Article publié le 13/01/2008 Dernière mise à jour le 14/01/2008 à 20:49 TU
Daniel Barenboïm pendant une répétition de son orchestre West-Eastern Divan à Salzburg le 13 août 2007.
(Photo : AFP)
Musicien de renommée mondiale et militant infatigable du rapprochement entre Israël et les Palestiniens, le pianiste et chef d'orchestre israélien Daniel Barenboïm fait aujourd'hui un geste symbolique : il a acquis la nationalité palestinienne. « C'est pour moi un grand honneur de me voir offrir un passeport palestinien », a déclaré samedi soir le pianiste à l'issue d'un récital d'oeuvres de Beethoven donné à Ramallah, la ville de Cisjordanie où il se bat depuis des années pour favoriser les échanges entre jeunes musiciens arabes et israéliens.
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Chef d'orchestre de génie et pianiste virtuose, Daniel Barenboïm est surtout considéré en Israël comme un militant, non seulement de la musique, mais aussi de la paix.
Wagner est proscrit en Israël pour avoir inspiré les nazis. Qu'à cela ne tienne : à deux reprises, Barenboïm, bravant les interdits, a joué les oeuvres du compositeur lors de concerts du prestigieux orchestre philharmonique d'Israël, laissant les spectateurs partagés entre sifflets et applaudissements. La Knesset alors l'avait décrété persona non grata, jusqu'à ce qu'il accepte de présenter des excuses.
Mais c'est surtout son engagement pour la cause palestinienne qui provoque la controverse. En 2005, Daniel Barenboïm avait refusé d'accorder une interview à la radio de l'armée. « Vous n'avez pas honte de vous présenter devant moi, en uniforme », avait-il lancé à une jeune soldate qui lui tendait son micro.
Aujourd'hui, un député du parti ultra-orthodoxe Shass affirme que « c'est une honte que le chef d'orchestre ait accepté la nationalité palestinienne » ; il demande que « son passeport israélien lui soit confisqué, puisque désormais, il en détient un autre, d'une entité ennemie ».
« Je ne crois pas qu'il y ait une solution militaire au conflit israélo-palestinien parce que l'une des parties est trop forte, l'autre trop faible. »