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Campagne présidentielle américaine

Le mur, enjeu de campagne au Texas

par Caroline Langlois

Article publié le 25/02/2008 Dernière mise à jour le 25/02/2008 à 20:35 TU

Le projet de mur de séparation entre les Etats-Unis et le Mexique exaspère un grand nombre de Texans. A l’approche des primaires démocrates du 4 mars dans cet Etat du sud, Washington cherche une alternative avec la haute technologie, solution moins polémique.
Le mur, dont la construction est coûteuse, pourrait laisser la place au P28, frontière virtuelle, actuellement à l'essai.(Photo : AFP)

Le mur, dont la construction est coûteuse, pourrait laisser la place au P28, frontière virtuelle, actuellement à l'essai.
(Photo : AFP)

« Il y a une façon intelligente et une façon stupide de contrôler notre frontière ». Hillary Clinton, pour qui les primaires au Texas le 4 mars pourraient bien être décisives, a entendu les inquiétudes des Texans sur la gestion de l’immigration illégale venue du Mexique.

Le projet de construction d’un mur de 1 130 kilomètres - sur les 3 220 km que compte la frontière -, acté par le Secure Fence Act de 2006, soulève de plus en plus d’indignation et de mépris dans cet Etat du sud des Etats-Unis, où le passage d’immigrés mexicains est quotidien.

Des écologistes, des agriculteurs et des élus locaux se plaignent de ce projet depuis des mois. Le Département américain de la Sécurité Intérieure a enregistré des plaintes de propriétaires expropriés de leurs terres tout au long de la frontière.

L’université du Texas, à Brownsville, pourrait même perdre l’accès à certains de ses bâtiments de l’autre côté de la frontière, et refuse l’accès aux autorités qui souhaitent mettre le campus sous surveillance.

Obama et Clinton votent pour, puis dénoncent le mur

Lors d’un débat sur CNN organisé à Dallas, les deux candidats à l’investiture démocrate sont tombés d’accord, et à bras raccourcis, sur ce projet de mur de séparation.

Pour la sénatrice de New York, cette construction « contreproductive » pourrait interférer dans les relations familiales, commerciales ou de loisirs qui rendent, selon elle, la vie à la frontière « magnifique ».

Son adversaire, Barack Obama, n’a pas cherché la contradiction. « Voilà un thème sur lequel la sénatrice Clinton et moi tombons entièrement d’accord », a-t-il déclaré. « Je pense que la clef, c’est la consultation des communautés locales, que les enjeux de la construction de ce mur soient commerciaux ou environnementaux ».

Les deux candidats sont d’accord, aujourd’hui. Ils l’étaient déjà en 2006, lorsqu’ils avaient voté en faveur – cette fois - de ce même mur, lors du vote du sénat sur le Secure Fence Act. Une contradiction soulevée par le modérateur du débat de jeudi dernier à Dallas, et écarté d’une main par la sénatrice de New York.

L’électronique, une alternative au béton

Un dispositif propose maintenant une alternative au projet de construction de ce mur. Il s’agit du P28. Ce nom barbare désigne le dispositif à l’essai à la frontière entre l’Arizona et le Mexique : 45 kilomètres de « frontière virtuelle ».

Autrement dit, une installation électronique faite de radars, de caméras infrarouges, de détecteurs et de drones. Ce dispositif, commandé à Boeing pour 20 millions de dollars, permet de distinguer un homme d’un animal à une distance de seize kilomètres, et de montrer s’il porte un sac à dos contenant des armes ou de la drogue.

Lors d’une conférence, vendredi, le secrétaire à la Sécurité Intérieure, Michael Chertoff, a annoncé que la surveillance électronique allait être renforcée sur toute la longueur de la frontière, avec des améliorations, sans pour autant écarter la possibilité de construire un mur sur certaines portions.

« J’ai personnellement constaté l’efficacité du système, et j’en ai parlé directement avec des agents de patrouille à la frontière, qui ont reconnu les résultats pour ce qui est d’identifier et d’aider à appréhender les personnes qui passent illégalement », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que l’utilisation des technologies qui seront déployées ne seront pas nécessairement les mêmes que celles du dispositif P28.

Sur les deux dernières années, deux milliards de dollars ont été débloqués pour renforcer les contrôles à la frontière. Le président Georges W. Bush a annoncé ce mois-ci un nouveau crédit de 775 millions de dollars pour l’installation de nouvelles infrastructures, et le nombre d’agents de patrouille à la frontière a doublé depuis le début de son mandat, en 2001. Ils sont aujourd’hui 15 400 et devraient atteindre les 18 000 d’ici à la fin de l’année.

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