par RFI
Article publié le 02/02/2008 Dernière mise à jour le 03/02/2008 à 04:07 TU
Les rebelles tchadiens sont à Ndjamena. Environ 2000 combattants sont entrés dans la capitale tchadienne. Le président Idriss Deby est toujours dans le palais présidentiel. Ce samedi soir, un calme relatif est revenu dans la capitale après une journée d’intenses combats. Où en est-on alors que la nuit est tombée sur Ndjamena ?
Le calme est revenu un petit peu avant la tombée de la nuit. Il y a encore eu quelques tirs à l’arme lourde et quelques tirs de mitraillette. Mais, par rapport à ce qu’on a connu aujourd’hui, c’est vrai qu’on peut dire qu’il y a une accalmie en cette fin de journée.
Alors ce que l’on peut dire, c’est que les rebelles sont toujours présents en ville. Ils ont été vus dans différents endroits de la capitale. On sait aussi que le président Deby est toujours dans son palais présidentiel avec une partie de l’armée tchadienne. Que l’armée tchadienne est aussi dans d’autres points de la ville. Ce qui explique le fait qu’il y ait eu des combats qu’on entendait dans différentes directions, un peu vers le sud, mais aussi vers l’aéroport. Donc, cela crée une forme de confusion.
Ce matin, les rebelles ont fait une très grande percée, jusqu’à la présidence. Ils ont, un temps, encerclé le palais présidentiel. Ensuite, cela a été la contre-offensive gouvernementale à la mi-journée qui a tenté de repousser les rebelles et donc de desserrer l’étau qui entourait la présidence.
Dans la soirée, l'agence de presse officielle libyenne Jana a annoncé que l'un des chefs rebelles tchadiens, Mahamat Nouri, avait accepté un cessez-le feu alors que ses hommes sont entrés dans Ndjamena samedi matin. Cet accord aurait été obtenu grâce à la médiation du colonel Kadhafi. Aucune confirmation de cette information n'a été obtenue de source indépendante. Mahamat Nouri doit, de toute façon, en discuter avec les autres chefs rebelles.
Un bilan difficile à faire
En cette fin de journée, il est assez difficile de tirer des conclusions. On peut dire, en tout cas, que cela a été très destructeur et très meurtrier. Il y a des dizaines, voire des centaines de blessés. Mais, avec la confusion qui règne actuellement dans la ville, c’est assez difficile de faire un bilan de cette première journée de combats dans les rues de Ndjamena.
Il y a eu des rapports parlant de pillages un peu partout en ville. C’est vraiment la crainte de tous les habitants, surtout cette nuit. Les pillards s’aventurent dans tous les quartiers pour commencer à voler dans les maisons. Il y en a déjà eu à la mi-journée et cela s'ajoute à la confusion générale qui a régné aujourd'hui.
L’évacuation des ressortissants va se faire de manière très lente. Il faut se rendre compte qu’il y a toujours ces échanges de tirs en ville, ce qui ralentit de fait l’évacuation. Donc, il y a des convois de l’armée française qui sont partis de la base Epervier au nord de la ville. Ils étaient sécurisés par les hélicoptères de l’armée française, qui ont patrouillé autour de ces convois pour s’assurer qu’ils ne seraient pas attaqués. Ils se sont rendus dans différents points de ralliement en ville.
En plus des deux principaux hôtels du centre de la capitale tchadienne, il y a trois points de ralliement. Les blindés français viennent d'abord chercher leurs ressortissants pour les ramener à la base, les emmener à Libreville, et les rapatrier probablement en France.
La première rotation a eu lieu vers 21 H TU. Un avion français a décollé de Ndjamena pour Libreville avec, à son bord, 75 ressortissants étrangers. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a annoncé que les personnes évacuées devraient ensuite poursuivre leur voyage vers Paris à bord d’un Boeing 777 affrété par la France. Le ministre a, par ailleurs, affirmé que la France reste « neutre » dans les combats actuels. Les accords de défense entre la France et le Tchad prévoient un appui logistique et de renseignement, mais pas un soutien militaire direct.
Selon l’état-major des armées françaises, 150 soldats français sont arrivés samedi matin de Libreville, ce qui porte à 1 450 le nombre de soldats français présents au Tchad.
L’Onu a commencé à évacuer son personnel de la capitale tchadienne. L’ambassade américaine a fait de même pour une partie de ses employés ainsi que pour leurs familles.
Le déploiement de l’Eufor contrarié
L'Union européenne affiche, pour l'instant, la plus grande prudence quant aux événements de Ndjamena. La porte-parole de Javier Solana, Haut-représentant pour la politique extérieure de l'Union, a affirmé ce samedi que les Etats membres de l'Union étaient en train de coordonner leur action.
De son côté, la force européenne Eufor-Tchad-RCA est toujours entre parenthèses. Depuis l'annulation de l'arrivée, vendredi, de 54 militaires irlandais et d'un avion autrichien, le déploiement est stoppé. Le général de corps d'armée irlandais Patrick Nash qui chapeaute l'opération depuis le quartier général de l'Eufor au Mont Valérien, près de Paris, a toujours refusé de jouer avec la sécurité de ses hommes, et la rébellion ne fera pas sortir l'Eufor de son mandat : «Nous avons une mission très claire : si les rebelles n'interfèrent pas avec nos opérations, alors ce n'est pas nos affaires. Leurs agissements envers le gouvernement tchadien ne nous regardent pas. L'opération Eufor-Tchad-RCA sera menée de manière neutre, impartiale et indépendante».
Le lieutenant-colonel Philippe de Cussac, officier d'information au quartier général de l'opération, précisait ce samedi que l'Eufor attendait d'avoir une lecture plus claire de la situation avant de se décider à poursuivre son déploiement dans l'Est du Tchad.
Audios
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