Article publié le 16/02/2008 Dernière mise à jour le 16/02/2008 à 09:57 TU
14 août 1947 : Indépendance du Pakistan Les Britanniques divise leur ancienne colonie, l’Empire des Indes, en deux États distincts : un Etat majoritairement hindou (l’Inde) et un Etat musulman (le Pakistan). Les deux Etats indépendants deviennent membres du Commonwealth. Le Pakistan est divisé en deux régions, distantes de 1 700 km : le Pakistan oriental, qui deviendra le Bangladesh (26 mars 1971) et le Pakistan occidental composé du Sindh, du Pendjab occidental et du Baloutchistan. Cette partition du territoire sur une base confessionnelle, entraîne un exode massif sur fond de violences meurtrières, huit millions d’hindous et de sikhs quittent le Pendjab et six millions de musulmans rejoignent le Pakistan. Le 26 octobre 1947, le maharaja hindu du Jammu-et-Cachemire rattache son Etat à l'Inde, alors que la majorité des habitants est musulmane. C’est le début du litige entre le Pakistan et l’Inde, et aujourd’hui encore le Cachemire est délimité par une ligne de cessez-le-feu. Muhammad Ali Jinnah, appelé Qaid-i-Azam (Lumière de la Nation), devient Gouverneur général du nouvel État (il décède un an après), son Premier ministre est Liaquat Ali Khan (assassiné le 16 octobre1951). 1947–1949 : Première guerre indo-pakistanaise au sujet du Cachemire. L’Onu intervient, proclame le cessez-le-feu et définit une «ligne de contrôle» entre l'Azad-Cachemire pakistanais et le Jammu-Cachemire indien. L’accord prévoit également que le Jammu-et-Cachemire, administré par l'Inde, se prononce par référendum sur son rattachement à l'un ou l'autre des deux États, mais l'Inde n'organisera jamais cette consultation. |
23 mars 1956 : Le Pakistan adopte une Constitution et devient la première République islamique au monde. Le pays est dirigé par le général Iskandar Mirza. En 1958, il abroge la Constitution et proclame la loi martiale.
28 octobre 1958 : Coup d‘Etat du général Ayyub Khan, Iskandar Mirza est contraint à l’exil. En 1962, une nouvelle Constitution est adoptée, elle institue deux langues officielles, le bengali et l’ourdou, et accorde des pouvoirs plus vastes au président de la République. Islamabad devient la capitale nationale et Dacca, au Pakistan oriental, la capitale législative.
1965 : Deuxième guerre indo-pakistanaise au sujet du Cachemire. Mars 1969 : Le président Ayub Khan démissionne après de terribles émeutes dans le pays et transmet le pouvoir au général Muhammad Yahya Khan qui décrète à nouveau la loi martiale.26 mars 1971 : Troisème guerre indo-pakistanaise, des milliers de Bengalis sont tués par l'armée pakistanaise. Le 17 avril est proclamée la République populaire du Bangladesh, c'est une défaite humiliante pour l'armée pakistanaise. Ayub Khan démissionne de ses fonctions de président au bénéfice de Zulfikar Ali Bhutto. Dès 1972, Zulfikar Ali Bhutto entame d'importantes réformes : nationalisations des principales industries, des banques, des universités. Le Pakistan quitte le Commonweath.
1973 : Adoption d'une nouvelle Constitution, la fonction de président devient honorifique, le pouvoir exécutif appartient au Premier ministre. Choudhoury Fasal Elahi devient le nouveau président, Zulfikar Ali Bhutto Premier ministre.
7 mars 1977 : Premières élections législatives démocratiques, le Parti du peuple pakistanais remporte le scrutin, l'opposition conteste les résultats, de violentes manifestations éclatent dans le pays.
Le 5 juillet 1977, le général Mohammad Zia ul-Haq renverse le Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto. Il devient président en septembre 1978 et fait exécuter Ali Bhutto par pendaison en 1979. C’est sous le régime militaire du général Zia (1977-1988) que le Pakistan connaît une véritable islamisation, il fait de l’application de la charia sa priorité principale pendant ces onze ans de dictature.
1988 : Mort de Zia ul-Haq, le 17 août, dans un accident d'avion. Le président Ghulam Ishaq Khan nomme Benazir Bhutto, 37 ans, fille de l'ancien président, Premier ministre, à la suite de la victoire de son parti, le Parti du peuple pakistanais (PPP), aux législatives. |
Entre 1990 et 1999 Benazir Bhutto (1988-1990, 1993-1997) et Nawaz Sharif (1990-1993, 1997-1999), leader de l'Alliance démocratique islamique, se succèdent à la tête du gouvernement.
Premier ministre
« C'est très dur de diriger un pays quand on essaie de vous faire tomber. Il y a eu toute une stratégie pour me faire tomber, le président a plus agi en tant que leader de l'opposition qu'en chef d'Etat. »
1998 mai 1998 : L'Inde et le Pakistan procèdent à une série d’essais nucléaires souterrains. Les deux pays remettent en cause le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1968.
Avril 1999 : Benazir Bhutto et son mari sont condamnés pour corruption à cinq années de prison. Se trouvant hors du pays au moment du verdict, l'ex-Premier ministre choisit de s'exiler à Dubaï.
12 octobre 1999 : Coup d'Etat du Général Pervez Musharraf
Le général Pervez Musharraf, chef d'état-major renverse le gouvernement de Nawaz Sharif. La Cour suprême légalise le coup d’Etat en mai 2000. Nawaz Sharif, condamné à la prison à vie pour fraude fiscale et corruption en avril 2000, est finalement gracié en décembre et s’exile en Arabie Saoudite. Le Pakistan est suspendu du Commonwealth. |
« L'état d'urgence a été décrété dans tout le Pakistan et le général Pervez Musharraf, le chef d'état-major des armées, à l'origine du coup d'Etat s'est adjugé tous les pouvoirs exécutifs. »
15-16 juillet 2001 : Les négociations sur le Cachemire entre Pervez Musharraf et le Premier ministre indien, A. B. Vajpayee, à Agra en Inde, échouent.
Président du Pakistan
« Les pays musulmans ont voté la résolution de l'ONU pour coopérer contre le terrorisme ce qui montre qu'ils participent à cette lutte. »
30 avril 2002 : Pervez Musharraf est réélu pour cinq ans, il remporte, avec 97,5% des suffrages, un référendum contesté. En août, une réforme constitutionnelle accorde au président le droit de dissoudre le Parlement.
10 octobre 2002 : La Ligue musulmane pakistanaise-Quaid (proche du régime) remporte les élections législatives et obtient 103 sièges. Le Parti populaire pakistanais, de Benazir Bhutto, remporte 80 sièges, et la coalition de six partis islamiques, Muttahida Majlis-e-Amal (MMA), 59 sièges.
Janvier 2004 : Pervez Musharraf et le premier ministre indien, A. B. Vakpayee, se rencontrent en marge du 12e sommet de l'Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale, à Islamabad. Les deux pays annoncent la reprise du dialogue.
22 mai 2004 : Le Pakistan est réintégré au sein du Commonwealth au vu «des progrès faits dans la restauration de la démocratie» et de la reprise du dialogue avec l’Inde au sujet du Cachemire.
Octobre 2004 : Une loi permet de cumuler la fonction de président et de chef des armées.
6-8 août 2005 : Le Pakistan et l'Inde signent un accord nucléaire. Chaque pays s'engage à prévenir l'autre avant tout tir d'essai de missile balistique.
9 mars 2007 : Pervez Musharraf limoge le président de la Cour suprême, Mohammad Iftikhar Chaudhry, accusé de mauvaise conduite et d’abus de pouvoir, ce qui déclenche un mouvement de protestation. Le juge avait statué que Pervez Musharraf ne pouvait se représenter à l’élection présidentielle de 2007 s’il restait chef des armées. D’importantes manifestations ont lieu dans tout le pays pour demander le départ de Pervez Muscharraf et l'organisation d'élections démocratiques. |
20 juillet 2007 : La Cour suprême rétablit le juge Chaudhry dans ses fonctions. Ce dernier engage des négociations secrètes avec Bénazir Bhutto, en vue d’un partage éventuel du pouvoir après les élections législatives prévues fin 2007-début 2008.
10 Septembre 2007 : Nawaz Sharif est renvoyé en exil dès son arrivée au Pakistan. La Cour suprême avait autorisée son retour le 23 août.
28 septembre 2007 : La Cour suprême pakistanaise juge recevable la candidature du général Musharraf à l’élection présidentielle du 6 octobre. Dès le lendemain, les manifestations des avocats sont sévèrement réprimées. 2 octobre 2007 : Pervez Musharraf désigne son successeur à la tête de l’Armée, Ashfaq Pervez Kiani, ancien chef des services de renseignements pakistanais. C'est aussi le jour qu'ont choisi 85 députés de l'opposition pour démissionner en signe de protestation contre la candidature de Musharraf. Le gouvernement annonce aussi l'abandon des poursuites pour corruption à l'encontre de Benazir Bhutto.
5 octobre 2007 : La Cour suprême autorise l'élection présidentielle mais interdit la proclamation des résultats avant son jugement sur la validité de la candidature de Pervez Musharraf en tant que chef de l'Armée. Pervez Musharraf signe un décret d'amnistie qui marque l'abandon des poursuites pour corruption à l'encontre de l'ex-premier ministre Benazir Bhutto.
6 octobre 2007 : Pervez Musharraf est réélu président par le Parlement fédéral mais les résultats officiels ne peuvent pas être proclamés avant un jugement de la Cour suprême sur son éligibilité. L'ex-Premier ministre en exil Benazir Bhutto et le président Pervez Musharraf ont trouvé un accord sur un partage du pouvoir après la présidentielle.
18 octobre 2007 : Après plus de huit ans d'exil entre Londres et Dubaï, Benazir Bhutto rentre au Pakistan. Un attentat contre son cortège fait 140 morts et 400 blessés.
Notre article : Un massacre pour accueillir Bhutto
ex-Premier ministre
« Des menaces ont été faites pas seulement contre moi, mais contre tous les gens du Pakistan [...] Ces menaces ont été faites par des militants afghans, des militants arabes, des militants de la Mosquée rouge. »
7 novembre 2007 : Benazir Bhutto appelle les Pakistanais à manifester contre l’état d’urgence. Elle est assignée à résidence. Le meeting de son parti, le PPP, prévu le 12 novembre est interdit en raison de l’état d’urgence. Les négociations pour un éventuel partage du pouvoir entamées avec le président Pervez Musharraf sont définitivement rompues. Le 16 novembre, les autorités pakistanaises lèvent son assignation à résidence.
13 novembre 2007 : Benazir Bhutto propose à son ancien rival, en exil, Nawaz Sharif, de former avec elle une nouvelle alliance contre le président Musharraf.
22 novembre 2007 : La Cour suprême remodelée avec des juges favorables au pouvoir valide l’élection de Musharraf à la présidence. La Ccommission électorale du Pakistan valide l'élection du général-président Pervez Musharraf pour un mandat de cinq ans. Le 27 novembre, il renonce à ses fonctions de chef des armées.25 novembre 2007 : L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, leader de la Ligue musulmane rentre au Pakistan après sept ans d'exil.
Notre article : Nawaz Sharif «il n'y a aucun accord avec Musharraf»
« Nous n'avons pas l'intention de former une alliance électorale avec le Parti du peuple pakistanais, mais nous sommes en contact. »
15 décembre 2007 : Pervez Musharraf lève l'état d'urgence à la veille du début officiel de la campagne électorale pour les législatives du 8 janvier.
27 décembre 2007
Benazir Bhutto est tuée dans un attentat-suicide lors d’un meeting électoral à Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad. Ses partisans manifestent leur colère, des émeutes éclatent dans les grandes villes pakistanaises. Baïtullah Mehsud, le chef présumé d'al-Qaïda au Pakistan, dément avoir fait tuer Benazir Bhutto. Notre article : Benazir Bhutto tuée dans un attentat |
30 décembre 2007 : Le fils de Benazir Bhutto, Bilawal, lui succède à la présidence du Parti du Peuple Pakistanais (PPP), son époux devient vice-président.
1 janvier 2008 : Le Pakistan est favorable à une assistance étrangère dans l'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto.
2 janvier 2008 : Pervez Musharraf lance un appel à « l’unité nationale » contre le « terrorisme et l’extrémisme ». La Commission électorale annonce le report des élections législatives au 18 février.
4 janvier 2008 : Six policiers britanniques de Scotland Yard arrivent à Ismalabad pour enquêter sur l’assassinat de Benazir Bhutto. Le président pakistanais avait formellement sollicité l'assistance de la police criminelle britannique pour faire taire les accusations lancées contre ses services secrets. Un adolescent âgé de 15 ans soupçonné d'avoir participé avec quatre hommes à l'attentat est arrêté le 19 janvier. Deux autres suspects sont arrêtés le 7 février.
21 janvier 2008 : Visite de Pervez Musharraf en Europe, notamment à Bruxelles, à Paris, au forum de Davos et à Londres. Il veut convaincre la communauté internationale qu'il tient encore en mains les affaires de son pays.
6 février 2008 : Le Parti du peuple pakistanais (PPP) rend public les dernières volontés de l'ex-leader de l'opposition pakistanaise Benazir Bhutto. Le testament désigne son mari, Asif Ali Zardari, à la tête du parti du peuple pakistanais, le PPP avait désigné Asif Ali Zardari comme co-président avec son fils, Bilawal Bhutto, âgé de 19 ans, quelques jours après la mort de Benazir Bhutto.
7 février 2008 : Scotland Yard remet son rapport sur les circonstances de la mort de Benazir Bhutto : elle n'a pas été tuée par balle mais par un choc à la tête dû au souffle de la bombe. Le rapport suscite la polémique. Notre article : Affaire Bhutto : le rapport de Scotland Yard divise
9 février 2008 : Les Etats-Unis soupçonnent le Pakistan d’abriter sur son territoire des responsables du réseau al-Qaïda ainsi que des anciens dirigeants talibans afghans. Le 1er février, Abou al-Libi, chef d'al-Qaïda en Afghanistan qui passait pour l'un des six principaux lieutenants d'Oussama ben Laden, est tué lors d'un tir de missile américain dans les zones tribales.
10 février 2008 : Un attentat lors d'un rassemblement électoral d'un petit parti d'opposition, l'Awami National Party, près de Peshawar tue 25 personnes.
17 février 2008 : Un attentat dans la ville de Parachinar, située dans l’une des sept zones tribales, lors d’un rassemblement du Parti du peuple pakistanais, le parti de Benazir Bhutto, fait 39 morts.
18 février 2008 : Elections législatives et provinciales. Les partis d'opposition, le Parti populaire pakistanais et la Ligue musulmane de Nawaz Sharif remportent le scrutin. C'est une défaite cuisante pour Pervez Musharraf, qui a annoncé qu'il ne démissionnerait pas.
Réalisation Latifa Mouaoued / Documentation écrite et sonore de RFI