Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique des matières premières

La question de l’alimentation au cœur de la crise porcine

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Produire du porc dans l’Ontario est devenu si peu rentable que les éleveurs ne se donnent même plus la peine d’aller à l’abattoir, ils offrent leurs animaux à ceux qui viennent les chercher à la ferme. Le Canada est sans doute le pays où la crise porcine a pris le tour le plus dramatique, conduisant les éleveurs à liquider massivement leur cheptel. Affaibli sur le marché export par la robustesse de leur monnaie, ils ont été étrillés par la flambée des céréales et des oléagineux. Ici comme ailleurs, elle a fait grimper le prix de l’alimentation animale de 70%. Un surcoût trop lourd à porter, puisque la nourriture représente les trois quart des coûts de production du cochon.

En France produire un kilo de porc coûte 1,50 euro alors qu’il se vend 1,20 euro. Quelques éleveurs ont déjà déposé le bilan, la plupart survivent en empruntant. Ils n’ont pas encore répercuté la hausse de leurs coûts, en revanche, ils dépensent tous les jours un peu plus pour nourrir les cochons qu’ils enverront à l’abattoir à l’automne. A ce moment-là, le marché devrait connaître une embellie suite aux liquidations en cours au Canada, mais aussi en Pologne, en Allemagne ou aux Pays-Bas. Pour parer au plus pressé et trouver la trésorerie manquante, les Français ont envoyé plus de bêtes à l’abattage en janvier. Les aides de Bruxelles à l’export ont permis de limiter la casse en empêchant la dégringolade des cours mais cela ne suffit pas.

Aujourd’hui, la vraie question qui taraude les éleveurs concerne les moyens de baisser leurs coûts de production. Ils envisagent, par exemple, de nourrir leurs cochons au maïs OGM meilleur marché que le conventionnel à l’instar de leurs homologues espagnols mais celui-ci a trop mauvaise presse dans l’Hexagone pour que les fabricants de nourriture ne se risquent à le proposer. Les éleveurs aimeraient bien aussi incorporer des graisses animales comme le font leurs concurrents allemands ou danois, mais c’est interdit depuis la crise de la vache folle. En bref, ils souhaiteraient être à armes égales avec leurs concurrents européens ou américains.


par Dominique  Baillard

[21/02/2008]

Chronique des matières premières : les précédent(e)s








Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense