par Léa Lankoandé
Article publié le 11/02/2008 Dernière mise à jour le 11/02/2008 à 17:18 TU
Les démocrates américains semblent de plus en plus convaincus par Barack Obama comme cette petite fille de l'Etat de Virginie.
(Photo : Reuters)
« Les gens veulent tourner la page, a déclaré Barack Obama samedi soir lors d'un meeting en Virginie devant 6 000 personnes. Ils veulent écrire un nouveau chapitre dans l'histoire américaine. Et aujourd'hui les électeurs, depuis la côte Ouest jusqu'à celle du Golfe du Mexique en passant par le cœur de l'Amérique se sont levés et ont dit ˝Oui, nous le pouvons˝ ».
Barack Obama s'est en effet imposé dans des Etats très différents lors des cinq primaires organisées ce week-end. Samedi, il a remporté les caucus (scrutin réservés aux militants de chaque parti) de l'Etat de Washington, qui représente 78 délégués attribués proportionnellement. Cet Etat pourtant très féminin est gouverné par une femme et compte deux sénatrices. En Louisiane (sud) et au Nebraska (centre), il s'est également imposé samedi face à Hillary Clinton. Dimanche, le sénateur de l'Illinois a continué sur sa lancée en remportant quinze des vingt-quatre délégués en jeu dans l'Etat du Maine.
Un avantage avant les « primaires du Potomac »
Fort de ses victoires successives, le sénateur noir a devancé pour la première fois sa rivale démocrate dimanche en nombre de délégués acquis. Ce vaste mouvement lui aura permis de largement dépasser les attentes de ses supporters. François Durpaire, chercheur et historien, co-auteur de « L'Amérique de Barack Obama » explique les raisons de ce succès : « On connaissait mal Obama. En Californie, par exemple, on a vu que les gens qui s'étaient décidés assez tardivement avaient plutôt voté Barack Obama. En revanche, ceux qui ont voté de manière anticipée, comme c'est possible de le faire aux Etats-Unis, avaient voté Hillary Clinton. Le temps joue en sa faveur. »
Barack Obama prend ainsi l'avantage avant les « primaires du Potomac », qui auront lieu ce mardi. Elles mettent en jeu l'Etat de Virginie (83 délégués), du Maryland (70) et la capitale fédérale Washington (15). Selon un sondage du site politique indépendant RealClearpolitics dimanche, le sénateur noir est crédité d'une avance moyenne de 17 points sur Hillary Clinton dans les intentions de vote en Virginie. Il semble également avoir l'avantage dans le Maryland et à Washington où vit une importante communauté noire. Barack Obama devrait enfin l'emporter lors des primaires démocrates du 19 février à Hawaï. Une date importante pour lui - même si l'Etat représente peu de délégués - puisqu'il est né dans cette île du Pacifique.
« Hillary Clinton sera face à la nécessité de ne pas perdre »
Grande favorite au début de la campagne à l'investiture démocrate, Hillay Clinton se voit devancée par son challenger. Elle rencontre des difficultés successives dans cette campagne. Après les revers du week-end, elle a décidé de changer sa directrice de campagne. Maggie Williams, conseillère de longue date de l'ex-Première dame, succède ainsi à Patti Solis Doyle qui aurait dépensé trop d'argent pour trop peu de résultats. Hillary Clinton tente de minimiser cet événement, néanmoins ce remaniement « ne peut pas être un bon signe », souligne Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie. « Toute la donne est en train de changer, mais ce n'est pas fini ».
La semaine dernière, Hillary Clinton avait également avoué avoir fait un emprunt personnel de cinq millions de dollars, alors que Barack Obama annonçait disposer d'un nombre de donateurs suffisant pour terminer sa campagne. Mais la course à l'investiture n'est pas près de s'achever et Hillary Clinton ne s'avoue pas vaincue : « Je suis candidate à la présidence parce que je crois et je sais que je peux le faire », a-t-elle déclaré dans un meeting en Virginie.
Elle devra se reprendre lors des primaires du 4 mars, si les élections de février s'avèrent favorables à Barack Obama. Ce jour-là, ce sera notamment au tour des gros Etats du Texas et de l'Ohio, plutôt favorables à Hillary Clinton, de se prononcer sur leur candidat. « On aura là une échéance importante. Parce qu'une nouvelle fois, Hillary Clinton sera face à la nécessité de ne pas perdre », souligne François Durpaire.
Des enjeux forts à venir
La campagne des primaires se poursuit entre les candidats démocrates qui se trouvent à mi-course. Les scrutins à venir restent des enjeux forts et seront déterminants pour désigner le candidat démocrate qui a besoin des voix d'au moins 2025 des 4049 délégués. Pour le moment, Barack Obama devancerait Hillary Clinton de seulement quelques délégués.
De plus, 796 « super délégués » restent libres de leur choix jusqu'à la convention. «Les super délégués, c'est-à-dire les cadres du parti, sont plutôt en faveur d'Hillary Clinton, explique François Durpaire. Si on a une victoire qui se joue cet été, le rôle des cadres du parti pourrait être important. Ces cadres semblent acquis pour le moment à Hillary Clinton. Mais il n'est pas sûr qu'ils ne changent pas d'avis. Ce qui pourrait les faire bouger, c'est le fait que Barack Obama a plus de chances de gagner contre McCain que Hillary Clinton. »