Article publié le 18/01/2008 Dernière mise à jour le 19/01/2008 à 00:33 TU
Un manifestant jetant des pierres sur les forces de police, dans la ville de Mombasa, vendredi 18 janvier.
(Photo : Reuters)
De notre envoyée spéciale
Vendredi, des dizaines de personnes démolissent le chemin de fer qui traverse le grand bidonville de Kibera et des centaines d’autres marchent dans les chemins boueux pour braver la police, en jetant des pierres. Les forces de l’ordre, répartis par groupes de trente, chargent sur la population, tirent en l’air ou parfois à vue.
La foule se disperse, puis reprend sa marche de plus belle, en leur hurlant des injures. Des policiers se mettent soudain à lyncher un homme isolé qui, les deux mains jointes, les supplient d’arrêter. Un corps gît sur le bas côté. Les écoles n’ont pas fermé et, de temps à autre, des écoliers en uniforme traversent main dans la main les rues transformées en champ de bataille. La police continue à tirer contre des émeutiers. Les enfants se mettent soudain à courir dans tous les sens, affolés. Ces scènes de violence se sont poursuivies toute la journée à Kibera, le bastion de Raila Odinga.
A quelques rues de là, les commerces sont toujours ouverts, les gens vaquent à leurs occupations et sursautent de temps à autre lorsque les tirs reprennent de plus belle. Un groupe de femmes regarde avec insistance les troupes postées à chaque carrefour.
A l’issue de trois jours de manifestations peu suivies, mais durement réprimées par les force de l’ordre, l’opposition a décidé de ne plus faire appel à la rue. Elle appelle maintenant à un boycott des entreprises appartenant à des piliers du gouvernement, des ministres et autres députés. En ligne de mire : la compagnie de bus City-Hoppa ou encore la société de transport de John MIchulki, ministre des Routes et ancien ministre de la Sécurité. Un boycott qui risque de ne guère être suivi et témoigne d’une opposition essoufflée, qui peine à faire valoir ses droits.
«Pourquoi ces gens ne peuvent-ils pas s'asseoir autour d'une table et trouver un terrain d'entente pour qu'on puisse enfin vivre une vie normale ?»