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Arménie

Le président menace de faire appel à l’armée

Article publié le 01/03/2008 Dernière mise à jour le 02/03/2008 à 17:59 TU

Alors que samedi soir, la manifestation de l'opposition a dégénéré à Erevan après des heurts avec la police qui ont fait 8 morts, le président Robert Kotcharian a décrété l’état d'urgence et menace d’avoir recours à l’armée pour ramener le calme dans la capitale. Toute manifestation sera sévèrement réprimée, a renchéri dimanche le chef d'état-major de l'armée.

Des voitures de police en feu dans le centre d'Erevan, dans la soirée du 1er mars 2008.(Photo : Reuters)

Des voitures de police en feu dans le centre d'Erevan, dans la soirée du 1er mars 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre correspondante à Erevan, Laurence Ritter

Dès la fin de la journée de samedi, on voyait des barricades de bus dressées là par les manifestants, les plus jeunes s'équiper de barres de fer ou de bouts de bois. Un peu plus tard, d'autres groupes préparaient des cocktails molotov et défonçaient la chaussée pour s'armer de pierres.

Selon la police, c'est moins ces cocktails molotov et les projectiles divers qui auraient motivé la réplique des forces de l'ordre que le fait que certains manifestants auraient fait usage d'engins explosifs, et même peut-être d'armes à feu.

Pour le pouvoir, cette répression, autant que l'état d'urgence, les blindés sur la place de la République et l'armée déployée en ville tôt dans la matinée de dimanche, se veut un arrêt définitif à ce qu'ils dénonçaient depuis plusieurs jours comme une tentative de l'opposition de prendre le pouvoir par la force.

Partie d'échecs

Du côté de cette opposition, alors que son leader, Levon Ter-Petrossian, était toujours samedi soir assigné à résidence, il s'agissait aussi sans doute de prouver jusqu'où la rue pouvait aller.

Un scénario qui ressemble étrangement à celui des années 96 à 98 lorsque ce même Ter-Petrossian alors président avait lui aussi envoyé l'armée dans la capitale arménienne briser les manifestations qui contestaient sa réélection à la présidence.

La patiente partie d'échecs entre pouvoir et opposition qui durait depuis huit jours a viré au drame.

Impossible de dire pour l'heure si ces émeutes étaient planifiées du côté de l'opposition et si le pouvoir était décidé de son côté à réprimer au prix du sang.

Claire Delechard

Spécialiste de l'Arménie à l'International Crisis Group d'Erevan

« Les manifestants suivent les mots d'ordre qui leur ont été donnés par le candidat de l'opposition, l'ancien président, Levon Ter-Petrossian ».

écouter 2 min 46 sec

01/03/2008 par Marina Mielczarek


Récit d’une soirée d’émeutes

Enfermés à l'intérieur de leurs propres barricades formées de bus publics mis en travers des chaussées, les manifestants ont vu les premières balles traçantes siffler au-dessus d'eux vers 21h 15, heure locale.

Mais très vite, sortant de ce périmètre, au carrefour de l'artère centrale d'Erevan, de petits groupes, armés de pierres, de barres de fer et de cocktails Molotov, ont commencé à affronter les forces de l'ordre. Les camions équipés de canons à eau n'ont pas réussi à disperser les manifestants montant toujours plus nombreux à l'assaut.

Plus loin, à l'intérieur de ces barricades de fortune, plusieurs leaders de l'opposition s'exprimaient encore au micro, alors que l'émeute continuait. On déplore déjà des blessés et dans l'émeute même, les gens s'interpellent, cherchant à dresser un bilan, montrant leurs blessures. Un adolescent gravement atteint à l'œil et le crâne en sang est évacué. Un peu plus tôt, c'était un jeune de la police que les manifestants ont protégé des autres et réussi à évacuer.

Vers 22h 30, on apprenait que l'état d'urgence était déclaré, tandis que ces affrontements violents continuaient autour d'une foule toujours très importante, retranchée, quant à elle, entre les ambassades de France, d'Italie et de Russie. L.R.

Audio

Laurence Ritter

Correspondante de RFI à Erevan

« Le rassemblement autour des ambassades de Fance, d'Italie et de Russie a tourné à l'émeute. »

02/03/2008 par Laurence Ritter

Charles Urjewicz

Spécialiste du Caucase à l'Institut des Langues Orientales de Paris

« Ces foules sont composées de gens très modestes [...] On a là l'Arménie pauvre, l'Arménie oubliée, qui souffre. »

02/03/2008 par Marina Mielczarek