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Serbie

Election présidentielle : un choix crucial

par Heike Schmidt

Article publié le 18/01/2008 Dernière mise à jour le 19/01/2008 à 06:41 TU

L’actuel président de la Serbie, Boris Tadic (g), et son rival ultranationaliste, Tomislav Nikolic.(Photos : Reuters)

L’actuel président de la Serbie, Boris Tadic (g), et son rival ultranationaliste, Tomislav Nikolic.
(Photos : Reuters)

La bataille s’annonce rude. Aucun candidat ne semble être en mesure de réunir une majorité absolue pour l’élection présidentielle qui aura lieu ce dimanche. Nombreux sont les Serbes qui se sentent confrontés à un dilemme : faut-il se rapprocher de l’Union européenne ou plutôt s’allier à la Russie ? 

« Nous choisissons entre le développement, la stabilité, la voie européenne ou le retour à l’isolement », a répété inlassablement l’actuel président, Boris Tadic, tout au long de sa campagne. Le pro-occidental Tadic du Parti démocrate (DS) bataille ferme pour écarter son principal adversaire, l’ultranationaliste Tomislav Nikolic, candidat du Parti radical serbe (SRS). Le duel s’annonce très serré et laisse croire qu’un deuxième tour sera nécessaire le 3 février.

A la veille du scrutin, les sondages montrent que les deux candidats favoris, qui s'étaient déjà opposés à la présidentielle de 2004, sont au coude à coude. Le populiste d’extrême droite, Nikolic, est crédité de 33% d’intentions de vote, contre 30% pour le pro-européen Tadic. Les sept autres candidats en lice n’ont aucune chance de gagner. La participation s’annonce faible et ne devrait pas dépasser les 50%.

Même si les pouvoirs du président sont limités, le scrutin aura un impact important sur les priorités de la Serbie. A travers ce choix entre le candidat pro-européen et le candidat nationaliste, c’est l’avenir du pays qui se joue. « La Serbie se trouve une nouvelle fois à un carrefour historique », a commenté le quotidien Danas à trois jours du premier tour.  

Boris Tadic favorise la voie européenne

Si le gagnant s’appelle Boris Tadic, les Serbes devraient poursuivre leur chemin vers une adhésion à l’Union européenne. C’est en tout cas ce que le président sortant a promis lors de son dernier meeting devant quelques 20 000 sympathisants agitant des drapeaux serbes. « Nous voulons obtenir le statut de candidat à l’Union européenne d’ici à la fin de l’année et nous l’obtiendrons », a déclaré celui qui se présente comme le garant des réformes.

L’ex-professeur de psychologie, âgé de 50 ans, a toutefois radicalisé son discours au cours de la campagne électorale. Farouchement opposé à l’indépendance de la province serbe du Kosovo, le président sortant s’est même joint à une résolution du Parlement serbe, qui menace de renoncer à l’entrée dans l’Union européenne si celle-ci accepte l’indépendance du Kosovo. Boris Tadic reste toutefois le candidat préféré des Etats-Unis et de l’Europe, le mieux à même de résister à une possible poussée nationaliste en Serbie dans l'hypothèse d’une déclaration d’indépendance des Kosovars.   

Tomislav Nicolic choisit la Russie comme allié

Le scénario bien plus redouté par les Etats-Unis et l’Europe : une victoire de l’ultranationaliste Tomislav Nicolic. Clairement anti-européen, le chef de file du Parti radical serbe estime que la Serbie ne peut adhérer à l’Union européenne tant qu’elle subira les « chantages et humiliations » de Bruxelles à propos du Kosovo. Aux yeux de ce nationaliste convaincu de 55 ans, dont le slogan est « avec tout mon cœur », la Serbie ferait mieux de devenir « une province russe » plutôt que de vouloir adhérer au club des 27. S’il est élu, il promet de tisser des liens encore plus étroits avec Moscou, qui soutient sans faille l’opposition de Belgrade à l’indépendance du Kosovo.

S’il remporte l'élection, Tomislav Nikolic n’exclut pas un blocus du territoire kosovar. « Le parlement serbe pourrait décider de fermer les frontières, de ne pas reconnaître les passeports kosovars, d’empêcher les marchandises et le capital de transiter vers le Kosovo via la Serbie », a-t-il averti.

La question du Kosovo reste très sensible

Même si les sondages indiquent que les électeurs sont majoritairement pro-européens, beaucoup restent très sensibles à la question du Kosovo. Ils se sentent d’autant plus séduits par le discours nationaliste et pro-russe de Tomislav Nikolic que Moscou a lancé une véritable opération de charme en promettant d’importants investissements. Gazprom, le géant du gaz russe, qui pourrait ainsi racheter l’entreprise publique pétrolière serbe, promet de faire passer un gazoduc stratégique par la Serbie.

Au même titre que la Russie, l’Union européenne considère la Serbie comme une importante zone d’influence et suit ces élections présidentielles de près. Au lendemain du deuxième tour, prévu le 3 février, les 27 pourraient donner le feu vert à l’envoi de 1800 fonctionnaires au Kosovo, chargés de piloter cette région vers l’indépendance.

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