par RFI
Article publié le 11/01/2008 Dernière mise à jour le 11/01/2008 à 07:23 TU
C'est hier à la mi-journée que les deux femmes retrouvent la liberté. La scène se passe au coeur de la jungle colombienne. Au milieu des herbes hautes, Clara Rojas et Consuelo Gonzalez, embrassent les femmes-guerillero qui les retenaient prisonnières et montent dans l'hélicoptère envoyé par le Venezuéla et repeint aux couleurs de la Croix-Rouge. Juste avant de s'envoler, elles prennent le temps de remercier personnellement Hugo Chavez, par téléphone satellite.
Des images savamment mises en scène et retransmises quasiment en temps réel par la télévision vénéuélienne. Tout comme l'arrivée quelques heures plus tard, à l'aéroport de Caracas, commentée en direct par le chef de l'Etat vénézuélien, qui reçoit ensuite les deux femmes en grande pompe dans son palais présidentiel, avec tapis rouge et hymne national. On voit même Hugo Chavez tenir dans ses bras le petit-fils de Consuelo Gonzalez, né bien après son enlèvement. Les deux femmes sont ensuite parties dans un palace de la ville, retouver un lit, des draps, de l'eau chaude : un luxe dont elles sont privées depuis 6 ans.
Un succès pour Chavez
Leur libération est un incontestable succès pour Hugo Chavez, une revanche même, après le fiasco du 31 décembre, lorsque ses hélicoptères sont rentrés vides de la jungle colombienne, après la volte-face des FARC qui n'avaient pas tenu parole. Il apparaît comme LE principal acteur de cette libération, reçoit des félicitations du monde entier de Paris à Buenos Aires... Même les Etats-Unis, dont il est pourtant une des bêtes noires, ont été obligés de reconnaître son rôle, du bout des lèvres. Chavez compte bien utiliser ce succès pour redorer son blason sur la scène intérieure, après l'échec le mois dernier du réferendum constitutionnel grâce auquel il espérait renforcer ses pouvoirs.
Celui qui apparait très en retrait en revanche, c'est le président colombien Alvaro Uribe, qui a d'ailleurs beaucoup tardé à réagir, de sa résidence du nord de la Colombie, où il est actuellement en vacances, contraint de saluer l'efficacité d'Hugo Chavez, alors qu'il avait brutalement mis fin à sa médiation mi-novembre.
Les libérations de Clara Rojas et Consuela Gonzales sont les premières libérations unilatérales et sans condition opérées par les FARC depuis de nombreuses années. Mais elles ne doivent pas faire oublier le sort des centaines d'otages encore aux mains de la guerilla, dont Ingrid Betancourt, dont aussi trois Américains qui travaillaient dans la lutte contre le trafic de drogue.
Réactions et témoignages
Porte parole du comité de soutien à Ingrid Betancourt
« Il faut que cette réconciliation de facto entre Alvaro Uribe et Hugo Chavez, qui est d'une redoutable efficacité, se mette en place pour les autres otages avec l'aide de la France et avec l'aide des autres pays latino-américains »
10/01/2008 par Sylvain Biville
Président français
« Pour chacun d'entre nous, c'est un grand encouragement à persévérer. »
10/01/2008 par Philippe Leymarie
Ex-mari et père des enfants d'Ingrid Betancourt
« Un geste humanitaire de la part du président Uribe sera perçu par le monde entier comme le geste d'un chef d'Etat qui a compris que l'humanitaire devait l'emporter sur la guerre. »
10/01/2008 par Stéphanie Shüler
Analyses et récits
Professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales
« Ces otages ont été libérées sans que le gouvernement Uribe ait à faire de concessions. »
10/01/2008 par Stefanie Schüler
« En six ans de captivité, deux preuves de vie ont été envoyées à sa famille, dont elle est la cadette de six enfants. »
10/01/2008 par Stefanie Schüler
« Le dernier signe de vie de Conseulo Gonzales remonte au mois d'août 2003. »
10/01/2008 par Heike Schmidt