Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Colombie/France

Bernard Kouchner pour l’internationalisation de la crise des otages

par Caroline Langlois

Article publié le 21/02/2008 Dernière mise à jour le 21/02/2008 à 22:38 TU

Alvaro Uribe (g) et Bernard Kouchner, le 21 février 2008, à Bogota.(Photo : Reuters)

Alvaro Uribe (g) et Bernard Kouchner, le 21 février 2008, à Bogota.
(Photo : Reuters)

Le chef de la diplomatie française a plaidé jeudi à Bogota pour une plus grande internationalisation de la crise des otages auprès du président colombien Alvaro Uribe. Selon Bernard Kouchner, la création d’un groupe de pays pour assurer la médiation avec les FARC permettrait de faire avancer le processus de libération des otages.

La solution au problème des otages en Colombie est internationale. C’est ce qu’a plaidé le ministre français des Affaires étrangères auprès du président colombien Uribe, jeudi à Bogota. En déplacement au Venezuela mercredi, et en Colombie jeudi, Bernard Kouchner tente de peser dans le processus de libération des otages à la veille du sixième anniversaire de la détention d’Ingrid Betancourt par les FARC.

C’est donc l’idée d’un groupe de pays d’Amérique latine et d’Europe, réunis pour assurer la médiation avec la guérilla colombienne, que le chef de la diplomatie française a défendu lors de son entretien avec Alvaro Uribe.

Pour le ministre français,  « ce groupe donnerait une signification un peu plus internationale aux démarches et permettrait peut-être d’aller plus loin » dans la libération des otages.

La France est consciente, toutefois, de la difficulté de convaincre le président colombien de donner son feu vert à une démarche qui revient à accorder une certaine reconnaissance à la guérilla des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie. Mais cette démarche française permettrait également de ne pas rester piégé par la seule solution d’un échange humanitaire dans une zone démilitarisée, ce que Bogota refuse pour l’instant.

Mercredi, Kouchner et Chavez s’étaient entretenus sur cette possibilité. Pour le président vénézuélien, c’est à cette condition que de nouvelles libérations « unilatérales » seront possibles. Le président Uribe sait par ailleurs que les FARC ont rejeté toute médiation de l’église catholique.

Un quatrième otage libéré

A la fin de l’entretien avec Hugo Chavez à Caracas, le ministre français des Affaires étrangères avait annoncé qu’un quatrième otage pourrait être libéré dans les semaines à venir. Cet homme - un parlementaire selon Kouchner - devrait s’ajouter aux noms de Gloria Polanco, Luis Eladio Perez et Orlando Beltran, anciens parlementaires eux aussi, et dont la libération a été annoncée par les FARC le 31 janvier dernier.

Il  pourrait s’agir de Jorge Eduardo Gechem, enlevé par la guérilla en février 2002. Sa femme, Lucy Gechem, affirmait mercredi qu’il devrait être « le prochain » à être libéré en raison de son mauvais état de santé. Le journal colombien El Tiempo précise qu’il aurait subi sept infarctus.

« Il y a quand même quatre personnes qui sortent, dont votre papa », a déclaré jeudi Bernard Kouchner au fils de Jorge Eduardo Gechem. Lors d’une conférence de presse à l’ambassade de France, Carlos Eduardo Gechem a affirmé que les Colombiens étaient « aujourd’hui plus proches des otages », et que le président Uribe devait en tenir compte.

« Avant ils disaient : c’est un problème du gouvernement, des FARC et des gouvernements étrangers ». Leur attitude a changé selon lui, « après la diffusion des preuves de vie d’Ingrid (Betancourt) et la libération de Clara (Rojas) et de Consuelo (Gonzales) » par les guérilleros le 10 janvier dernier.

Les quatre parlementaires font partie du groupe de 43 otages dits « politiques », dont trois Américains et Ingrid Betancourt, que les FARC proposent de relâcher en échange de 500 guérilleros emprisonnés.

Médiation difficile entre Bogota et Caracas

La France espère consolider les relations tendues et précaires entre la Colombie et le Venezuela. Et la tâche s’avère difficile, au vu des relations tendues des différents protagonistes.

Il y a les FARC, d’un côté, affaiblies depuis la libération de deux otages, Clara Rojas et Consuelo Gonzales : Emmanuel, le jeune fils de Clara Rojas devait être libéré par les guérilleros en même temps que sa mère. Il avait finalement été « retrouvé » dans un orphelinat. L’affaire avait décrédibilisé les preneurs d’otages.

En face, Alvaro Uribe, en position de force dans son pays, où sa politique de répression est bien accueillie par une population lasse des exactions de la guérilla. Mais son bras de fer avec Hugo Chavez, présenté comme l’unique médiateur possible dans la libération des otages, empoisonne les relations entre le chef de l’Etat colombien et celui du Venezuela.

Pour Paris, c’est donc aussi dans l’intérêt du président Uribe de tourner la page de l’affaire des otages. Si quelque chose devait arriver à Ingrid Betancourt, aujourd’hui très affaiblie, ce dernier pourrait être tenu pour responsable s’il ne fait pas les gestes nécessaires à temps.

Visite de Bernard Kouchner en Colombie

« Deux otages ont été libérés en janvier dernier et les guérilleros ont promis au président vénézuélien d'en libérer trois autres, voire quatre a annoncé Bernard Kouchner au terme de son entretien avec Hugo Chavez. »

21/02/2008 par Marie-Eve Detoeuf