par Stefanie Schüler
Article publié le 04/02/2008 Dernière mise à jour le 05/02/2008 à 01:37 TU
Dans l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis, 36% des 36,5 millions d’habitants sont d’origine hispanique. Si leurs sympathies politiques se reportent plutôt sur le Parti démocrate, les électeurs latinos sont également très courtisés par les républicains. Lors du Super Tuesday, ce mardi, leur vote pourrait être décisif pour les candidats toujours en lice dans la course à la Maison Blanche.
Les Hispaniques compteront beaucoup dans cette élection. Ils avaient déjà montré leur force, ici à Los Angeles, en arrêtant de travailler le 1er mai 2006.
(Photo: Flickr.com)
« Pour la citoyenneté, c’est l’heure », tel était le slogan d’une vaste campagne, lancée l’année dernière par plusieurs médias hispanophones. Elle avait pour but d’inciter la population d’origine hispanique à se faire naturaliser pour pouvoir voter à la présidentielle de novembre prochain. Durant les derniers mois, cette campagne a été victime de son propre succès : des huit millions de Latinos, qui détiennent le précieux permis de travail (la « green card » ndlr) et qui sont donc des résidents légaux aux Etats-Unis, seulement 1,2 million ont demandé la nationalité américaine. Les services de l’immigration sont littéralement noyés dans une mare de dossiers. Au début de l’année, les autorités ont déjà fait savoir qu’elles seront dans l’incapacité technique de fournir à chaque requérant ses papiers avant l’échéance électorale.
S’il demeure une incertitude sur le nombre exact des électeurs hispaniques qui participeront au scrutin, il est néanmoins clair que leur vote pourra faire la différence dans une course à la Maison Blanche qui s’annonce très serrée. C’est particulièrement vrai en Californie. Le « sunshine-state » n’est pas seulement l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis, il compte la plus grande population hispanique. Par ailleurs, la Californie envoie le plus grand nombre de délégués des deux partis aux Congrès : 370 pour les démocrates et 170 pour les républicains.
Course serrée entre Clinton et Obama chez les démocrates
Environ trois-quarts de la population hispanique en Californie reportent leur sympathie politique sur le Parti démocrate. Il n’est donc pas étonnant, que les deux rivaux de ce camp, Hillary Clinton et Barack Obama, ont dépensé chacun plus de 300 000 dollars rien qu’en spots publicitaires sur Univision, l’une des principales chaînes de télévision hispanique.
L’ancien Première dame bénéficie avant tout de l’excellente réputation dont joui son mari, Bill Clinton. Ce dernier avait notamment nommé des Hispaniques à son cabinet, comme Henry Cisneros, devenu secrétaire d’Etat au Logement sous l’administration Clinton. « Hillary Clinton est là depuis longtemps via le président Clinton, elle a fait davantage d’efforts pour faire campagne chez les Hispaniques et elle est davantage soutenue par l’élite latino, comme le maire de Los Angeles, Antonio Villaraigosa », estime Louis de Sipio, professeur de sciences politiques à l’université d’Irvine en Californie.
Pour Barack Obama, en revanche, la tâche s’annonce apparemment plus difficile. Les analystes sont par exemple d’avis divers concernant l’influence des rapports traditionnellement tendus entre les communautés afro-américaines et hispaniques. Certains observateurs pensent qu’il sera compliqué pour le sénateur métis d’Illinois de séduire la population latino, qui lui reproche d’être plus proche de la communauté afro-américaine. C’est aussi pour cette raison, que Barack Obama a parlé de « réduire le clivage entre Noirs et Bruns » lors du débat démocrate du 31 janvier à Los Angeles. Mais le candidat à l’investiture compte surtout sur le vote des électeurs californiens non affiliés à un parti, mais qui ont le droit de se prononcer dans la primaire démocrate : ils sont tout de même 3 millions.
Jusqu’au scrutin du Super Tuesday le suspens est à son comble. Selon une enquête Reuters/C-SPAN/Zogby du week-end dernier et à la grande surprise générale, Barack Obama remporterait les primaires démocrates en Californie avec 46% contre 40% pour Hillary Clinton. Mais selon le même sondage, 9% des sondés restaient indécis.
Chez les républicains, McCain devrait s’affirmer
Côté républicain, les votes latinos devraient surtout se reporter sur le désormais grand favori à l’investiture, John McCain. C’est avant tout son opposition à la ligne dure de son parti en matière d’immigration qui lui vaut sa popularité parmi la minorité hispanique.
Si la Californie fut autrefois un bastion traditionnellement républicain, l’Etat a basculé dans le camp démocrate au début des années 1990. Mais les candidats à la Maison Blanche le savent : avec les électeurs californiens, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. En 2000 et 2004, ils avaient voté pour George W. Bush.