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Union africaine

Un successeur pour Konaré ?

Article publié le 28/01/2008 Dernière mise à jour le 28/01/2008 à 00:21 TU

Le président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konaré.(Source : Site de l'Union africaine)

Le président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konaré.
(Source : Site de l'Union africaine)

Les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine (UA) ont lancé, dimanche après-midi, leurs travaux préparatoires au Xe sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui aura lieu du 31 janvier au 2 février prochains à Addis Abeba. Le thème officiel de ce sommet sera « le développement industriel de l’Afrique », mais il risque d’être éclipsé par la question du renouvellement de la Commission de l'UA dans un contexte où les réformes semblent plus que jamais nécessaires.

De nos envoyés spéciaux à Addis Abeba, Jean-Karim Fall et Laurent Correau

Après les médiations prudentes de John Kuofor et de Kofi Annan, Alpha Oumar Konaré a fait, hier, une entrée fracassante sur le dossier kényan. « On parle de génocide, bon sang », a lancé le président de la Commission africaine, dans son discours d’ouverture du Conseil exécutif [le conseil des ministres, NdlR]… visiblement soulagé d’avoir enfin la possibilité de s’exprimer.

Selon de bonnes sources, le président Ghanéen, actuellement président en exercice de l‘Union africaine, n’a pas associé Alpha Oumar Konaré à la médiation qu’il avait entreprise. Le Malien n’aurait également pas été consulté sur le choix de Kofi Annan. Devant le relatif échec de toutes les médiations, Alpha Oumar Konaré s’est sans doute senti libre de jouer sa propre partition.

Le président de la Commission de l’Union africaine s’est même offert de luxe de critiquer les médiateurs qui tentent de faire accepter un partage du pouvoir aux deux protagonistes de la crise kényane. « Messieurs les ministres, la solution n’est pas simplement un partage du pouvoir, comme si le pouvoir est un gâteau que l’on se partage », a averti le Malien.

Le président de la Commission de l’Union africaine a invité les Etats à respecter leurs engagements en matière de démocratie. « Veillons à appliquer les principes que nous avons nous mêmes adoptés » a-t-il affirmé. L’année dernière, le sommet de l’Union africaine avait adopté une charte africaine de la démocratie et des élections. Ce texte, qui n’a pas été ratifié par le Kenya, prévoit à l’article 23 des sanctions en cas de refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti vainqueur du scrutin.

Elections ou pas ?

Ce sommet devait être le dernier d’Alpha Oumar Konaré en tant que président de la Commission : lors du sommet d’Accra, il y a six mois, il avait été décidé de prolonger l’équipe actuelle de la Commission le temps de réaliser un audit de l’Union africaine et d’envisager des réformes de structure. Six mois plus tard, l’audit est prêt, il comporte 172 recommandations et va être examiné par le sommet. Mais personne n’est capable de dire à l’UA et dans les ambassades si l’élection d’une nouvelle Commission aura tout de même lieu cette fois-ci.

A la différence du précédent sommet, il y a maintenant des candidats pour la succession de Konaré : ils étaient six à la fin du délai de dépôt des candidatures. Deux d’entre eux se sont désistés depuis. Le guide libyen, Mouammar Kadhafi, a de son côté annoncé, à Ouagadougou, en marge du sommet de la CEDEAO, qu’il aurait lui aussi un poulain.

De l’avis de plusieurs diplomates africains, certains pays ne souhaitent pourtant pas choisir dès maintenant, soit qu’aucun candidat ne trouve gré à leurs yeux, soit que ces pays envisagent de maintenir Konaré à son poste (en dépit de ses déclarations répétées), soit qu’ils cherchent à gagner du temps pour permettre à d’autres candidats de se déclarer par la suite.  On évoque, dans les couloirs, les noms d’anciens chefs d’Etat.

Gouvernement de l’Union : la suite d’Accra

Le dernier sommet, à Accra, avait donné lieu à un long débat sur le chemin à suivre pour aller vers les Etats-Unis d’Afrique. Le débat s’était terminé sur un constat de désaccord, et les chefs d’Etat et de gouvernement - dans leur « déclaration d’Accra » - avaient décidé de créer un comité ministériel pour essayer de faire avancer la réflexion. Ce comité a rédigé un rapport qui sera examiné par le sommet, et dont RFI a pu se procurer copie. Le texte montre bien l’ampleur des divergences qui persistent sur cette question du « gouvernement de l’Union ».

Les dix pays qui forment ce comité ministériel n’ont en fait réussi à se mettre d’accord que sur certaines idées générales. Le rapport qui va être examiné par le sommet énumère par exemple neuf valeurs censées fonder l’action du gouvernement de l’Union auxquelles il est difficile de ne pas souscrire : pratique de la bonne gouvernance, promotion de la paix et de la sécurité, volonté commune de lutter contre la pauvreté, etc.

Le comité a également réussi à se mettre d’accord sur plusieurs domaines de compétence qui pourraient être ceux d’un gouvernement panafricain, parmi lesquels on trouve les questions liées à l’environnement, la paix et la sécurité ou les infrastructures.

Sur les questions de souveraineté, en revanche, le comité fait l’aveu de ses désaccords. Les dix n’ont même pas pu se mettre d’accord pour savoir si le moment était venu ou non de discuter de l’impact du gouvernement de l’Union sur les souverainetés nationales. Ils s’en remettent aux ministres des Affaires étrangères pour qu’ils réfléchissent sur le sujet.

Des désaccords se sont également manifesté sur le calendrier d’une éventuelle marche vers les Etats-Unis d’Afrique. Certains pays ont souhaité qu’une feuille de route soit proposée tout de suite, d’autres ont préféré qu’on attende les résultats de l’audit de l’Union africaine. Finalement, trois options sont laissées au choix des dirigeants : la mise en place des Etats-Unis d’Afrique en 9 ans, 15 ans ou 35 ans.