Article publié le 20/01/2008 Dernière mise à jour le 22/01/2008 à 15:49 TU
De notre envoyée spéciale en Caroline du Sud, Anne Toulouse
La victoire de John McCain en Caroline du Sud était cruciale pour la campagne du sénateur de l’Arizona. Elle lui donne l’élan nécessaire pour aborder les primaires de Floride, où l’attend en embuscade l’ex-maire de New York, Rudy Giuliani, qui n’est pas encore réellement entré dans la compétition.
Un Etat test
La Caroline du Sud est considérée comme un test de cette partie du pays, réputée majoritairement conservatrice. De surcroît, elle présente une diversité sociologique et ethnique qui n’existe ni dans le New Hampshire, ni dans l’Iowa. Les républicains s’y divisent en trois groupes : les défenseurs des valeurs morales, essentiellement constitués par les chrétiens conservateurs, les militaires, et les partisans d’une intervention de l’Etat réduite au minimum.
John McCain avait échoué en 2000 en grande partie à cause de l’opposition des chrétiens conservateurs. Cette fois-ci, il n’a pas pris de risques, et a courtisé cet électorat en réaffirmant, à chaque fois que l’occasion s’en présentait, son opposition à l’avortement. Il a été servi par le fait que les voix des conservateurs religieux se sont réparties sur deux candidats : Mike Huckabee et Fred Thompson. Si l’on additionne ces voix, cela représente 46% des suffrages, ce qui veut dire que cette partie de l’électorat a un poids considérable.
Mais ce poids a tendance à s’effacer devant ce qui est devenu la grande préoccupation du moment, la situation économique. C'est ce qui explique que Mitt Romney, porté par son succès dans le monde des affaires, ait recueilli 15% des voix, alors qu’il avait arrêté sa campagne en Caroline du Sud pour se tourner vers le Nevada. Cela explique aussi que John McCain, grâce à son expérience et sa réputation d’homme raisonnable, soit apparu comme un recours.
Une course encore très ouverte.
Les résultats de la Caroline du Sud apportent un début de clarification dans une course confuse du côté des républicains. Chez eux, aucun candidat ne se détache, et la compétition ne se resserre même pas sur deux noms, comme c’est le cas chez les démocrates. John McCain apparaît comme un candidat viable, face à l’entrée en lice de Rudy Giuliani qui s’est mis en réserve pour le choc de la fin du mois de janvier et du début février, où plus de vingt Etats vont voter.
Mais les autres candidats ne peuvent pas être passés par perte et profit. Même s’il n’a plus remporté de victoire depuis l’Iowa, Mike Huckabee se maintient régulièrement dans les trois premiers, et les sondages montrent qu’il recueille majoritairement l’électorat des jeunes républicains. Mitt Romney a discrètement gagné trois Etats, bien que deux d’entre eux, le Wyoming et le Nevada, ne soient pas très significatifs des scrutins à venir.
En fait la course reste très ouverte dans les deux camps, tout simplement parce que la vraie compétition n’a pas encore commencé. Même si les premiers votes font l’objet d’une inflation médiatique, la désignation du candidat de chaque parti est un exercice mathématique : c’est celui qui a le plus de délégués qui l’emporte. Or, les républicains n’ont désigné pour l'instant que 156 délégués sur 2 380, et les démocrates 386 sur 2 049.