Turquie
Le voile entre à l'université
Article publié le 09/02/2008 Dernière mise à jour le 10/02/2008 à 02:36 TU
Les parlementaires turcs viennent d'approuver définitivement la loi qui autorise le port du voile islamique à l'université. Cela ne convient pas à ceux qui sont viscéralement attachés à la laïcitié de la Turquie. Ils sont donc descendus à nouveau dans les rues d'Ankara la capitale, ce samedi, mobilisés par plus de 70 ONG et les syndicats. Les manifestants brandissaient des drapeaux turcs ou des portraits du père de la Turquie moderne, Mustapha Kemal Atatürk.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi 9 février à Ankara, pour le 2e fois en 8 jours.
(Photo : AFP)
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Des milliers, des dizaines de milliers de femmes, comme le week-end dernier d’ailleurs, s'étaient réunies dans les rues de la capitale Ankara, au moment même où le Parlement achèvait ses procédures de vote. Il y avait bien entendu des milliers de drapeaux rouges et aussi, beaucoup de portraits d’Atatürk.
Les femmes du camp laïc faisaient là en quelque sorte un baroud d’honneur, pour tenter d’empêcher l’inéluctable, c'est-à-dire le vote très large qui a conduit à l’adoption de cette loi autorisant les jeunes filles à aller à l'université la tête couverte et qui constitue une petite révolution dans ce pays laïc.
Hélène Flautre
Députée du groupe des Verts au Parlement européen
« Il ne faudrait pas que ce droit se transforme en insulte sous la pression du voisinage pour celles qui ne souhaitent pas porter le voile et c’est ça le problème ».
Avant l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, il y a bien entendu, la promulgation du président de la République, dont la femme – il faut le rappeler – est elle-même voilée. Cette promulgation donc, ne devrait pas créer de problèmes.
Il y a bien entendu par la suite, la publication au Journal officiel et c’est a priori, à la rentrée universitaire prochaine, donc en septembre-octobre, que les femmes voilées pourront entrer à l’université.
Mais auparavant, l’opposition a promis de contester cette loi, cet amendement constitutionnel, devant la Cour constitutionnelle justement. Mais aussi, elle appelle les recteurs d’université ainsi que les professeurs à une désobéissance civile, c'est-à-dire tout clairement, tout simplement, à refuser les jeunes filles voilées dans leur enceinte.
