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Indonésie

Suharto est mort

par  RFI

Article publié le 27/01/2008 Dernière mise à jour le 27/01/2008 à 06:49 TU

L'ancien président-dictateur d'Indonésie, le général Suharto, est mort ce dimanche matin à l'âge de 86 ans dans un hôpital, à Jakarta, où il était hospitalisé depuis le 4 janvier. Haji Muhammad Suharto aura gouverné l'archipel d'une main de fer pendant 32 ans, avant de démissionner sous la pression de la rue en 1998.

Suharto en 2004(Photo AFP)

Suharto en 2004
(Photo AFP)

« Dirigeant le plus corrompu du monde ». C'est le titre peu enviable que l'organisation Transparency International avait attribué à l'ancien dictateur indonésien. Durant ses 32 ans de règne, Suharto et sa famille auraient détourné entre 15 et 35 milliards de dollars.

Mais l’ancien général restera surtout comme le responsable d'une des plus violentes répressions qu'ait connue l'Indonésie.

En 1965, des proches du président de l'époque, Sukarno, font assassiner des généraux qu'ils soupçonnent de vouloir renverser le chef de l'Etat pour le compte des Américains. Le général Suharto est désigné pour traquer les coupables de ces assassinats.

Haji Muhammad Suharto

Ancien président d'Indonésie

« J'ai décidé de me retirer de mes fonctions de président de la République d'Indonésie, cette décision prend effet immédiatement. »

écouter 1 min 44 sec

14/01/2008 par Bruno Minas

Débute alors une répression sans limites qui vise le parti communiste et tous ceux qui sont soupçonnés de lui être fidèles. Entre 300 000 et un million de personnes seront exécutées. Malade, le président Sukarno délègue peu à peu ses pouvoirs au général Suharto. En mars 1968, il devient officiellement chef de l'Etat.

Sur le plan économique, il se fait l'apôtre d'une politique libérale marquée par la privatisation des ressources naturelles. Il s'agit d'attirer les investissements étrangers. Ce sera également l'une des sources d'enrichissement frauduleux pour le dictateur et son entourage (voir ci-dessous).

Sur le plan politique, le général réprime toute contestation. Il faudra attendre 1998 pour qu'une révolte populaire fasse vaciller puis chuter le dictateur vieillissant. Mais tout comme l'ancien dictateur chilien, il aura jusqu'à la fin de sa vie échappé à un procès pour les crimes commis.

1998 en Indonésie : les manifestants réclament le départ de Suharto

« Nous voulons quelque chose de différent. La situation a été trop mauvaise pendant 30 ans. Nous voulons que M.Suharto s'en aille. »

écouter 1 min 55 sec

14/01/2008 par Pierre Cayrol

Suharto fut souvent surnommé « le père du développement de l’Indonésie ». Mais son bilan s'est révélé beaucoup plus mitigé. La corruption, qu'il avait instaurée en mode de gouvernement, avait conduit son pays à la plus grave crise économique de son histoire.

Pétrole, gaz naturel, or, cuivre, étain, l’Indonésie est une terre parmi les plus riches du monde. Suharto se servira de ces atouts pour construire des infrastructures, améliorer le système de santé et envoyer tous les enfants à l’école.

Anti-communiste viscéral, il se lance dans une politique économique très libérale qui attire les investisseurs étrangers. Dans les années 1980, de nombreuses multinationales s’installent pour produire vêtements et chaussures notamment. Le pays fait partie des « bébés tigres » asiatiques, il atteint des taux de croissance record.

Mais le miracle économique est un mirage. Le régime Suharto repose sur le soutien des élites traditionnelles et de l’armée à qui sont octroyés d’immenses conglomérats industriels et commerciaux.

Le système nourrit aussi les membres de la famille Suharto, de la femme du général, surnommée « Madame 50% », pour les commissions qu’elle touche systématiquement sur de nombreux contrats commerciaux, aux enfants, frères, sœurs, nièces ou neveux du dictateur, qui amassent eux aussi des fortunes colossales.

Avec le krach boursier asiatique de 1997, l’économie indonésienne s’effondre totalement, révélant la fragilité et le caractère mafieux du régime. Pour la très grande majorité des Indonésiens, les 32 ans du régime Suharto se résument par l'acronyme KKN : corruption, collusion, népotisme.