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Economie

Davos: Interdépendance mondiale et altermondialisme planétaire

par Marie Joannidis

Article publié le 23/01/2008 Dernière mise à jour le 23/01/2008 à 20:33 TU

La 38e réunion annuelle du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF), se tient du 23 au 27 janvier 2008 à Davos, en Suisse, dans un climat marqué par le risque d’une récession mondiale déclenchée par la crise économique aux Etats-Unis, et face à une mobilisation altermondialiste planétaire et décentralisée, toujours à la recherche « d’un nouveau monde » plus juste et plus équitable.

Dans le hall du Forum économique mondial à Davos, le 23 janvier 2008.(Photo : Reuters)

Dans le hall du Forum économique mondial à Davos, le 23 janvier 2008.
(Photo : Reuters)

A Davos, quelque 2 500 décideurs politiques et économiques de 88 pays planchent – sous très haute surveillance policière en raison de menaces terroristes en Europe – sur l’interrelation généralisée du monde actuel. Le thème affiché du « Pouvoir de l’innovation collaborative » permet d’aborder aussi bien la compétitivité internationale que l’insécurité économique, la protection de l’environnement et le problème de l’eau ou les défis futurs. Face à eux, les altermondialistes ont décidé cette année d’organiser, le 26 janvier, une journée mondiale du Forum social mondial (FSM) avec des manifestations à travers la planète, précédées de conférences de presse et autres évènements. Objectif : bien montrer que le mouvement lancé en 2001 ne s’essouffle pas, mais se bat de plus en plus contre la précarisation, contre la destruction de la planète et pour des droits de tous du Nord au Sud.

Selon André Schneider, directeur général du WEF, la mauvaise santé économique des Etats-Unis et la crise actuelle des subprimes (prêts hypothécaires) qui l’ont déclenchée n’occulteront pas les problèmes posés par les changements climatiques ou les questions humanitaires comme le Darfour. Ainsi, les deux co-lauréats du dernier prix Nobel de la paix, Rajendra Pachauri (président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, GIEC) et l’ancien vice-président américain, Al Gore, figurent parmi les participants. Dans une interview à la presse suisse, André Schneider souligne l’interdépendance en matière économique et sociale et pour la protection de l’environnement. « Si l’on met le paquet sur les biocarburants, cela va avoir un impact sur les prix de la nourriture. Il faut donc en parler, dit-il. On voit à quel point nous vivons dans un monde globalisé, plat, où le moindre problème peut influer sur le reste de la planète. »

Les organisateurs du Forum de Davos, pour bien montrer qu’ils sont à l’écoute des populations et non pas uniquement de leurs dirigeants, ont ouvert une page dédiée sue le site YouTube permettant aux gens d’exprimer leurs attentes et de poser des questions.

Chefs d’Etat et parlementaires venus de tous les pays

Mais l’économie et la politique restent au centre des débats, avec notamment, la présence de la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice et de bon nombre de sénateurs et d’élus de la Chambre des représentants, qui vont jouer un rôle important dans les élections présidentielles. La Russie, elle aussi en période électorale, sera fortement représentée même si Vladimir Poutine ne fera pas le voyage. Son homologue pakistanais en revanche, Pervez Musharraf, se rend à Davos dans le cadre d’une tournée européenne qui le mène en Belgique, en France et en Grande-Bretagne au moment où son pays est confronté à une vague de violences islamistes et à une crise politique après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto. Musharraf profitera de son séjour à Davos pour rencontrer diverses personnalités, dont Condoleezza Rice, son homologue et voisin afghan Hamid Karzaï et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

Mounia Daoudi, envoyée spéciale à Davos

« Pas moins de 2500 personnalités du monde économique, bien sûr, mais aussi politique et de la société civile vont participer à ces cinq jours de débat placés sous le thème de l'innovation et de la collaboration. »

écouter 1 min 53 sec

23/01/2008 par Mounia Daoudi

Quant au Forum social mondial, né en 2001 à Porto Alegre au Brésil en riposte à la réunion de Davos – considérée par les altermondialistes mais aussi de nombreuses organisations et pays du Sud comme le lieu de rencontre des puissants du monde pour s’organiser et augmenter leurs profits –, il a évolué au fil des ans. Il a voyagé et s’est décliné en Forums sociaux continentaux et locaux avant de se décentraliser totalement en prenant la forme d’une semaine d’actions du 21 au 27 janvier avec, comme point culminant, le 26 janvier 2008 : une journée de mobilisation et d’initiatives multiples partout dans le monde, « derrière une conviction partagée ».

L’écologie figure désormais en bonne place à côté de la dette des pays du Sud qui, avec la faim, constituent, selon les altermondialistes, « des armes de destruction massive » qui tuent chaque jour des milliers de personnes, notamment des enfants. Pour eux, les réponses à la crise écologique ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation et mettent en danger les populations. Les guerres et les bouleversements climatiques jettent en effet des centaines de milliers de migrants sur les routes, autre thème majeur de la campagne du Forum social mondial.

Forum économique de Davos : première journée sur fond de crise financière

« Plusieurs économistes estiment que la motivation de la Fed était seulement de satisfaire les marchés financiers, sans répondre au problème de fond : le financement de la consommation des ménages par l'emprunt. »

23/01/2008 par Mounia Daoudi