre manifestants et la police.
(Photo : Reuters)

Jendayi Frazer quitte les Etats-Unis ce jeudi soir, direction le Kenya. La secrétaire d'Etat adjointe chargée des Affaires africaines a pour mission de tenter de promouvoir le dialogue entre le président réélu Mwai Kibaki et le dirigeant de l'opposition Raila Odinga. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice a téléphoné une nouvelle fois ce jeudi aux deux responsables pour les exhorter à faire preuve d'esprit de compromis.

Un esprit qui ne semble pas vraiment régner pour le moment dans le pays, malgré les déclarations du président. « Je suis prêt à nouer le dialogue avec les parties concernées une fois que le calme sera revenu dans le pays et que le climat politique sera suffisamment apaisé », a déclaré Mwai Kibaki.

Le président kényan Mwai Kibaki

à la télévision nationale

« Je suis prêt à nouer le dialogue avec les parties concernées une fois que le calme sera revenu... ».

Raila Odinga, président du Mouvement démocratique orange et candidat à la présidentielle du 27 décembre, reste sur ses positions : il conteste les résultats des élections et dénonce les violences orchestrées, selon lui, par le camp présidentiel.

Raila Odinga

Président du Mouvement démocratique orange

« Ce qui se passe actuellement dans notre pays est un génocide perpétré par les forces de police et ce gang qu'on apelle Mungiki ».

écouter 0 min 48 sec

03/01/2008 par Stéphanie Braquehais

Sur le terrain, le calme est loin d’être revenu (lire ci-dessous le récit de notre correspondante) et l’opposition ne désarme pas. Dans une capitale en quasi état de siège, les partisans de Raila Odinga se sont heurtés aux policiers et n’ont pas réussi à gagner le parc de Uhuru en plein centre de la capitale. Ils ont été dispersés à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène.

Après avoir annoncé qu’il reportait sa manifestation à la semaine prochaine, le Mouvement démocratique orange a finalement lancé un nouvel appel au rassemblement pour ce vendredi. Rassemblement tout aussi interdit que le précédent, dans le même parc de Uhuru. 

Salim Lone, porte-parole du Mouvement démocratique orange

« Le Mouvement démocratique orange a constaté l'utilisation démesurée de la force contre des manifestants complètement innocents et pacifiques. »

écouter 0 min 38 sec

03/01/2008 par Barbara Guidice

Les remises en cause des conditions de la réélection de Kibaki ne viennent pas seulement de l’opposition. Le procureur général du Kenya, Amos Wako, a estimé ce jeudi « nécessaire » une enquête « indépendante » sur les élections générales du 27 décembre. Hier, c’était le président de la commission électorale qui affirmait avoir reçu des pressions pour annoncer les résultats.

Quatre personnes, selon un bilan provisoire, ont été tuées dans la journée de jeudi dans les violences à travers le pays, dont trois dans l'ouest. Cela porte à 346 victimes le bilan des affrontements depuis la proclamation des résultats de la présidentielle. Les violences des derniers jours ont également jeté sur les routes environ 100 000 déplacés, selon la Croix-Rouge kényane.

Récit de la journée de manifestations

Avec notre correspondante à Nairobi,

Pendant toute la journée, des manifestants ont essayé de rejoindre le centre-ville, sans succès. A Kibera, le fief de Raila Odinga, des centaines de personnes se dressaient devant les forces de police en nombre impressionnant.

Les jeunes crient : « Nous ne voulons plus de Kibaki ». Ils s’approchent, la police tire des grenades lacrymogènes, tire en l’air ; les jeunes reviennent au bout de 5 minutes. Ce petit jeu a duré toute la journée, alors que dans d’autres quartiers, l’atmosphère était beaucoup plus tendue.

A Mathare, bidonville dans l’est de la capitale, des barrages sont dressés par des jeunes armés de machettes. Un résident explique qu’il ne peut pas passer dans l’autre partie de Mathare, car ils découpent les gens à la machette. « Ils », ce sont les membres de la secte Mungiki, de l’ethnie kikuyu, celle du président Mwai Kibaki, qui depuis trois jours lancent des représailles contre d’autres communautés, favorables à Raila Odinga.

Une atmosphère de terreur et un paysage désolé. Une centaine de m² de tôles calcinées : c’était un marché ; maintenant, les gens n’ont plus de quoi se nourrir. Des dizaines de personnes, valises posées devant eux, attendent tout simplement le bus pour fuir.

Parallèlement à une manifestation qui a été tuée dans l’œuf, par un pouvoir qui semblait faire la sourde oreille, les affrontements ont continué toute la journée dans ces quartiers.